MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Je dirai de l'argent ce qu'on disait de Caligula, qu'il n'y avait jamais eu un si bon esclave et un si méchant maître. » <1127 p.1289>
« L'argent est très estimable lorsqu'on le méprise. » <1129 p.1290>
Jean-Benjamin de LABORDE / Pensées et Maximes (1791) / Paris, Lamy 1802 [BnF]
« L'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître.* » <33, p.6>
* Cette citation est souvent attribuée à Alexandre Dumas fils ; elle est effectivement dans la préface de la Dame aux camélias (1848). Mais elle est beaucoup plus ancienne. On la trouve en latin dans l'oeuvre de Francis Bacon : Divitiæ bona ancilla, pessima domina. (The works of Francis Bacon t.1 / Spedding, Ellis and Heath. London 1858 / p.691 [BnF])
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Je suis brouillé avec la trésorerie, parce que je regarde l'argent comme le fumier (comme un engrais) et qu'ils le regardent comme la récolte. » <22 septembre 1813 t.2 p.404>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« On offrait à M... une place qui ne lui convenait pas ; il répondit : "Je sais qu'on vit avec de l'argent, mais je sais aussi qu'il ne faut pas vivre pour de l'argent. » <1077 p.286>
Benjamin FRANKLIN / Mélanges de Morale, d'Économie et de Politique (t.1) / Paris, J.Renouard 1826 [BnF]
« La possession de l'argent n'est avantageuse que par l'usage qu'on en fait. » <Avis nécessaire à ceux qui veulent être riche, 1736 p.108>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« Mon peu d'assurance vient de l'habitude où je suis de manquer d'argent. Quand j'en manque, je suis timide partout ; comme j'en manque souvent, cette mauvaise disposition de tirer les raisons d'être timide de tout ce que je vois est devenue presque habituelle pour moi. Il faut absolument m'en guérir ; le meilleur moyen serait d'être assez riche pour porter pendant un an au moins, chaque jour, cent louis en or sur moi. Ce poids continuel, que je saurais être d'or, détruirait la racine du mal. » <12 juillet 1804 p.96>
STENDHAL / Souvenirs d'égotisme / OEuvres intimes II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1982
« Les gens riches sont bien injustes et bien comiques lorsqu'ils se font juges dédaigneux de tous les péchés et crimes commis pour de l'argent. Voyez les effroyables bassesses et les dix ans de soins qu'ils se donnent à la cour pour un portefeuille. » <p.508>
« L'argent a son mérite, je ne trouve d'ennuyeux que les moyens de l'avoir. » <Novembre 1841, p.151>
Henry D. THOREAU / Résistance au gouvernement civil (1848) / Désobéir / Bibliothèques 10/18 (2832) Éd. de L'Herne 1994
« L'argent étouffe bon nombre de questions auxquelles, le cas échéant, on serait bien obligé de répondre, tandis qu'il ne soulève qu'une seule interrogation nouvelle, difficile et superflue, celle de savoir comment on va le dépenser. De cette façon, le fondement moral s'effondre sous nos pieds. Les occasions d'exister se voient réduites en proportion de l'augmentation de ce qu'on appelle les moyens. Lorsqu'on est devenu riche, le mieux qu'on puisse faire pour se cultiver consiste à persévérer dans les projets qu'on entretenait au temps de la pauvreté. » <p.63>
Arthur SCHOPENHAUER / Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851) / Collection Quadrige / PUF 1943
« On reproche fréquemment aux hommes de tourner leurs voeux principalement vers l'argent et de l'aimer plus que tout au monde. Pourtant il est bien naturel, presque inévitable d'aimer ce qui, pareil à un protée infatigable, est prêt à tout instant à prendre la forme de l'objet actuel de nos souhaits si mobiles ou de nos besoins si divers. Tout autre bien, en effet, ne peut satisfaire qu'un seul désir, qu'un seul besoin : les aliments ne valent que pour celui qui a faim, le vin pour le bien portant, les médicaments pour le malade, une fourrure pendant l'hiver, les femmes pour la jeunesse, etc. [...] L'argent seul est le bien absolu, car il ne pourvoit pas uniquement à un seul besoin "in concreto" mais au besoin en général, "in abstracto". » <p.32>
Anatole FRANCE / Le Mannequin d'osier (1897) / Au tournant du siècle / Omnibus 2000
« [...] l'argent est devenu honorable. C'est notre unique noblesse. Et nous n'avons détruit les autres que pour mettre à la place cette noblesse, la plus oppressive, la plus insolente et la plus puissante de toutes. » <5, p.163>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Si l'argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! » <26 décembre 1906 p.808>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« L'argent ne fait pas le bonheur. Surtout quand on en manque. » <389 - 9 août 1960 p.882>
Jean d'ORMESSON / C'était bien / folio 4077 - Gallimard 2003
