Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« La question est une invention merveilleuse et tout à fait sûre pour perdre un innocent qui a la complexion faible, et sauver un coupable qui est né robuste. » <p.421 XV (51)>
« La Providence nous met quelquefois à la torture en y employant la pierre, la gravelle, la goutte, le scorbut, la lèpre, la vérole grande ou petite, le déchirement d'entrailles, les convulsions des nerfs, et autres exécuteurs des vengeances de la Providence. Or comme les premiers despotes furent, de l'aveu de tous leurs courtisans, des images de la Divinité, ils l'imitèrent tant qu'ils purent. » <p.408>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« J'ai entendu dire une bonne chose à l'ambassadeur turc, le 18 février 1742. Je lui disois (chez Locmaria, où nous dînions), que je trouvois contraire aux maximes d'un bon gouvernement que le Grand-Seigneur fît étrangler ses bachas à sa fantaisie. "Il les fait étrangler, dit-il, sans en dire la raison, pour ne pas révéler ou faire connaître les défauts de son serviteur." Que dites-vous des hommes qui dorent même la statue de la Tyrannie ? » <1827 p.1437>
« J'ai remarqué que, de dix personnes condamnées à la question, il y en a neuf qui la souffrent. Si tant d'innocents ont été condamnés à une si grande peine, quelle cruauté ! Si tant de criminels ont échappé à la mort, quelle injustice ! » <1954 p.1475>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Au rebours des autres siècles qui pratiquèrent la torture négligemment, celui-ci, plus exigeant, y apporte un souci de purisme qui fait honneur à notre cruauté. » <p.800>
Pierre DESPROGES / Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis / Ed. du Seuil 1985
« Torture nom commun, trop commun, féminin, mais ce n'est pas de ma faute. Du latin tortura, action de tordre. Bien plus que le costume trois pièces ou la pince à vélo, c'est la pratique de la torture qui permet de distinguer à coup sûr l'homme de la bête. L'homme est en effet le seul mammifère suffisamment évolué pour penser enfoncer des tisonniers dans l'oeil d'un lieutenant de vaisseau dans le seul but de lui faire avouer l'âge du capitaine. » <p.48>