Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« Travaillez, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. » <Livre cinquième IX Le laboureur et ses enfants p.286>
Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX / OEuvres / Épîtres / Société des Belles Lettres 1939
« Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire. » <Épître XI p.64 v.86>
Claude Adrien HELVÉTIUS / Pensées et réflexions / OEuvres complètes (tome 14) / Paris, Didot 1795 [BnF]
« Ce qui fait le bonheur des hommes c'est d'aimer à faire ce qu'ils ont à faire. C'est un principe sur lequel la société n'est pas fondée. » <XXVII p.121>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Ceux qui n'ont à s'occuper ni de leurs plaisirs ni de leurs besoins sont à plaindre. » <26 décembre 1794 t.1 p.161>
« Il y a des travaux corrupteurs, mais l'oisiveté l'est davantage. » <24 décembre 1804 t.1 p.663>
François GUIZOT / De la démocratie en France / Bruxelles Wouters frères 1849 [BnF Cote 8-Lb55-118.A]
« Si j'avais à rechercher quel a été le mal le plus profond, le vice le plus funeste de cette ancienne société qui a dominé en France jusqu'au seizième siècle, je dirais sans hésiter que c'est le mépris du travail. Le mépris du travail, l'orgueil de l'oisiveté sont des signes certains, ou que la société est sous l'empire de la force brutale, ou qu'elle marche à la décadence. » <p.85>
Adolphe THIERS / De la propriété / Paris, Paulin et L'Heureux 1848
Division du travail et intelligence :
« Quoique la diversité des professions commence déjà chez ces pâtres, puisqu'ils sont obligés de demander à autrui du fer ou de la poterie, on peut dire qu'ils fabriquent presque tout eux-mêmes. Mais il faut remarquer que ce sont les plus grossiers des hommes, résidant près des neiges, au plus haut niveau du globe, loin de toute civilisation, à l'extrême frontière de l'intelligence, c'est-à-dire à la limite où commence le crétinisme. » <p.157>
Henry D. THOREAU / La vie sans principes (1863) / Désobéir / Bibliothèques 10/18 (2832) Éd. de L'Herne 1994
« Il n'est pas d'individu plus fatalement malavisé que celui qui consume la plus grande partie de sa vie à la gagner. » <p.132>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Le travail est la meilleure des régularités et la pire des intermittences. » <1870 p.86>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Quelqu'un disait à Alexandre Dumas : - Vous travaillez donc toujours ? Il répondit : - Que voulez-vous ? je n'ai pas autre chose à faire. » <1848-50 p.193>
Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Les apologistes du travail. - Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême. » <173 p.1073>
Charles BAUDELAIRE / Hygiène / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1975
« À chaque minute nous sommes écrasés par l'idée et la sensation du temps. Et il n'y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar, - pour l'oublier : le Plaisir et le Travail. Le Plaisir nous use. Le Travail nous fortifie. Choisissons. Plus nous nous servons d'un de ces moyens, plus l'autre nous inspire de répugnance. » <p.669>
« Travail immédiat, même mauvais, vaut mieux que la rêverie. » <p.672>
Jean-Louis-Auguste COMMERSON / Pensées d'un Emballeur (1) / Martinon 1851
« Le travail est donc bien antipathique à l'homme, que la pénalité la plus forte soit les travaux forcés ? » <p.31>
Anatole FRANCE / L'Anneau d'améthyste (1899) / Au tournant du siècle / Omnibus 2000
« Le travail est bon à l'homme. Il le distrait de sa propre vie, il le détourne de la vue effrayante de lui-même ; il l'empêche de regarder cet autre qui est lui et qui lui rend la solitude horrible. Il est un souverain remède à l'éthique et à l'esthétique. Le travail a ceci d'excellent encore qu'il amuse notre vanité, trompe notre impuissance et nous communique l'espoir d'un bon événement. Nous nous flattons d'entreprendre par lui sur les destins. Ne concevant pas les rapports nécessaires qui rattachent notre propre effort à la mécanique universelle, il nous semble que cet effort est dirigé en notre faveur contre le reste de la machine. Le travail nous donne l'illusion de la volonté, de la force et de l'indépendance. Il nous divinise à nos propres yeux. Il fait de nous, au regard de nous-mêmes, des héros, des Génies, des Démons, des Démiurges, des Dieux, le Dieu. Et dans le fait on n'a jamais conçu Dieu qu'en tant qu'ouvrier. » <1, p.250>
