Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX / OEuvres / Art Poétique / Société des Belles Lettres 1939
« Il n'est point de Serpent, ni de Monstre odieux Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux. D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable. » <Chant III v.1-4 p.96>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Pour nous, chez qui tous les chefs-d'oeuvre n'ont d'autre destination que d'être exposés aux regards d'un petit nombre d'hommes riches et d'être emprisonnés et cachés dans les maisons des grands... » <1 août 1786 t.1 p.97>
« On peut peindre tout un visage (avec des traits) dans un espace qui n'est pas plus large qu'un ongle. Pour le décrire avec des phrases il faudrait une page entière et encore on ne parviendrait pas à en donner une idée exacte. » <28 janvier 1804 t.1 p.603>
Victor HUGO / Littérature et philosophie mêlées / Critique / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1985
« Il faut des monuments aux cités de l'homme ; autrement où serait la différence entre la ville et la fourmilière ? » <1830 p.132>
Victor HUGO / Choses vues / Histoire / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1987
« Rembrandt n'aimait pas qu'on regardât sa peinture de près. Il repoussait les gens du coude et disait : Un tableau n'est pas fait pour être flairé. » <p.625>
Gustave FLAUBERT / Correspondance I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« Et puis suffit-il d'être possédé d'un sentiment pour l'exprimer ? Y a-t-il une chanson de table qui ait été écrite par un homme ivre ? Il ne faut pas toujours croire que le sentiment soit tout, dans les arts, il n'est rien sans la forme. » <À Louise Colet, 12 août 1846 p.296>
« L'Art n'est grand que parce qu'il grandit. » <À Louise Colet, 30 janvier 1847 p.434>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« L'homme ne vit pas seulement de pain, et, quand l'homme ne vit que de pain, c'est une brute. » <p.217>
« Quand on dit : "Tant pis pour le public s'il aime les petites choses ! il faut lui donner ce qu'il aime", on dit une monstruosité. Avec ce raisonnement, nous n'aurions pas un artiste, pas une belle oeuvre d'art. De tout temps les masses ont été ignorantes. Le goût appartient à l'élite. Ce n'est pas qu'il ne faille démocratiser l'art, au contraire. Mais prétendre qu'on doit donner au peuple l'art qu'il demande, qu'il est le juge souverain, et que s'il préfère Madame Angot aux Huguenots, c'est lui qui a raison, autant affirmer qu'il sied à l'écolier de dicter la leçon de son professeur, et que, s'il est d'avis que Dublin est en Ecosse, il n'y a pas à répliquer. » <p.220>
Eugène DELACROIX / Journal 1822-1863 / Plon 1980
« Quand j'ai fait un beau tableau, je n'ai pas écrit une pensée. C'est ce qu'ils disent. Qu'ils sont simples ! Ils ôtent à la peinture tous ses avantages. » <8 octobre 1822 p.29>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Il importe en peinture, que le portrait ressemble au modèle, mais non pas le modèle au portrait. » <p.283>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'art serait, malgré la plus parfaite explication, de réserver encore de la surprise. » <p.196>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« L'art n'est peut-être que le don de parer la vérité des grâces irrésistibles du mensonge. » <Cinquantes pensées noires, p.109>
Octave MIRBEAU / Les écrivains (Première série 1884-1894) / Paris, Flammarion 1925 [BnF]
« En art, l'exactitude est la déformation et la vérité est le mensonge. » <Le rêve p.24>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Réalisme n. Art de dépeindre la nature telle qu'elle est vue par les crapauds. Charme qui ressort d'un paysage peint par une taupe, ou d'une histoire écrite par un asticot. » <p.234>
Edouard HERRIOT / Jadis (**) D'une guerre à l'autre 1914-1936 / Flammarion 1952
« Dalimier me raconte aussi le départ précipité pour Bordeaux des Ministres*, prévenus à 7 heures, partant à 11 heures par la gare d'Auteuil. Dans un petit sac, il emporte les diamants de la Couronne. Un conservateur du Louvre s'inquiète de voir enlever les tableaux : "Si les Allemands viennent et qu'ils voient les murs vides, ils me fusilleront ! - Oui, mais je vous remplacerai ; je ne remplacerais pas les Rembrandt." » <p.38>
* La progression allemande est si rapide que, le 2 septembre 1914, le gouvernement français se transporte à Bordeaux. Dalimier est sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts.