« Malgré ce que soutiennent les riches, l'argent suffit à faire le bonheur des pauvres ; malgré ce que s'imaginent les pauvres, l'argent ne suffit pas à faire le bonheur des riches. » <p.93>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Faire travailler l'argent. Il y a des peuples qui crèvent dans les usines ou les catacombes noires pour velouter la gueule des vierges engendrées par des capitalistes surfins, et aussi pour que "le mystérieux sourire de la Joconde" ne leur soit pas refusé. C'est ce qui s'appelle faire travailler l'argent ! » <p.33>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« Il n'y a rien qui donne de l'assurance, et je dirais presque de l'esprit, et l'aplomb de ses propres idées, comme mille francs dans sa poche et à soi. » <5 janvier 1904 I p.99>
Sacha GUITRY / Jusqu'à nouvel ordre / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Ce qui prime tout dans la vie, c'est l'argent. Sans argent, il n'y a pas de bonheur possible, et, jusqu'à une certaine limite, l'argent fait le bonheur. Cette limite varie selon les besoins de chaque individu. Il ne faut pas manquer d'argent, et il ne faut pas en avoir beaucoup trop. Parce que ceux qui en ont beaucoup trop se le font prendre par ceux qui n'en ont pas assez - et s'ils ne se laissent pas prendre leur argent, ils deviennent odieux. C'est bien évident que Rockefeller n'est pas l'homme le plus heureux du monde parce qu'il en est le plus riche, mais il est bien évident aussi que l'homme le plus pauvre du monde est le plus malheureux de tous. » <p.15>
Sacha GUITRY / L'Esprit / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Saint Louis, vers 1260..., j'étais bien jeune à cette époque ! Saint Louis ayant établi un droit de péage à l'entrée de Paris, les charlatans, les saltimbanques, en un mot les acteurs qui avaient un singe ne payaient que 4 deniers - mais si c'était un jongleur, il jonglait, faisait quelques grimaces devant celui qui percevait l'impôt, et il en était dispensé, et c'est de là que vient l'expression : payer en monnaie de singe. » <p.282>
Sacha GUITRY / Ceux de chez nous / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« On accepte l'idée qu'un homme sans valeur peut gagner de l'argent, mais qu'un homme de valeur parvienne à s'enrichir, on ne le lui pardonne pas ! » <p.655>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« On dit que la plupart des hommes tombent en quelque sorte à genoux sur la seule mention de l'argent. Je n'ai vu rien de tel. Je vois bien que les hommes ont besoin d'argent et s'occupent premièrement à en gagner ; cela veut dire seulement que l'homme mange au moins deux fois par jour, et choses semblables. Mais un homme qui ne pense qu'à manger et à gagner, cela est rare ; c'est une sorte de monstre. Et pareillement, celui qui ne pense qu'à étendre ses affaires, et à ajouter des millions à des millions est une sorte de monstre. Quant aux opérations intellectuelles que suppose cette manie d'acquérir, elles sont tellement communes et faciles que personne ne les jugera au-dessus de soi. Où donc courent les hommes dès qu'ils sont assurés de leur pâtée ? Ils courent au stade, et ils acclament un homme fort, un homme agile, un homme courageux ; ce sont des valeurs qui ne s'achètent point, des valeurs estimées bien plus haut que l'argent. Ou bien ils vont au concert, et crient de tout leur coeur et casseraient les banquettes en l'honneur de quelque artiste ; et certes ils savent que le plus riche des hommes ne peut s'offrir cette gloire. Quant aux puissances de pur esprit, nul ne les méconnaît ; nul ne les mesure aux millions. Personne ne demande si Einstein est bien riche. » <2 janvier 1932 p.1061>
Salvador DALÍ / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« Dès mon enfance, j'ai décidé de traverser la vie en étant légèrement multimillionnaire. » <p.56>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« Mettre de l'argent de côté pour l'avoir devant soi, est, pour paradoxale qu'elle soit, une façon comme une autre d'assurer ses arrières à effet de ne pas l'avoir dans le dos. » <p.83>
« Dans notre société de consommation et d'épargne, un homme qui a de l'argent est un homme considéré. Un homme qui n'en a pas est également un homme considéré, mais lui, comme un pauvre type. » <p.84>
Léo CAMPION / Le petit Campion - Lexique encyclopédique illustré / J & R Sennac Paris 1947
« Argent : Moyen de tout avoir, sauf un ami sincère, une maîtresse désintéressée et une bonne santé. » <n.p.>
Pierre DAC / Arrière-pensées - Maximes inédites / Le cherche midi éditeur 1998
« Dédaigner l'argent, c'est faire preuve de désintéressement, surtout quand il s'agit de celui qu'on doit. » <p.142>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« L'argent ne se plaît pas chez les pauvres, qui ne le gardent jamais très longtemps, quand ils en ont un peu, alors qu'il se sent très bien chez les riches, qui peuvent l'héberger indéfiniment. C'est sans doute pourquoi, si l'on connaît des riches bien-pensants, on en voit rarement de bien-dépensants. » <p.160>
COLUCHE / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« L'argent ne fait pas le bonheur des pauvres. Ce qui est la moindre des choses. » <p.114>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« L'argent qui corrompt tout ne laisse intacte que la misère. » <p.250>