Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Diseur de bons mots, mauvais caractère. » <14 p.1091>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Ne pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein n'est pas un fort bon caractère : il faut dans le commerce des pièces d'or, et de la monnaie. » <p.161 V (37)>
« Dans la société, c'est la raison qui plie la première. Les plus sages sont souvent menés par le plus fou et le plus bizarre : l'on étudie son faible, son humeur, ses caprices, l'on s'y accommode ; l'on évite de le heurter, tout le monde lui cède ; la moindre sérénité qui paraît sur son visage lui attire des éloges : on lui tient compte de n'être pas toujours insupportable. Il est craint, ménagé, obéi, quelquefois aimé. » <p.162 V (41)>
« "Diseurs de bons mots, mauvais caractère" : je le dirais, s'il n'avait été dit. Ceux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres, plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante ; cela n'a pas été dit, et je l'ose dire. » <p.241 VII (80)>
Philippe Néricault DESTOUCHES / Le Glorieux (1732) / Paris, Librairie des bibliophiles 1884 [BnF]
« Je ne vous dirai pas : "changez de caractère", car on n'en change point, je ne le sais que trop. Chassez le naturel, il revient au galop ;* » <Acte III, scène v p.86>
* Ce vers est souvent attribué, à tort, à Boileau.
Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littéraire 1948-1962 / SNELA La Différence 2002
« Qu'est-ce que le naturel ? La cuirasse est naturelle à la tortue comme au crocodile. Nous sécrétons chacun la notre. Ce que je n'aime pas chez les photographes, c'est leur volonté de vous débusquer ; il leur faut vous trahir par un biais ou l'autre sous prétexte de naturel. Il n'y a plus de naturel ; seulement des abandons de mauvaise aloi. » <1961 p.191>
« Le caractère est formé de nos idées et de nos sentiments : or il est très prouvé qu'on ne se donne ni sentiments ni idées ; donc notre caractère ne peut dépendre de nous. S'il en dépendait, il n'y a personne qui ne fût parfait. Nous ne pouvons nous donner des goûts, des talents ; pourquoi nous donnerions-nous des qualités ? Quand on ne réfléchit pas, on se croit le maître de tout ; quand on y réfléchit, on voit qu'on n'est maître de rien. » <p.474>
Georg Christoph LICHTENBERG / Le miroir de l'âme / Domaine romantique José Corti 1997
« J'ai toujours trouvé que les personnes prétendument exécrables gagnaient à être connues de près, alors que les bonnes gens, elles, y perdaient. » <G 67 p.346>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il leur convient de se montrer ; dans les petites, ils se montrent comme ils sont. » <52 p.62>
« Il faut savoir faire les sottises que nous demande notre caractère. » <59 p.63>
« Quiconque n'a pas de caractère n'est pas un homme, c'est une chose. » <285 p.114>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Il faut des vertus qui fassent aimer et des défauts qui fassent craindre. Probablement ce sont les défauts qui vous manquent. » <5 mars 1811 t.2 p.321>
« Nous sommes tous plus ou moins échos, et nous répétons malgré nous les vertus, les défauts, les mouvements et le caractère des autres, j'entends de ceux avec qui nous vivons. » <30 juillet 1815 t.2 p.513>
Victor HUGO / Moi, l'amour, la femme / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Les hommes comme moi sont impossibles jusqu'à ce qu'ils soient nécessaires. » <1870 p.288>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Homme de caractère. - Un homme paraît avoir du caractère beaucoup plus souvent parce qu'il suit toujours son tempérament que parce qu'il suit toujours ses principes. » <485 p.657>
Friedrich NIETZSCHE / Par-delà le bien et le mal (1886) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Une fois la décision prise, rester sourd aux meilleures objections : preuve de caractère. Donc à l'occasion, vouloir être stupide... » <107 p.619>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« Si, par une faveur d'en haut, vous aviez le pouvoir de choisir entre toutes les qualités et tous les talents, il est à présumer que, séduit par les apparences, vous opteriez pour quelqu'une de ces facultés brillantes auxquelles le monde paraît attacher un certain prix. Ce serait cependant un très-mauvais calcul ; car il est avéré que les petites qualités sont infiniment plus utiles que les grandes et que les grands talents sont loin de valoir les petits. Échangez donc beaucoup de savoir contre un peu d'habileté, beaucoup d'esprit contre un peu de sens commun, beaucoup de profondeur contre un peu de surface, quelques avantages extérieurs contre n'importe quoi. Avec quoi attire-t-on la foule sinon par de petits moyens et des artifices grossiers ? Que faut-il pour s'enrichir ? un peu d'ordre ; pour être protégé ? un peu de souplesse ; pour avoir des amis ? un peu de gaieté ; pour agréer aux femmes ? un certain genre ; pas plus. Le charlatanisme est la moitié du savoir faire. » <p.43>
