ÉPICTÈTE / Manuel / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« C'est le fait d'un ignorant d'accuser les autres de ses propres échecs ; celui qui a commencé de s'instruire s'en accuse soi-même ; celui qui est instruit n'en accuse ni autrui ni soi-même. » <V p.1113>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« La plus grande bassesse de l'homme est la recherche de la gloire, mais c'est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu'il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentiel qu'il ait, il n'est pas satisfait, s'il n'est dans l'estime des hommes. Il estime si grande la raison de l'homme, que, quelque avantage qu'il ait sur la terre, s'il n'est placé avantageusement aussi dans la raison de l'homme, il n'est pas content. C'est la plus belle place du monde : rien ne le peut détourner de ce désir, et c'est la qualité la plus ineffaçable du coeur de l'homme. » <276 p.1159>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« J'ai ouï dire au cardinal Imperiali : "Il n'y a point d'homme que la Fortune ne vienne visiter une fois en sa vie. Mais, lorsqu'elle ne le trouve pas prêt à la recevoir, elle entre par la porte et passe par la fenêtre." » <1011 p.1270>
« La raison pourquoi les sots réussissent ordinairement dans leurs entreprises, c'est que, ne sachant et ne voyant jamais quand ils sont importuns, ils ne s'arrêtent jamais. Or, il n'y a pas d'homme assez sot pour ne savoir pas dire : "Donnez-moi cela." » <1187 p.1299>
« Quand on voit un homme actif qui a fait sa fortune, cela vient de ce que, de cent mille voies, la plupart fausses, qu'il a employées, quelqu'une a réussi. De là, on argumente qu'il sera propre pour les affaires publiques. Cela n'est pas vrai. Quand on se trompe dans quelques projets pour sa fortune, ce n'est qu'un coup d'épée dans l'eau. Mais, dans les entreprises d'État, il n'y a pas de coup d'épée dans l'eau. » <1865 p.1443>
Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Riposteurs (1893) / Berger-Levrault 1893
« - Comment, avec tant d'esprit, n'avez-vous pas réussi dans cette affaire ? demandait-on à Fontenelle. - C'est que j'ai oublié de faire une bêtise nécessaire. » <p.40>
« L'art de l'intrigue suppose de l'esprit et exclut le talent. » <Pensées, p.1277>
« Les princes ont un singulier penchant à accorder à ceux qui demandent, à employer ceux qui se présentent, et à croire des talents à ceux qui s'en donnent. » <Pensées, p.1289>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« Règle générale, ce qui manque à l'esprit ou à l'imagination, profite au caractère et à l'entente de la vie pratique. Ce n'est donc pas seulement une condition de bonheur que d'avoir l'esprit borné, c'est une condition de succès ; les gens qui ont peu d'idées sont moins sujets à l'erreur, et suivent de plus près ce qu'ils font. Il est très-porté, surtout en France, de parler avec dédain de ce qu'on appelle les sots ! C'est une locution tout à fait insupportable ; les sots sont des gens qui réussissent, qui parviennent, qui s'enrichissent, qui sont bien appointés, bien établis, des gens en place, des gens titrés, nouvellement décorés, des députés, des gens de lettres en renom, des académiciens, des journalistes. Peut-on jamais être un sot quand on fait si bien ses affaires ? Évidemment non. » <p.44>
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911 [BnF]
« Une faible compréhension fait toute la force de beaucoup d'hommes. La pauvreté d'idées est à l'intelligence ce que l'entêtement est au caractère. » <p.45>
Anatole FRANCE / Les opinions de M. Jérôme Coignard (1893) / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1987
« Les médiocres sont tout de suite soulevés et portés par les médiocrités environnantes qui s'honorent en eux. La gloire d'un homme ordinaire n'offense personne. Elle est plutôt une secrète flatterie au vulgaire ; mais il y a dans le talent une insolence qui s'expie par les haines sourdes et les calomnies profondes. » <p.209>
Auguste DETOEUF / Propos de O. L. Barenton, confiseur (1938) / Éditions d'Organisation 1982
« Beaucoup de médiocres réussissent. La médiocrité rassure. » <p.162>
Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« Nous sommes entourés de gens imbéciles dans leurs jugements sur tout, cornichons en tout, incapables en tout, mais qui mènent fort bien leurs affaires, font fortune, se tirent des plus mauvais pas : imbéciles universellement, hormis sur leurs intérêts. » <Notes non datées, p.1334>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (2) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Une médiocrité bien gérée conduit plus vite aux sinécures qu'un génie mal administré. On réussit par ses défauts et on se perd par ses qualités. Le mieux qu'on puisse dire du talent est qu'il n'est pas nécessairement nuisible. Et toutes ces choses, si l'on y réfléchit, sont au fond extrêmement morales. Que dirait-on d'une société qui exigerait d'un unijambiste les mêmes prouesses que d'un champion de saut en hauteur ? Il faut que le sauteur saute. Quant à l'unijambiste, qui aurait le coeur de le laisser tomber ? Il n'y a qu'à le nommer président de la Société d'athlétisme ; là, il n'aura pas à sauter. On pourra l'appointer richement. Et quand la Société gagnera des concours, on lui donnera quelques médailles. Ainsi tout le monde est satisfait. Le sauteur saute et l'autre gagne. Le talent de l'un fait vivre l'autre. C'est une grande solidarité. Elle satisfait l'égalité en même temps que la fraternité. » <716 - 12 mars 1967 p.548>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Vous demandez comment on fait fortune. Voyez ce qui se passe au parterre d'un spectacle, le jour où il y a foule ; comme les uns restent en arrière, comme les premiers reculent, comme les derniers sont portés en avant. Cette image est si juste que le mot qui l'exprime a passé dans le langage du peuple. Il appelle faire fortune : se pousser. "Mon fils, mon neveu se poussera." Les honnêtes gens disent : s'avancer, avancer, arriver, termes adoucis, qui écartent l'idée accessoire de force, de violence, de grossièreté, mais qui laissent subsister l'idée principale. » <49 p.62>
« Les succès produisent les succès, comme l'argent produit l'argent. » <450 p.151>
« Célébrité : l'avantage d'être connu de ceux qui ne vous connaissent pas. » <135 p.78>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Se rendre insupportable, dans presque toutes les fonctions, c'est mériter une promotion. Se rendre indispensable, c'est s'enraciner à jamais dans le même emploi. » <Insupportable, p.180>
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le mariage de Figaro (1784) / OEuvres complètes / Firmin-Didot 1865
« LE COMTE - Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les bureaux. FIGARO - De l'esprit pour s'avancer ? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant ; et l'on arrive à tout. » <Acte III scène V p.145>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« S'élever : ramper à la verticale. » <p.122>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« L'envie veut abaisser et l'émulation égaler. L'une s'afflige des succès, l'autre y aspire. Celle là est jalouse de tout mérite et l'autre en est ambitieuse. » <31 août 1797 t.1 p.227>
« Le mérite a besoin d'enseigne et aux yeux de la foule la richesse et la puissance l'indiquent seules. » <29 avril 1798 t.1 p.241>
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le mariage de Figaro (1784) / OEuvres complètes / Firmin-Didot 1865
« ...dans le vaste champ de l'intrigue il faut savoir tout cultiver, jusqu'à la vanité d'un sot. » <Acte III scène xi p.146>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« Laissez la bonne conduite et l'amour de l'étude. Mon exemple fait voir où ces qualités conduisent. Livrez-vous à l'intrigue seule. » <3-4 mai 1805 p.330>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Les meilleurs dissimulateurs. - Tous ceux qui sont habitués au succès sont pleins d'astuce pour présenter toujours leurs défauts et leurs faiblesses comme de la force apparente : ce pourquoi ils doivent les connaître particulièrement bien. » <296 p.799>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Le peu de réussite des innombrables projets de l'homme a quelque chose de commun avec le frai du poisson : sur des millions d'oeufs, quelques douzaines seulement réussissent. » <16 juin 1883 p.1013>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Oui, je sais. Tous les grands hommes furent d'abord méconnus ; mais je ne suis pas un grand homme, et j'aimerais autant être connu tout de suite. » <28 avril 1893 p.127>
« Pour arriver, il faut faire ou des saletés, ou des chefs-d'oeuvres. Etes-vous plus capable des unes que des autres ? » <15 novembre 1894 p.195>
« Pour arriver, il faut mettre de l'eau dans son vin, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de vin. » <3 juillet 1894 p.185>
« Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s'effrayer : ça passe. » <31 octobre 1908 p.951>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« On ne salue que les situations volées, mais on ne jalouse que les autres. » <Cinquante pensées noires, p.109>
Jerome K. JEROME / Arrière-pensées d'un paresseux (1898) / Arléa 1998
« Ces livres qu'écrivent des gens bien-pensants, pour nous expliquer que ce qu'ils appellent "la réussite" consiste à envoyer promener notre jeunesse et à sacrifier notre âge mûr, de façon à avoir les moyens, arrivés à quatre-vingts ans, de passer notre vieillesse à faire la foire, m'agacent prodigieusement. Nous économisons toute notre vie pour investir notre or dans Dieu sait quel attrape-nigaud ; or, à force d'épargner et de tirer des plans sur la comète, nous sommes devenus mesquins, étroits d'esprit, durs. Nous remettons la cueillette des roses à demain, parce qu'aujourd'hui tout notre temps est pris à travailler, à faire des affaires, à tramer des manigances. Mais hélas ! quand vient demain, les roses sont fanées ; d'ailleurs, nous nous en fichons de ces roses qui ne servent à rien et n'ont pour ainsi dire aucune valeur marchande ; quand vient demain, ce sont plutôt les choux gras qui nous intéressent. » <p.164>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Tirer son épingle du jeu. Quand vous assassinez un vieux rentier, après l'avoir cambriolé profitablement, faites en sorte que les pièces à conviction puissent être trouvées chez le percepteur ou le juge de paix et, sans vous découvrir le moins du monde, suggérez habilement à la justice l'une ou l'autre de ces deux pistes. Si vous êtes manieur d'affaires, arrangez-vous pour que les capitaux soient centralisés en un point déterminé de l'espace que nous appellerons, si vous voulez, votre caisse ; munissez-vous, au préalable, de tous les horaires utiles et lorsque le bon moment sera venu, empruntez les ailes du condor et envolez-vous en silence, après avoir coupé, autant que possible, toutes les communications. Les co-intéressés se débrouilleront à leur tour comme ils pourront dans une comptabilité que vous aurez rendue aussi parfaitement inextricable qu'une forêt vierge de l'Amazone ou du Haut-Congo. » <p.294>
Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001
« Bouguereau, illustre peintre, membre de l'Institut de ma jeunesse. Il avait tellement de commande qu'il disait : "Quand je vais faire pipi, ça me coûte 200 F." Constipé, cela devait être la ruine ? » <27 octobre 1968, p.79>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir, qui explique plus d'un échec. » <p.1317>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« S'il n'est pas réconfortant, il est en tout cas flatteur de penser qu'on mourra sans avoir donné toute sa mesure. » <p.138>
L.J. PETER et R. HULL / Le principe de Peter / Stock le Livre de Poche 1970
« Que peut-il y avoir de plus faux que le dicton "Rien ne réussit comme la réussite" ? Comme vous l'avez déjà compris , j'espère, la hiérarchologie démontre clairement que rien n'échoue comme la réussite, quand un travailleur atteint finalement son niveau d'incompétence. » <p.65>
Georges WOLINSKI / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1981
« Le talent n'a jamais suffi pour gagner du fric ; il a toujours fallu, en plus, être malin. L'ennuyeux, c'est que ce sont souvent les malins sans talent qui gagnent le plus. » <p.171>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Le mécontentement ne vient pas avec l'échec, qui incite à la patience, mais avec le succès, qui rend exigeant. » <p.161>
Albert EINSTEIN / Pensées intimes / Éditions du Rocher 2000
« Avec la gloire, je deviens de plus en plus stupide, ce qui, je le reconnais, est un phénomène très courant. » <Lettre à H. Zangger, décembre 1919 ; Archives Einstein 39-726 ; p.38>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Nous vivons à une époque où il n'est rien qui ne finisse sur les planches : les rois, les héros, les satyres. Tout finit par le magazine. On ne peut plus être célèbre sans que tout le monde le sache. » <94 - 28 septembre 1954 p.219>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire. » <p.637-638>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« L'unicité de l'existence m'empêche de me contenter de la réussite des autres. » <p.46>
« La réussite, c'est d'abord et surtout d'être au travail quand les autres vont à la pêche. » <p.191>
« Je n'ai jamais été content de ce que je faisais. Quand je ne ferai plus rien je m'offrirai le luxe d'être content de ce que j'ai fait. » <p.111>