MARC-AURÈLE / Pensées / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« Vise toujours à la brièveté ; brève est la route de la nature, et c'est la manière de tout faire et de tout dire le plus raisonnablement possible ; un tel propos t'affranchit de bien des fatigues, de campagnes militaires, d'affaires administratives, du style recherché. » <IV (51) p.1168>
« Ne va pas penser que, si une chose est difficile à comprendre pour toi, elle est incompréhensible pour tout homme ; mais si une chose est possible et familière à un homme, crois bien aussi que tu peux l'atteindre. » <VI (19) p.1182>
« N'aie pas honte de te faire aider ; car tu te proposes de faire ce qui est utile, comme le soldat à l'assaut des murs. Quoi donc ! si tu es boiteux et si tu ne peux monter seul au créneau, mais si c'est possible, grâce à un autre ? » <VII (7) p.1191>
Michel de MONTAIGNE / Essais / Garnier 1962
« A chaque minute il me semble que je m'eschape. Et me rechante sans cesse : "Tout ce qui peut estre faict un autre jour, le peut estre aujourd'huy." » <t.1 p.89 livre I chap.XX>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« Ceux qui s'appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes. » <M 41 p.15>
Madame de SABLÉ / Maximes (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Les bons succès dépendent quelquefois du défaut de jugement parce que le jugement empêche souvent d'entreprendre plusieurs choses que l'inconsidération fait réussir. » <24 p.249>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Raison des effets. - La concupiscence et la force sont les sources de toutes nos actions : la concupiscence fait les volontaires ; la force, les involontaires. » <247 p.1154>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« L'homme est ainsi bâti : quand un sujet l'enflamme, L'impossibilité disparaît à son âme. Combien fait-il de voeux, combien perd-il de pas ? S'outrant pour acquérir des biens ou de la gloire ? "Si j'arrondissais mes États ! Si je pouvais remplir mes coffres de ducats ! Si j'apprenais l'hébreu, les sciences, l'histoire !" Tout cela, c'est la mer à boire ; Mais rien à l'homme ne suffit : Pour fournir aux projets que forme un seul esprit Il faudrait quatre corps ; encor, loin de suffire, À mi-chemin je crois que tous demeureraient : Quatre Mathusalems bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce qu'un seul désire. » <Livre huitième, XXV Les deux chiens et l'âne mort p.508>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Celui qui, logé chez soi dans un palais, avec deux appartements pour les deux saisons, vient coucher au Louvre dans un entresol n'en use pas ainsi par modestie ; cet autre qui, pour conserver une taille fine, s'abstient du vin et ne fait qu'un seul repas n'est ni sobre ni tempérant et d'un troisième qui, importuné d'un ami pauvre, lui donne enfin quelque secours, l'on dit qu'il achète son repos, et nullement qu'il est libéral. Le motif seul fait le mérite des actions des hommes, et le désintéressement y met la perfection. » <p.104 II (41)>
Charles DUFRESNY / Amusements sérieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Les jeunes gens disent ce qu'ils font, les vieillards ce qu'ils ont fait, et les sots ce qu'ils ont envie de faire. » <p.1028>
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le Barbier de Séville (1775) / OEuvres complètes / Firmin-Didot 1865
« [...] la difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre. » <Acte I scène vi p.82>
VAUVENARGUES / Réflexions et maximes / Les moralistes français / Paris, Garnier frères 1875
« Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir. » <142 - p.659>
Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [oeuvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383]
« Mirabeau, capable de tout pour de l'argent, même d'une bonne action. » <Anecdotes et bons mots p.150>
« C'est un terrible avantage que de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. » <Anecdotes et bons mots p.163>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Faire d'avance un plan exact et détaillé, c'est ôter à son esprit tous les plaisirs de la rencontre et de la nouveauté dans l'exécution de l'ouvrage. C'est se rendre à soi-même cette exécution insipide et par conséquent impossible dans les ouvrages qui dépendent de l'enthousiasme et de l'imagination. Un pareil plan est lui-même un demi-ouvrage. Il faut le laisser imparfait si on veut se plaire. » <6 août 1798 t.1 p.247>