« Il y a des défauts qui font merveille. Si par exemple vous êtes impertinent, on vous subira ; orgueilleux, on vous estimera ; méchant, on vous craindra ; irascible, on vous cédera ; artificieux, on vous aidera ; menteur, on vous croira. » <p.47>
« Je ne sais pas de meilleur moyen, pour avoir la vie commode, que d'incommoder les autres. Qui donc, dans une famille, est moins contredit que l'esprit faux, plus ménagé que le mauvais caractère, plus obéi que le violent, moins interrompu que le bavard ? Il n'est tel, pour se faire faire place dans la rue, qu'un maçon qui revient, tout blanc de plâtre, de son ouvrage. Nous imposons plus facilement nos défauts que nous ne faisons accepter nos qualités. » <p.5>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Un homme de caractère n'a pas bon caractère. » <2 janvier 1907 p.865>
« La vie est ce que notre caractère veut qu'elle soit. Nous la façonnons, comme un escargot sa coquille. » <3 février 1908 p.914>
Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Nous sommes loin de nous douter des services que pourraient nous rendre nos défauts - si nous savions les mettre en oeuvre. » <p.82>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Le meilleur moyen pour apprendre à se connaître, c'est de chercher à comprendre autrui. » <10 février 1922 p.730>
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« C'est selon l'ordre des affections que le caractère se forme ; c'est dans le cercle de la famille et des amitiés qu'il se fixe ; par les jugements ; cela se voit ; cela saute aux yeux. On se demande si l'effet des reproches, et même leur fin, n'est pas de nous rappeler à notre caractère, et de nous mettre en demeure de faire exactement ce mélange de bien et de mal que l'on attend de nous. Votre jeu est de mentir, et je vous le rappelle en annonçant que je ne vais pas croire un mot de ce que vous direz. Mais l'autre, par sa manière de dire le vrai comme si c'était faux, me somme à son tour d'être défiant. On fuit le brutal ; cela attire les coups, et en quelque façon les aspire, par ce vide promptement fait. Il est presque impossible que celui qui est réputé paresseux s'élance pour rendre service, car l'espace lui manque ; tout est fermé autour de lui ; nul n'attend rien de lui. Il ne trouve point passage. Il se heurte, il importune, dans le moment où il devrait servir. "Toujours le même, dit-on de lui ; les autres ne sont rien pour lui." Il le croit, il se le prouve, par la peur de se l'entendre dire. » <p.266>
« Avoir du caractère n'est point le même qu'avoir un caractère. Mais le double sens du mot doit nous avertir. Avoir du caractère, c'est accepter sa propre apparence et s'en faire une arme. Comme de bégayer, ou d'avoir la vue basse, ou d'un grand nez faire commandement ; aussi bien d'un petit. On fait autorité d'une voix forte, mais d'une voix faible aussi, d'un nasillement. Un boiteux peut être péremptoire ; on attend qu'il le soit. Le ridicule n'est que l'absence d'une pensée derrière ces signes impérieux. Toutefois si l'on se trouvait pourvu d'équilibre, et de bel aspect, sans aucun ridicule, il ne faudrait pas encore désespérer. Socrate usait indiscrètement de ce nez camus ; le beau Platon dut chercher d'autres moyens. Un orateur ne cache point ses défauts ; il les jette devant lui. J'ai souvenir d'un avocat sifflotant, et tout à fait ridicule ; mais il était redouté. Ses adversaires se moquaient de lui, et, par cela même, l'admiraient. On ne cite guère d'hommes puissants et libres qui n'aient conservé et composé ces mouvements de nature, de façon à s'ouvrir d'abord un chemin parmi les sots. Il n'y a qu'affectation au monde ; et cela est ridicule si l'on imite ; puissant au contraire, et respecté, et redouté, celui qui affecte selon sa nature. "Il t'est naturel d'être simple, disait quelqu'un, et tu affectes d'être simple. C'est très fort." » <p.269>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« On n'est soi qu'en mobilisant tous ses travers, qu'en se solidarisant avec ses faiblesses, qu'en suivant sa "pente". Dès qu'on cherche son "chemin", et qu'on s'impose quelque modèle noble, on se sabote, on s'égare... » <p.1492>
Philippe BOUVARD / Maximes au minimum / Robert Laffont 1984
« Dans notre société, on dit que quelqu'un a du caractère lorsqu'il accorde plus d'importance à ses propres opinions qu'à celles d'autrui. » <p.21>
Frédéric DARD / Les pensées de San-Antonio / Le cherche midi éditeur 1996
« Il est préférable d'avoir de très gros défauts que de toutes petites qualités. » <p.85>