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« Les pauvres croient [...] que le travail ennoblit, libère. La noblesse d'un mineur au fond de son puits, d'un mitron dans la boulangerie ou d'un terrassier dans une tranchée, les frappe d'admiration, les séduit. On leur a tant répété que l'outil est sacré qu'on a fini par les en convaincre. Le plus beau geste de l'homme est celui qui soulève un fardeau, agite un instrument, pensent-ils. "Moi, je travaille", déclarent-ils, avec une fierté douloureuse et lamentable. La qualité de bête de somme semble, à leurs yeux, rapprocher de l'idéal humain. Il ne faudrait pas aller leur dire que le travail n'ennoblit pas et ne libère point ; que l'être qui s'étiquette Travailleur restreint, par ce fait même, ses facultés et ses aspirations d'homme ; que, pour punir les voleurs et autres malfaiteurs et les forcer à rentrer en eux-mêmes, on les condamne au travail, on fait d'eux des ouvriers. Ils refuseraient de vous croire. Il y a, surtout, une conviction qui leur est chère, c'est que le travail, tel qu'il existe, est absolument nécessaire. On n'imagine pas une pareille sottise. La plus grande partie du labeur actuel est complètement inutile. Par suite de l'absence totale de solidarité dans les relations humaines, par suite de l'application générale de la doctrine imbécile qui prétend que la concurrence est féconde, les nouveaux moyens d'action que des découvertes quotidiennes placent au service de l'humanité sont dédaignés, oubliés. La concurrence est stérile, restreint l'esprit d'initiative au lieu de le développer ; » <p.1238>
Oscar WILDE / Intentions / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1996
« Toute profession implique un préjugé. La nécessité de faire carrière contraint tout un chacun à choisir son camp. Nous vivons dans une époque qui appartient aux gens surmenés et sous-éduqués : une époque où les gens travaillent tant qu'ils deviennent d'une bêtise absolue. Et, si cruel que puisse paraître ce jugement, je ne peux m'empêcher de dire que de tels gens ont le sort qu'ils méritent. La meilleure façon de ne rien connaître de la vie, c'est d'essayer de se rendre utile. » <p.877>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Au travail, le plus difficile, c'est d'allumer la petite lampe du cerveau. Après, ça brûle tout seul. » <29 novembre 1901 p.557>
« Une seule expérience se fortifie en moi : tout dépend du travail. On lui doit tout, et c'est le grand régulateur de la vie. » <3 janvier 1908 p.903>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (1) / Mercure de France 1921
« Il y a des hommes qui ne travaillent pas ; je crois qu'il y en a peu, car ne rien faire est encore peut-être, pour un homme, de tous les métiers le plus dur et le plus fastidieux. Il y a les hommes qui travaillent peu et volontairement ; mais au lieu de les tuer, il faut les considérer comme un idéal ; ils sont un exemple et non un obstacle. Si tout le monde travaillait dix heures par jour, Paris serait Belleville ou Charonne : c'est sans doute le rêve socialiste, ce n'est pas le mien. » <octobre 1898, p.295>
Sacha GUITRY / Jusqu'à nouvel ordre / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« L'homme qui mange n'est pas toujours beau, l'homme qui pleure est parfois laid, l'homme qui aime est souvent grotesque, l'homme qui meurt est d'ordinaire affreux, mais l'homme qui travaille n'est jamais ridicule. » <p.6>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« La vérité, c'est que, dès que le besoin d'y subvenir ne nous oblige plus, nous ne savons que faire de notre vie, et que nous la gâchons au hasard. » <p.394>