« Il faut, quand on agit, se conformer aux règles, et quand on juge avoir égard aux exceptions. » <6 mai 1799 t.1 p.295>
« La facilité est ennemie des grandes choses. » <1 juin 1806 t.2 p.121>
« Il y a une infinité de choses qu'on ne fait bien que lorsqu'on les fait par nécessité. » <26 novembre 1809 t.2 p.300>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« La vie contemplative est souvent misérable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre. » <341 p.127>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Action : contrepoison spécifique de la pensée. Une once d'action suffit pour neutraliser une mégatonne de pensée. » <p.23>
« Dans la vie de tous les jours, les raisons d'agir sont moins convaincantes que les raisons de ne pas agir. De là vient que les raisonnables agissent peu, et que les imbéciles mènent le monde. » <Agir, p.26>
Benjamin FRANKLIN / Mélanges de Morale, d'Économie et de Politique (t.1) / Paris, J.Renouard 1826 [BnF]
« Le bonhomme Richard conseille la circonspection et le soin, par rapport aux objets même de la plus petite importance, parce qu'il arrive souvent qu'une légère négligence produit un grand mal. Faute d'un clou, dit-il, le fer d'un cheval se perd ; faute d'un fer, on perd le cheval ; et faute d'un cheval, le cavalier lui-même est perdu, parce que son ennemi l'atteint et le tue ; et le tout pour n'avoir pas fait attention à un clou au fer de sa monture. » <La science du bonhomme Richard, 1757 p.135>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Il vaut mieux faire la chose la plus insignifiante du monde, que de passer une demi-heure sans rien faire. » <p.135>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« Une montagne en mal d'enfant Jetait une clameur si haute, Que chacun au bruit accourant Crut qu'elle accoucherait, sans faute, D'une cité plus grosse que Paris : Elle accoucha d'une souris. » <Livre cinquième X La montagne qui accouche p.288>
Charles-Maurice de TALLEYRAND-PÉRIGORD / La confession de Talleyrand [Ana] / Paris, L.Sauvaitre 1891 [BnF]
« Il y a des montagnes qui accouchent d'une souris, et d'autres qui accouchent d'un volcan. » <p.26>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Les grandes choses sont faites pour enfanter les petites et les petites pour engendrer les grandes. La montagne produit une souris ; le polype bâtit un promontoire. » <1840 p.84>
Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - Éditions Findakly 1996
« Il y a des gens pour croire sensé tout ce qu'on fait en prenant un air sérieux. » <p.31>
« Je crois que si l'on veut construire sur du sable, autant que ce soient des forteresses plutôt que des châteaux de cartes. » <p.34>
« Le penchant qu'ont les hommes à tenir pour importantes des vétilles n'a pas manqué d'avoir de très grandes conséquences. » <p.57>
Pierre François LACENAIRE / Mémoires / José Corti 1991
« L'homme indécis sur une action qu'il médite, attend souvent un exemple qui l'encourage ; quelque envie qu'il ait de la faire, il ne veut pas être le premier, il attend qu'on lui ouvre le chemin. Aussi voyez, examinez, dans la société, un acte de bienfaisance succède à un acte de bienfaisance, un duel à un duel, un suicide à un suicide, un crime à un crime. L'homme est imitateur ; confrontez attentivement les registres de la police avec ceux de la cour d'assises. et vous verrez que l'assassinat n'est jamais plus fréquent que lorsqu'on vient de condamner un homme pour assassinat ; six mois passés sans meurtre, il faut une âme forte pour en commettre un ; il montre l'exemple, on le suit ; combien qui n'attendaient que cela pour se décider. En sortant de la cour d'assises, on est toujours plus disposé à commettre un crime qu'en y entrant. Il y a ce je ne sais quoi qui diminue l'horreur du crime, en voyant le criminel fait comme un autre homme, lui que l'on s'était peint comme un monstre ; un je ne sais quoi qui fait qu'on n'y trouve plus autant de répugnance, et si l'accusé est ferme, quel encouragement ! Je serai comme lui, se dit-on ; ne suis-je pas homme comme lui ? On s'habitue à cette idée, on ne la chasse plus ; et si le criminel vient à démontrer que c'est la société qui a tort avec lui, chacun se dit : Elle a tort aussi avec moi ; pourquoi la ménagerais-je plus que lui ? pourquoi craindrais-je plus que lui ? Tout cela est dans l'homme ; osez me dire que non, je vous dirai que vous ne le connaissez pas. » <p.113>
