ÉPICTÈTE / Manuel / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« Si l'on te rapporte qu'un tel dit du mal de toi, ne te défends pas contre ses propos, mais réponds : "C'est qu'il ignorait mes autres défauts ; sans quoi il ne se serait pas borné à ceux-là." » <XXXIII (9) p.1124>
PLUTARQUE / Les Vies des hommes illustres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
La méthode d'Alcibiade contre la calomnie :
« Il [Alcibiade] avait un chien beau et grand à merveille, qui lui avait coûté sept cents écus ; il lui coupa la queue, qui était la plus belle partie qu'il eût ; de quoi ses familiers le tancèrent fort, disant qu'il avait donné à parler à tout le monde, et que chacun le blâmait fort d'avoir ainsi diffamé un si beau chien. Il ne s'en fit que rire, et leur dit : "C'est tout ce que je demande ; car je veux que les Athéniens aillent caquetant de cela, afin qu'ils ne disent rien pis de moi. » <Vie d'Alcibiade, XIV p.427>
Abbé d'AILLY / Pensées diverses (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Une trop grande sensibilité à la médisance entretient la malignité du monde, qui ne cherche que cela. » <34 p.265>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'on me dit tant de mal de cet homme, et j'y en vois si peu, que je commence à soupçonner qu'il n'ait un mérite importun qui éteigne celui des autres. » <p.226 VII (39)>
Charles DUFRESNY / Amusements sérieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« On devrait punir plus rigoureusement la médisance que le larcin ; elle fait plus de tort à la société civile : et il est plus difficile de se garder d'un médisant que d'un voleur. » <p.1013>
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le Barbier de Séville (1775) / OEuvres complètes / Firmin-Didot 1865
« En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à l'intérêt d'autrui. » <Acte I scène iv p.81>
« La calomnie, monsieur ! vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville en s'y prenant bien : et nous avons ici des gens d'une adresse !... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ? » <Acte II scène viii p.87>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« La calomnie est comme la guêpe qui vous importune, et contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement, à moins qu'on ne soit sûr de la tuer, sans quoi elle revient à la charge, plus furieuse que jamais. » <302 p.121>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Ne montrez pas le revers et l'exergue à ceux qui n'auront pas vu la médaille. C'est à dire ne parlez pas des défauts des gens de bien (et surtout de vos amis) à ceux qui ne connaissent ni leur visage, ni leur vie, ni leur mérite. » <2 novembre 1818 t.2 p.570>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Calomnie. - Si l'on trouve la trace d'une suspicion vraiment infamante, il ne faut jamais en chercher la source chez ses ennemis loyaux et simples ; car, si ceux-ci inventaient sur notre compte une pareille chose, étant nos ennemis, ils ne trouveraient pas créance. Mais ceux à qui nous avons été le plus utiles pendant un certain temps et qui, pour une raison quelconque, peuvent être secrètement certains de ne plus rien obtenir de nous, - ceux-là sont capables de mettre une infamie en circulation : ils trouvent créance, d'une part parce que l'on admet qu'ils n'inventeraient rien qui pourrait leur nuire personnellement, d'autre part puisqu'ils ont appris à nous connaître de plus près. - Pour se consoler, celui qui est ainsi calomnié peut se dire : les calomnies sont des maladies des autres qui éclatent sur ton propre corps ; elles démontrent que la société est un seul organisme (moral), de sorte que tu peux entreprendre sur toi la cure qui profitera aux autres. » <264 p.925>
Eugène MARBEAU / Remarques et pensées / Paris Ollendorf 1901 [BnF]
« La calomnie, comme la foudre, menace les sommets. » <p.73>
Jean COCTEAU / Journal d'un inconnu / Grasset 1953
« Ne pas relever les inexactitudes qu'on imprime sur notre compte. Elles nous protègent. » <p.203>
Sacha GUITRY / Les Femmes et l'Amour / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« On s'attaque à ta vie privée ? C'est que l'on ne trouve rien à redire à tes ouvrages. » <p.232>