MACHIAVEL / Discours sur la première Décade de Tite-Live / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1952
« Alexandre le Grand voulant bâtir une ville pour servir de monument à sa gloire, l'architecte Dinostrate lui fit voir comment il pourrait la placer sur le mont Athos. "Ce lieu, dit-il, présente une situation très forte ; la montagne pourrait se tailler de manière à donner à cette ville une forme humaine, ce qui la rendrait une merveille digne de la puissance du fondateur." Alexandre lui ayant demandé : "De quoi vivront les habitants ? - Je n'y ai pas pensé", répond naïvement l'architecte. Alexandre se mit à rire ; et laissant là cette montagne, il bâtit Alexandrie, où les habitants devaient se plaire par la beauté du pays et les avantages que lui procure le voisinage de la mer et du Nil. » <I i p.382>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Un noble philosophe* a dit de l'architecture qu'elle est une musique pétrifiée, et ce mot a dû exciter plus d'un sourire d'incrédulité. Nous ne croyons pouvoir mieux reproduire cette belle pensée qu'en appelant l'architecture une musique muette. » <Pensées diverses sur l'art, p.172>
* Friedrich, baron von Hardenberg, dit Novalis (1772-1801) Poète allemand.
Jean COCTEAU / La difficulté d'être / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« C'est d'une organisation délicate de déséquilibres que l'équilibre tire son charme. Un visage parfait le démontre lorsqu'on le dédouble et qu'on le reforme de ses deux côtés gauches. Il devient grotesque. Les architectes le savaient jadis et l'on constate, en Grèce, à Versailles, à Venise, à Amsterdam, de quelles lignes asymétriques est faite la beauté de leurs édifices. Le fil à plomb tue cette beauté presque humaine. On connaît la platitude, l'ennui mortel de nos immeubles où l'homme se renonce. » <p.967>
LE CORBUSIER / Vers une architecture (1923) / Champs Flammarion 1995
« L'architecture actuelle s'occupe de la maison, de la maison ordinaire et courante pour hommes normaux et courants. Elle laisse tomber les palais. Voilà un signe des temps. » <p.I>
Philippe BOUVARD / Journal 1997-2000 / Le cherche midi éditeur 2000
« Pas étonnant qu'on se reproduise comme des lapins dans des bâtiments qui ressemblent à des clapiers. » <p.33>