Alphonse KARR / En fumant / M. Lévy frères 1862
« Un philosophe... chinois : "Faites ce que vous voulez avoir fait, avant ce que vous avez envie de faire". » <p.54>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Le peintre qui s'apprête à peindre le soleil fait des théories, et, quand il veut commencer, le soleil n'est plus là. » <22 janvier 1893 p.116>
« Si tu as plusieurs cordes à ton arc, elles s'embrouilleront, et tu ne pourras plus viser. » <8 décembre 1896 p.284>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Échelle de mesure pour tous les jours. On se trompera rarement si l'on ramène les actions extrêmes à la vanité, les médiocres à l'habitude et les mesquines à la peur. » <74 p.484>
« Défaut principal des hommes d'action. C'est le malheur des gens d'action que leur activité est toujours un peu irraisonnée. On ne peut, par exemple, demander au banquier qui amasse de l'argent le but de son incessante activité ; elle est irraisonnée. Les gens d'action roulent comme la pierre, suivant la loi brute de la mécanique. - Tous les hommes se divisent, en tout temps et de nos jours, en esclaves et libres ; car celui qui n'a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même est esclave, qu'il soit d'ailleurs ce qu'il veut : homme d'Etat, marchand, fonctionnaire, savant. » <283 p.592>
« Comment on gagne les gens courageux. On amène les gens courageux à une action en la leur exposant plus périlleuse qu'elle n'est. » <308 p.599>
« Truc de prophète. - Pour deviner à l'avance les façons d'agir d'hommes ordinaires, il faut admettre qu'ils font toujours la moindre dépense d'esprit pour se libérer d'une situation désagréable. » <551 p.667>
Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Cela aussi est héroïque. - Faire les choses les plus décriées, celles dont on ose à peine parler, mais qui sont utiles et nécessaires, - cela aussi est héroïque. Les Grecs n'ont pas eu honte de compter parmi les grands travaux d'Hercule le nettoyage d'une écurie. » <430 p.1159>
« Être dupe. - Dès que vous voulez agir, il vous faut fermer les portes du doute, - disait un homme d'action. - Et ne crains-tu pas, de cette façon, d'être dupe ? - rétorqua un contemplatif. » <519 p.1187>
Friedrich NIETZSCHE / Par-delà le bien et le mal (1886) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« [...] presque tout ce qui intéresse et séduit les gens d'un goût assez fin et délicat, et les natures supérieures, l'homme moyen n'y trouve "aucun intérêt" ; et s'il remarque malgré tout qu'on se dévoue à ces choses, il appelle cela de l'esprit désintéressé et s'étonne qu'il soit possible d'agir de cette façon. » <220 p.668>
« - Quel ennui ! C'est toujours la même histoire ! Quand on a fini de construire sa maison, on remarque qu'on a, sans s'en rend compte, appris en la bâtissant une chose qu'il aurait absolument fallu savoir - avant de commencer. L'éternel et douloureux "trop tard !" - mélancolie de tout ce qui est achevé... » <277 p.724>
Jean COCTEAU / Le Rappel à l'ordre / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« La source désapprouve presque toujours l'itinéraire du fleuve. » <p.430>
Alphonse ALLAIS / À se tordre (1891) / OEuvres anthumes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« - Vous n'y allez pas par quatre chemins, vous ! - Jamais ! Un seul, c'est plus court. » <p.42>
Anatole FRANCE / Le jardin d'Épicure (1894) / Calmann Lévy, Paris 1895 [BnF]
« L'empire n'est pas à ceux qui veulent tout comprendre. C'est une infirmité que de voir au-delà du but prochain. Il n'y a pas que les chevaux et les mulets à qui il faille des oeillères pour marcher sans écart. » <p.121>
Anatole FRANCE / Monsieur Bergeret à Paris (1901) / Au tournant du siècle / Omnibus 2000
« Je découvre sur le tard que c'est une grande force que de ne pas comprendre. Cela permet parfois de conquérir le monde. Si Napoléon avait été aussi intelligent que Spinoza, il aurait écrit quatre volumes dans une mansarde. » <17, p.480>
Gustave LE BON / Aphorismes du temps présent (1913) / Paris, Les amis de G. Le Bon 1978 [BnF]
