« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre, est un fanatique. » <p.196>
« Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage ; c'est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l'esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu'ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? » <p.198>
« Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. » <p.198>
« Je pense avec vous que le fanatisme est un monstre mille fois plus dangereux que l'athéisme philosophique. Spinosa n'a pas commis une seule mauvaise action : Chastel et Ravaillac, tous deux dévots, assassinèrent Henri IV. » <p.521>
NAPOLÉON Ier/ Maximes de guerre et pensées / J. Dumaine Ed., Paris 1863
« Le fanatisme militaire est le seul qui soit bon à quelque chose : il en faut pour se faire tuer. » <19 p.218>
Benjamin CONSTANT / De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814) / GF 456 Flammarion 1986
« La manie de presque tous les hommes, c'est de se montrer au-dessus de ce qu'ils sont. La manie des écrivains, c'est de se montrer des hommes d'État. En conséquence, tous les grands développements de force extra-judiciaire, tous les recours aux mesures illégales dans les circonstances périlleuses, ont été, de siècle en siècle, racontés avec respect et décrits avec complaisance. L'auteur, paisiblement assis à son bureau, lance de tous côtés l'arbitraire, cherche à mettre dans son style la rapidité qu'il recommande dans les mesures, se croit, pour un moment, revêtu du pouvoir, parce qu'il en prêche l'abus, réchauffe sa vie spéculative de toutes les démonstrations de force et de puissance dont il décore ses phrases, se donne ainsi quelque chose du plaisir de l'autorité, répète à tue-tête les grands mots de salut du peuple, de loi suprême, d'intérêt public, est en admiration de sa profondeur, et s'émerveille de son énergie. Pauvre imbécile ! Il parle à des hommes qui ne demandent pas mieux que de l'écouter, et qui, à la première occasion, feront sur lui-même l'expérience de sa théorie. » <p.217>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Les disciples aveugles. Sans les disciples aveugles, jamais encore l'influence d'un homme et de son oeuvre n'est devenu grande. Aider au triomphe d'une idée n'a souvent d'autre sens que : l'associer si fraternellement à la sottise que le poids de la seconde emporte aussi la victoire pour la première. » <122 p.511>
« Ennemis de la vérité. - Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges. » <483 p.657>
« Une conviction est la croyance d'être, sur un point quelconque de la connaissance, en possession de la vérité absolue. Cette croyance suppose donc qu'il y a des vérités absolues ; en même temps, que l'on a trouvé les méthodes parfaites pour y parvenir ; enfin que tout homme qui a des convictions applique ces méthodes parfaites. Ces trois conditions montrent tout de suite que l'homme à convictions n'est pas l'homme de la pensée scientifique ; il est devant nous à l'âge de l'innocence théorique, il est un enfant, quelle que soit sa taille. Mais des siècles entiers ont vécu dans ces idées naïves, et c'est d'eux qu'ont jailli les plus puissantes sources de force de l'humanité. » <630 p.687>
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« C'est le fanatisme de la liberté, seul, qui peut avoir raison du fanatisme de la servitude et de la superstition. » <p.1300>
Félix LE DANTEC / L'athéisme / Flammarion 1907
« Comment, après avoir dit : "Je crois en Dieu, le père tout-puissant", peut-on se permettre d'imposer à d'autres hommes la volonté de Dieu ? Les croisés croyants sont invraisemblables. [...] La posture logique pour un croyant est de laisser faire, de prier, et d'avoir peur. » <p.62>
ALAIN / Mars ou la guerre jugée / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Le fanatisme n'est sans doute pas autre chose que le sentiment d'une fatalité effrayante qui se réalise par l'homme. L'âme fataliste, ou si l'on veut prophétique, comme parle Hegel, est aux écoutes ; elle cherche les signes, elle les appelle ; elle va au devant des signes, elle les fait surgir par incantation. D'un côté elle méprise, elle écarte, elle fait taire par violence tout ce qui n'est pas signe ; et le simple bonheur lui est par là plus directement odieux qu'aucune autre chose. De l'autre, elle s'entraîne elle-même vers l'état sibyllin, déclamant à elle-même et aux autres. On comprend déjà en quel sens le fatalisme est guerre, et d'abord guerre contre tout ce qui est raison exploratrice et humaine espérance, enfin contre toute ferme volonté. Tout cela est, pour le fanatique, l'impiété même, non seulement par méconnaissance des signes, mais aussi par cette influence contraire aux signes, que tous les magiciens connaissent. Remarquez ici que, ce que nous voulons prouver, ils le savent déjà ; c'est qu'un homme raisonnable, oui, un seul homme raisonnable peut beaucoup dans une assemblée de mystiques, et jusqu'à faire taire ces murmures de l'univers, annonciateurs par le sentiment. Or cela même, qui est à mes yeux le plus grand bien, est exactement pour eux l'impiété, l'impureté, le sacrilège. Au fond de toute discussion religieuse on retrouve ce conflit là ; oui, jusqu'à la table de famille. Et j'ai vu plus d'une sybille barbue dans son fauteuil. Par là le conflit religieux est relié profondément au conflit entre guerre et paix. Un fataliste ne peut annoncer le bonheur et la paix puisqu'on les veut ; il y aurait apparence qu'on peut vouloir ; c'est pourquoi l'espérance est réduite à l'espérance du plus grand mal, dans ces âmes enchaînées. Par là le fatalisme est guerre. » <p.638-639>
Adolf HITLER / Mein Kampf (Mon Combat) / Nouvelles Éditions Latines 1933
« Dans tous les temps, la force qui a mis en mouvement sur cette terre les révolutions les plus violentes, a résidé bien moins dans la proclamation d'une idée scientifique qui s'emparait des foules que dans un fanatisme animateur et dans une véritable hystérie qui les emballait follement. » <Tome 1 ch. XII p.337>
« L'avenir d'un mouvement est conditionné par le fanatisme et l'intolérance que ses adeptes apportent à le considérer comme le seul mouvement juste, très supérieur à toutes les combinaisons de même ordre. » <Tome 1 ch. XII p.349>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« On parle toujours de "fanatisme aveugle", comme s'il y avait des fanatismes clairvoyants. » <p.109>
« L'expérience prouve qu'il est beaucoup plus facile de prendre des otages que de les relâcher. » <p.116>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Le seul barrage au fanatisme meurtrier est de vivre dans une société pluraliste où le contrepoids institutionnel d'autres doctrines et d'autres pouvoirs nous empêche toujours d'aller jusqu'au bout des nôtres. » <p.36-37>