Jean COCTEAU / Journal (1942-1945) / Gallimard 1989
« En art, il n'y a que des batailles ou des tombes. » <23 mars 1942, p.53>
« Picasso dit : "On peut écrire et peindre n'importe quoi puisqu'il y aura toujours des gens pour le comprendre (pour y trouver un sens)." » <23 mars 1942, p.53>
Réalisme :
« Hier inauguration de l'exposition Breker à l'Orangerie. Discours, uniformes. Statues géantes avec un goût presque sensuel du détail et de l'humain. Les cheveux, les veines. Sacha Guitry me dit : "Si ces statues entraient en érection on ne pourrait plus circuler." » <Samedi 16 mai 1942, p.125>
Paul-Jean TOULET / Monsieur du Paur homme public / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Une théorie d'art aide à la critique, non à la création. » <57 p.269>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Dans les arts, les théories ne valent pas grand'chose... Mais c'est une calomnie. La vérité est qu'elles n'ont point de valeur universelle. Ce sont des théories pour un. Utiles à un. Faites à lui, et pour lui, et par lui. Il manque, à la critique, qui les détruit facilement, la connaissance des besoins et des penchants de l'individu ; et il manque à la théorie même de déclarer qu'elle n'est pas vraie en général, mais vraie pour X dont elle est l'instrument. On critique un outil sans savoir qu'il sert à un homme auquel il manque un doigt, ou bien qui en a six. » <p.638>
Paul VALÉRY / Degas Danse Dessin (1936) / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Nous avons contracté cette curieuse habitude de tenir pour médiocre tout artiste qui ne commence par choquer et par être suffisamment injurié ou moqué. Qui ne nous heurte ou ne nous fait hausser les épaules est imperceptible. On en conclut qu'il faut choquer et l'on s'y consacre. Une bonne étude de l'art moderne devrait mettre en évidence les solutions trouvées de cinq ans en cinq ans au problème du choc, depuis deux ou trois quarts de siècle... » <p.1207>
Jean COCTEAU / Le Rappel à l'ordre / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Il y a un utile et un inutile en art. La majorité du public ne ressent pas cela, envisageant l'art comme une distraction. » <p.441>
« "Ce que le public te reproche, cultive-le, c'est toi." Enfoncez-vous bien cette idée dans la tête. Il faudrait écrire ce conseil comme une réclame. En effet le public aime à reconnaître. Il déteste qu'on le dérange. La surprise le choque. Le pire sort d'une oeuvre c'est qu'on ne lui reproche rien - qu'on n'oblige pas son auteur à une attitude d'opposition. » <p.442>
Raymond RADIGUET / OEuvres / La Pochothèque LdP 2001
« L'art est un mensonge, mais un bon artiste n'est pas menteur. » <Art poétique (1922) p.189>
Paul MORAND / Journal inutile 1973-1976 / nrf Gallimard 2001
« Les oeuvres "de longue haleine". Je n'aime pas l'haleine des gens. » <7 mars 1974, p.203>
Jean-François REVEL / Contrecensures / Robert Laffont - Bouquins 1997
« Beaucoup de gens estiment avoir vu un tableau quand ils en ont vu une "superbe" reproduction en couleurs. Nous savons fort bien que la photographie d'une personne n'est pas la personne elle-même, mais nous croyons "voir" des peintures ou des sculptures en feuilletant les luxueux albums qui leur sont consacrés. » <p.663>
À propos du musée imaginaire de Malraux :
« Le musée imaginaire n'est, en somme, que le musée des gens sans imagination. » <p.668>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Ne l'oublions pas : tout art est aussi un commerce ou doit pouvoir l'être, sans quoi nous aboutissons à un art de type soviétique ou nazi, reposant tout entier sur les commandes officielles, avec les cataclysmes esthétiques que l'on connaît. La littérature a conquis sa liberté en devenant un commerce, car, même au plus haut niveau, il vaut mieux être Balzac, et vivre, fût-ce mal, de livres achetés par les lecteurs, que Racine ou Boileau, si grands soient-ils, tributaires de la cassette du prince. » <p.328>
Jean d'ORMESSON / C'était bien / folio 4077 - Gallimard 2003
« L'art n'a que les ressources de la vie de chacun : il change ce plomb en or. » <p.60>