Cardinal de RETZ / La Conjuration du comte de Fiesque / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1984
« Il se trouve assez de personnes qui ont du mérite, du courage et de l'ambition et qui roulent dans leur esprit des pensées générales de s'élever et de rendre leur condition meilleure ; mais il s'en rencontre rarement qui, après les avoir formées, sachent faire le choix des moyens qui sont propres à l'exécution, et qui ne se relâchent pas du soin continuel qu'il faut avoir pour les faire réussir, ou, quand ils s'en donnent la peine, c'est presque toujours à contretemps, et avec trop d'impatience d'en voir le succès. » <p.29>
LA BEAUMELLE / Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on (1752) / Droz 1997
« On ne s'élève que par de grandes vertus ou par de grands crimes, par des talents supérieurs ou par une stupidité avérée, par une extrême hauteur ou par une extrême bassesse : toujours par les extrêmes. » <CLVIII p.92>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Jusqu'à quel degré de bassesse l'homme ne tomberait-il pas, dans le seul espoir de s'élever ? » <Bassesse, p.44>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'esclave n'a qu'un maître ; l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune. » <p.238 VII (70)>
Charles DUFRESNY / Amusements sérieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« L'ambitieux parle contre la paresse, le paresseux contre l'ambition. » <p.1028>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Je ne suis point étonné de voir les ambitieux se donner un air de modestie et se défendre de l'ambition comme d'un vice honteux. Celui qui montrerait toute son ambition étonnerait tous ceux qui voudraient le servir. D'ailleurs, comme personne n'est assuré de réussir dans le chemin de la fortune, on se prépare la ressource de faire croire qu'on l'a méprisée. » <1106 p.1287>
Friedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littéraire, philosophique et critique (tome 1) / Garnier frères 1877 [BnF]
« Cela me rappelle un mot du prince Eugène*. Il allait attaquer Lille ; on lui dit, pour l'en détourner, qu'elle était défendue par un maréchal de France : "J'aime bien mieux qu'elle soit défendue par un maréchal de France que par un homme qui aurait envie de le devenir." » <p.129>
* Eugène de Savoie-Carigan, dit le Prince Eugène, général des armées impériales (Paris 1663 - Vienne 1736).
Madame de LAMBERT / Avis d'une mère à son fils / OEuvres complètes / Paris L.Collin 1808 [BnF]
« Tout homme qui n'aspire pas à se faire un grand nom n'exécutera jamais de grandes choses : ceux qui marchent nonchalamment souffrent toutes les peines de leur profession, et n'en ont ni l'honneur, ni la récompense. » <p.3>
« Nous croyons souvent n'en vouloir qu'aux hommes, et nous en voulons aux places : jamais ceux qui les ont occupées n'ont été au gré du monde ; et on ne leur a rendu justice, que quand ils ont cessé d'y être. » <p.19>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« L'ambition prend aux petites âmes plus facilement qu'aux grandes, comme le feu prend plus aisément à la paille, aux chaumières qu'aux palais. » <68 p.64>
NAPOLÉON Ier/ Maximes de guerre et pensées / J. Dumaine Ed., Paris 1863
« L'ambition est à l'homme ce que l'air est à la nature ; ôtez l'un au moral et l'autre au physique, il n'y a plus de mouvement. » <79 p.234>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« C'est l'ambition qui fait les grands intervalles. Un palefrenier du roi de France est plus près de son maître que le chancelier. » <t.2 p.618>
Jonathan SWIFT / Pensées sur divers sujets loraux et divertissants / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« L'ambition, souvent, fait accepter les fonctions les plus basses ; c'est ainsi qu'on grimpe dans la posture où l'on rampe. » <p.575>
Eugène DELACROIX / Journal 1822-1863 / Plon 1980
« Petetin m'avait dit le matin que, pour n'avoir rien à se reprocher, il avait mis son ambition dans sa poche. Je disais à Chenavard que je pensais qu'il était impossible de se trouver mêlé aux affaires des autres et de s'en tirer complètement honnête. "Comment voulez-vous, disait-il, qu'il en soit autrement ? Celui qui prend l'équité pour règle ne peut absolument lutter contre celui qui ne songe qu'à son intérêt : il sera toujours battu dans la carrière de l'ambition." » <2 mars 1849 p.181>
Conseil d'ami :
« "Ne négligez rien de ce qui peut vous faire grand", m'écrivait le pauvre Beyle [=Stendhal]. » <31 janvier 1850 p.219>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« En raison des qualités d'esprit et de caractère que suppose une passion aussi forte que celle de l'ambition, il semblerait qu'elle ne dut être le partage que d'un petit nombre d'hommes bien doués. C'est le contraire qui arrive. Ce sont les gens les plus médiocres qui sont les plus ambitieux, et par suite les plus agissants. Rien n'est plus piquant que ceci. On peut se représenter la fortune comme une belle femme environnée de prétendants ; ce sont les eunuques qui la désirent le plus, et ce sont les eunuques qui l'obtiennent. » <p.60>
Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Ne pas oublier ! - Plus nous nous élevons, plus nous paraissons petits aux regards de ceux qui ne savent pas voler. » <574 p.1210>