« La première condition du bonheur est que l'homme puisse trouver joie au travail. Il n'y a vraie joie dans le repos, le loisir, que si le travail joyeux le précède. Le travail le plus pénible peut-être accompagné de joie dès que le travailleur sait pouvoir goûter le fruit de sa peine. La malédiction commence avec l'exploitation de ce travail par un autrui mystérieux qui ne connaît du travailleur que son "rendement". » <4 août 1936 p.1234>
Louis-Ferdinand CÉLINE / Mort à crédit (1936) / Romans (1) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1997
« Trois et quatre fois les samedis je m'appuyais les livraisons de la Place des Vosges, rue Royale, au pas de gymnastique encore ! La peine en ce temps-là on en parlait pas. C'est en somme que beaucoup plus tard qu'on a commencé à se rendre compte que c'était chiant d'être travailleurs. On avait seulement des indices. » <p.665>
Sacha GUITRY / Les Femmes et l'Amour / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Il est évident qu'on travaille d'abord pour bien faire, pour être content de soi, autant qu'on peut l'être, pour toucher à peu près au but, et aussi pour plaire, pour obtenir les suffrages de ceux qu'on aime, pour savoir qu'on ne s'est pas trompé... Mais on travaille encore pour réussir, pour s'enrichir - et, cela, c'est pour la femme. Si l'on a à côté de soi une femme qu'on déteste, on se venge en ne réussissant pas. » <p.149>
Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7
« L'Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu'assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais. » <p.109>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Si l'homme n'est pas fait pour le travail, qui l'épuise, il l'est encore moins pour le désoeuvrement, qui le pervertit. L'homme n'est donc fait, en définitive, que pour la femme, qui l'épuise et le pervertit tout à la fois. » <p.90>
Salvador DALÍ / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« La plupart des crétins ont besoin de travailler pour gagner de l'argent. Moi, j'ai besoin de gagner de l'argent pour travailler en paix. » <p.109>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Je n'ai jamais très bien compris pourquoi une semaine de grève s'appelle une "semaine d'action". » <p.27>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« J'appelle travail tout effort exempt de plaisir, ou plutôt : un effort qui vous diminue à vos propres yeux. » <2 juillet 1970, p.815>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (2) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« On éprouve l'impression de tricher quand une chose vous arrive sans peine, il faut toujours monter sur quelque armoire pour attraper le pot de confitures. » <627 - 13 avril 1965 p.357>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Dignité du travail : expression difficile à prononcer sans rire. » <p.106>
Emil CIORAN / Sur les cimes du désespoir / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l'homme a transformée en volupté. OEuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d'un effort qui ne mène qu'à des accomplissements sans valeur, estimer qu'on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant - voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d'intérêt de l'individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l'homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s'attacher à n'importe quoi : l'oeuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d'extériorisation qui lui fait quitter l'intime de son être. Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité purement extérieure : aussi l'homme ne s'y réalise-t-il pas - il réalise. » <p.88-89>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Si je travaille autant c'est parce que j'éprouve plus de plaisir à terminer une tâche qu'à m'en débarrasser, parce que je suis très paresseux et qu'il me faudrait déployer davantage d'efforts pour refuser certaines collaborations que pour les assurer. » <p.84>
« Ah ! la volupté d'abattre du travail comme on abat des arbres, de s'attaquer à une montagne de papier comme on escalade le mont Blanc pour donner, peu à peu, au bureau - par traitement ou par élimination - l'aspect du Sahara. » <p.230>
Jean YANNE / J'me marre / Le cherche midi éditeur 2003
« L'ivresse du travail ? C'est vrai que ça soûle très vite. » <p.35>