Léon BLOY / L'Invendable / Journal I / Robert Laffont - Bouquins 1999
« Je crois fermement que le Sport est le moyen le plus sûr de produire une génération d'infirmes et de crétins malfaisants. L'examen de quelques lignes d'un journal de sport suffit pour se former à cet égard une très ample conviction. Pour ce qui est de mon "sport favori", votre ignorance montre clairement que vous n'avez rien lu de moi - ce qui ne peut m'étonner, le sport et la lecture étant tout à fait incompatibles. Ceux qui m'ont lu savent que l'unique sport qui "m'a particulièrement séduit depuis mon adolescence" est la trique sur le dos de mes contemporains et le coup de pied dans leur derrière. » <9 août 1907, p.650 [Réponse à une enquête du journal La Chasse illustrée]>
Antoine BLONDIN / Ma vie entre des lignes / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1991
« Il nous arrive de moquer les Italiens pour le culte outrancier qu'ils vouent à leurs "campionissimi", leur partialité exclusive, leur mauvaise foi. Heureux "campionissimi" ! Pareille chose ne risque pas d'arriver à nos champions. Non, certes, que nous n'ayons besoin d'idoles, comme tout le monde. Nous savons même fort bien nous en forger quand le besoin s'en fait sentir. Mais nous avons trop d'esprit pour accepter généreusement d'être l'esclave de nos admirations. Le Français, né malin, a peur d'être dupe. » <p.1031>
« Il est toujours grandiose et significatif d'atteindre, au jour prescrit, l'objectif qu'on s'était fixé. Champion olympique avec préméditation, ça ira bien chercher dans les dix ans de frisson ferme. » <p.1142>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Je crois avoir identifié les raisons de l'extraordinaire engouement de mes contemporains pour des sports qu'ils n'exercent pas personnellement. C'est d'abord l'identification des freluquets aux gros bras. C'est ensuite une érudition à peu de frais. C'est enfin un folklore que la caution de quelques intellos finit par transformer en patrimoine. » <p.78>