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« L'ambition ne m'est pas naturelle ; je me la suis inoculée à propos de ma candidature académique (1844). J'en éprouve assez pour la comprendre et la sentir en abrégé. Je ne l'ai pas à l'état de petite vérole, je l'ai à l'état de vaccine : je n'en resterai pas gravé. » <p.165>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Pour peu qu'on tâche de se perfectionner, on voit les autres rapetisser, comme s'ils s'enfonçaient dans le sable. » <3 juillet 1894 p.185>
« Oh ! madame, mon ambition n'a pas de bornes. Pour arriver, je vous passerais sur le ventre. » <30 décembre 1896 p.293>
« Il y a de la place au soleil pour tout le monde, surtout quand tout le monde veut rester à l'ombre. » <29 janvier 1898 p.366>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Les arrivistes sont des gens qui arrivent. Ils ne sont jamais arrivés. » <165 p.181>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« Il y a quelques semaines que je veux noter cette réflexion qui m'est venue, que les gens qui désirent avoir beaucoup de choses dans la vie : places, honneurs, influence, décorations, Académie, sont peut-être des gens qui ont une vitalité supérieure, qui a besoin d'embrasser beaucoup de choses. Les gens qui vivent dans leur coin, se contentant de ce qui leur vient, sans aucune activité pour rien attraper d'autre, seraient des gens d'une vitalité réduite. On dit des premiers : arrivistes, ambitieux, et on fait honneur aux seconds de leur modestie. Les premiers ne sont pas plus à blâmer que les seconds à féliciter. Notre caractère est notre maître et toutes nos actions dépendent de lui. Les premiers et les seconds ne pourraient pas être autrement qu'ils sont. » <19 Novembre 1940 III p.218>
« Il y a des gens qui savent se caser. Il est vrai que c'est tout ce qu'ils savent. » <2 Avril 1942 III p.549>
Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Si vous êtes un jour traité de parvenu, tenez pour bien certain que vous serez arrivé. » <p.82>
Alfred CAPUS / L'esprit d'Alfred Capus / nrf Gallimard 1926
« Il ne suffit pas de dire "Un tel est arrivé." Il faut encore voir dans quel état. » <p.129>
Paul VALÉRY / Mauvaises pensées et autres / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Être soi-même !... Mais soi-même en vaut-il la peine ? » <p.811>
Robert MUSIL / L'homme sans qualités / Editions du Seuil - Points 1956
« À strictement parler, il était resté ce qu'on appelle un espoir ; on nomme espoirs, dans la république des esprits, les républicains proprement dits, c'est-à-dire ceux qui s'imaginent qu'il faut consacrer à son travail la totalité de ses forces, au lieu d'en gaspiller une grande part pour assurer son avancement social ; ils oublient que les résultats de l'homme isolé sont peu de chose, alors que l'avancement est le rêve de tous, et négligeant ce devoir social qu'est l'arrivisme, ils oublient que l'on doit commencer par être un arriviste pour pouvoir offrir à d'autres, dans les années du succès, un appui à la faveur duquel ils puissent arriver à leur tour. » <T 1 p.55>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Méfiez-vous de ceux qui tournent le dos à l'amour, à l'ambition, à la société. Ils se vengeront d'y avoir renoncé. » <p.746>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« La lucidité sans le correctif de l'ambition conduit au marasme. Il faut que l'une s'appuie sur l'autre, que l'une combatte l'autre sans la vaincre, pour qu'une oeuvre, pour qu'une vie soit possible. » <p.1330>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Eût-il tous les mérites, un ambitieux ne peut être honnête qu'à la surface. N'ayez confiance que dans les indifférents. » <20 octobre 1963, p.187>
Georges WOLINSKI / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1981
« Quand on ne sait rien faire, il faut avoir de l'ambition. » <p.112>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Le mot "légitime" perd toute espèce de sens quand on l'associe à celui d'"ambition". » <p.155>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« L'amoureux véritable des fonctions et des places ne démissionne jamais, ni pour raison de conscience, ni faute des conditions techniques nécessaires à son office. Il sacrifie toujours ce qu'il faut et ceux qu'il faut à la conservation de son pouvoir, y compris ce pouvoir même, s'il doit se résigner à n'en plus retenir que l'apparence. Les trahisons que son arrivisme lui impose et les volte-face que ses opinions exécutent, il les déguisera en décisions immaculées, qui coulent de la pure source d'une conviction intime et d'une méditation toute personnelle. La démission, s'il y est acculé, il la négocie contre un autre poste, dans lequel il s'arrange pour gagner en élévation ce qu'il a perdu en influence. » <p.616>
Jean d'ORMESSON / C'était bien / folio 4077 - Gallimard 2003
« De toutes les questions posées par la race meurtrière des biographes et des journalistes en quête, hélas toujours vaine, d'une originalité impossible, il en est une qui revient avec une régularité de métronome : " Qu'aviez-vous envie de faire plus tard quand vous étiez enfant ? " Ce que je voulais faire ? Je m'en souviens très clairement, avec une troublante précision. C'était : rien. J'avais envie de vivre et qu'on me fichât la paix. » <p.32>