Charles de SAINT-ÉVREMOND / OEuvres mêlées (6) / Paris, C.Barbin 1684
« On doit bien souhaiter d'être d'une humeur commode, quand ce ne serait que pour vivre agréablement avec soi-même. Car lorsqu'on s'abandonne aux caprices de son chagrin, on ne s'en défait pas comme on veut, et on souffre justement ce que l'on fait souffrir aux autres. » <Maximes morales, p.116>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'homme du meilleur esprit est inégal, il souffre des accroissements et des diminutions, il entre en verve, mais il en sort : alors, s'il est sage, il parle peu, il n'écrit point, il ne cherche point à imaginer ni à plaire. Chante-t-on avec un rhume ? ne faut-il pas attendre que la voix revienne ? » <p.337 XII (142)>
MARIVAUX / L'Indigent philosophe (1727) / Journaux et OEuvres diverses / Classiques Garnier 1988
« [...] je vous dirai que parmi les hommes je n'ai encore trouvé que la joie de raisonnable, parce que les gens qui aiment la joie n'ont point de vanité : tout va bien, pourvu qu'ils se réjouissent, et c'est penser à merveille : ce n'est pas avoir de l'esprit que d'être autrement. » <p.276>
Madame de LAMBERT / Avis d'une mère à son fils / OEuvres complètes / Paris L.Collin 1808 [BnF]
« Nous avons bien plus à nous plaindre de notre humeur que de notre fortune. Nous imputons aux événements les défauts qui ne viennent que de notre chagrin. Le mal est en nous, ne le cherchons pas ailleurs. En adoucissant notre humeur, souvent nous changeons notre fortune. » <p.45>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« C'est par son humeur qu'on plaît ou qu'on déplaît et par le fonds de son caractère qu'on se fait aimer ou haïr. » <26 octobre 1803 t.1 p.577>
« Il y en a qui n'ont tout leur esprit que lorsqu'ils sont de bonne humeur, et d'autres que lorsqu'ils sont tristes. » <25 octobre 1804 t.1 p.650>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Un gai compagnon dans un voyage à pied vaut un carrosse. » <p.42>
« L'homme a presque autant de reproches à se faire s'il est triste que s'il est vicieux ; parce qu'au milieu de l'océan de ses pensées, il peut se créer un enfer ou un paradis, et mériter ensuite ce qu'il produit lui-même. » <p.77>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« La tristesse, lorsqu'on connaît le monde, prouve qu'on a des passions que l'impossibilité de les satisfaire n'a pas encore pu guérir. La tristesse de qui ne connaît pas le monde, prouve la lâcheté qui désespère de réussir. » <2 mai 1805 p.330>
NAPOLÉON Ier/ Maximes de guerre et pensées / J. Dumaine Ed., Paris 1863
« Tous les détails de la vie doivent être soumis à cette règle : savoir vaincre sa mauvaise humeur. » <241 p.268>
Stéphane MALLARMÉ / Vers et prose / Perrin Paris 1893 [BnF]
« La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres. » <Brise marine, p.19>
Jean L'ANSELME / Pensées et Proverbes de Maxime Dicton / Rougerie 1991
« Le rocking-chair est triste. J'y ai lu tous mes livres. » <p.24>
Charles DANTZIG / Dictionnaire égoïste de la littérature française / Grasset 2005
« La mauvaise humeur est comique. Un exemple est le peintre Juan Gris mort après avoir dit : "Je sais que je vais mourir et je vous emmerde tous." » <p.907>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« L'homme qui échoue en quelque chose aime mieux rapporter cet échec à la mauvaise volonté d'un autre qu'au hasard. Sa surexcitation est allégée par le fait de s'imaginer qu'une personne et non une chose est cause de son échec ; car on peut se venger des personnes, force est bien d'avaler les injures du destin. » <370 p.612>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Pourquoi m'appelle-t-on mauvais coucheur ? Je couche avec si peu de gens ! » <18 juillet 1896 p.271>
« Certes, il y a de bons et de mauvais moments, mais notre humeur change plus souvent que notre fortune. » <30 janvier 1905 p.752>
Léon DAUDET / Souvenirs / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Je dis, moi : "Comment réussir n'importe quoi sans la bonne humeur ?" Que les débutants en croient mon expérience ; elle est la première condition du succès. Mon père appelait, dans ses meilleurs rêves, le marchand de bonheur. J'appelle le professeur de bonne humeur. Quelqu'un qui me touche de près, et que j'admire, répète aussi : "Les pauvres eux-mêmes devraient demander l'aumône en plaisantant, afin de ne pas attrister les riches. Ils feraient des recettes beaucoup plus belles." » <p.137>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Voici une petite pluie ; vous êtes dans la rue, vous ouvrez votre parapluie ; c'est assez. À quoi bon dire : "Encore cette sale pluie !" ; cela ne leur fait rien du tout aux gouttes d'eau, ni au nuage, ni au vent. Pourquoi ne dites-vous pas aussi bien : "Oh ! la bonne petite pluie !" Je vous entends, cela ne fera rien du tout aux gouttes d'eau ; c'est vrai ; mais cela vous sera bon à vous ; tout votre corps se secouera et véritablement s'échauffera, car tel est l'effet du plus petit mouvement de joie ; et vous voilà comme il faut être pour recevoir la pluie sans prendre un rhume. » <4 novembre 1907 p.20>
ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970
« Affectif n'est pas la même chose qu'affectueux. Ce qu'il faut entendre sous le mot, c'est une liaison plus étroite des pensées avec les sources de la vie ; cette liaison s'observe chez tous les malades, quel que soit le sexe ; mais elle est normalement plus étroite chez la femme, par la prédominance naturelle des fonctions de grossesse et d'allaitement, et de tout ce qui s'y rattache. D'où des changements d'humeur dont les causes sont naturelles, mais dont les effets donnent souvent l'apparence de la fantaisie, de l'incohérence, de l'obstination. Sans aucune hypocrisie ; car il faut une profonde sagesse, et fort rare dans le fait, pour expliquer un mouvement d'humeur par ses véritables causes, attendu que la vraie cause change aussi nos motifs. Si une fatigue à peine sentie m'enlève le goût de la promenade, elle me fait trouver aussi des raisons de rester chez moi. On entend souvent sous le nom de pudeur une dissimulation des vraies causes ; je crois que c'est plutôt une ignorance des vraies causes et comme une transposition naturelle et presque inévitable des choses du corps en langage d'âme. » <14 décembre 1912, p.283>
Sacha GUITRY / Théâtre, je t'adore / Omnibus 1996
« Au risque de passer aux yeux de quelques-uns d'entre vous pour un homme qui retarde et n'est pas à la page, je vous déclare bien franchement que je préfère la beauté à la laideur, la santé à la maladie, la bonne éducation à la vulgarité et la gaieté à la tristesse. » <p.82>
Emil CIORAN / Sur les cimes du désespoir / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« La tristesse surgit chaque fois que la vie se dissipe ; son intensité équivaut à l'importance des pertes subies ; aussi est-ce le sentiment de la mort qui provoque la tristesse la plus grande. Elément révélateur de ce qui distingue la mélancolie de la tristesse : on ne qualifiera jamais un enterrement de mélancolique. La tristesse n'a aucun caractère esthétique - rarement absent de la mélancolie. » <p.47>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter. » <p.765>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« On est souvent plus ombrageux pour ce que l'on recommande que pour ce que l'on réalise, pour ce que l'on patronne que pour ce que l'on crée. » <p.255>