« Si l'homme avait commencé par penser au lieu d'agir, le cycle de son histoire serait clos depuis longtemps. » <p.241>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Certaines personnes réfléchissent avant d'agir, d'autres au lieu d'agir, d'autres après avoir agi. Il en est d'exceptionnels qui agissent sans réfléchir ni avant, ni pendant, ni après : les hommes d'action. » <p.169>
Henry de MONTHERLANT / Service inutile / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« L'inertie est une vertu, en regard d'actes vains, comme l'apathie est une vertu, en regard de passions sottes. » <L'âme et son ombre, p.705>
Paul VALÉRY / Degas Danse Dessin (1936) / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Les obstacles sont les signes ambigus devant lesquels les uns désespèrent, les autres comprennent qu'il y a quelque chose à comprendre. Mais il en est qui ne les voient même pas... » <p.1209>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Que de choses il faut ignorer pour "agir" ! » <p.503>
Paul VALÉRY / Mauvaises pensées et autres / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Qui veut faire de grandes choses doit penser profondément aux détails. » <p.893>
Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« Ce qui me fait si lent à bâtir, si temporisateur est l'étrange manie de vouloir toujours commencer par le commencement. » <Ego p.45>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Il est extrêmement rare que la montagne soit abrupte de tous côtés. » <p.351>
« Un chemin droit ne mène jamais qu'au but. » <28 octobre 1922 p.745>
« Celui qui agit comme tout le monde s'irrite nécessairement contre celui qui n'agit pas comme lui. » <27 juillet 1924 p.787>
André GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« L'on me reproche ma démarche oblique... mais qui ne sait, lorsqu'on a vent contraire, que force est de tirer des bordées ? Vous en parlez bien à votre aise, vous qui vous laissez porter par le vent. Je prends appui sur gouvernail. » <15 janvier 1946 p.287>
Pierre DESPROGES / La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute / Ed. du Seuil 1998
« Si l'union fait la force, la force n'a jamais fait l'intelligence. » <p.69>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« L'union fait la force. Oui, mais la force de qui ? » <10 décembre 1925 p.666>
« Le petit mot : "Je ferai" a perdu des empires. Le futur n'a de sens qu'à la pointe de l'outil. Prendre une résolution n'est rien ; c'est l'outil qu'il faut prendre. La pensée suit. Réfléchissez à ceci que la pensée ne peut nullement diriger une action qui n'est pas commencée. » <18 juin 1931 p.1021>
« Nul ne peut vouloir sans faire. Je n'entends pas par là seulement que l'exécution doit suivre le vouloir, ce qui est déjà une assez bonne maxime de pratique ; j'entends que l'exécution doit précéder le vouloir. Comment cela ? Rien n'est plus simple ni plus aisé à comprendre si l'on considère l'homme tout entier, l'homme dans la situation de l'homme, tel qu'il est né, tel qu'il a grandi. Que l'homme agisse avant de vouloir, c'est ce qui est évident par l'enfance. L'homme nage dans l'univers dès qu'il y est jeté ; et il s'y trouve toujours jeté, et jamais d'aucune manière il ne s'en peut retirer. L'action réelle est donc toujours commencée. Tout le vouloir doit s'appliquer à ce point où l'homme déjà se sauve par les mouvements de l'instinct. L'art de naviguer, qui est un des plus admirables, fournit toujours de bonnes comparaisons pour l'art de vivre. On sait que le gouvernail ne peut agir si le bateau ne reçoit pas une impulsion, soit du vent, soit des rames ; et disons même que, tant que la coque n'a pas pris une certaine vitesse par rapport à l'eau, le gouvernail est une chose morte. » <17 avril 1932 p.1075>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Point d'action ni de réussite sans une attention totale aux causes secondaires. La "vie" est une occupation d'insecte. » <p.783>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Un zoologiste qui, en Afrique, a observé de près les gorilles, s'étonne de l'uniformité de leur vie et de leur grand désoeuvrement. Des heures et des heures sans rien faire... Ils ne connaissent donc pas l'ennui ? Cette question est bien d'un homme, d'un singe occupé. Loin de fuir la monotonie, les animaux la recherchent, et ce qu'ils redoutent le plus c'est de la voir cesser. Car elle ne cesse que pour être remplacée par la peur, cause de tout affairement. L'inaction est divine. C'est pourtant contre elle que l'homme s'est insurgé. Lui seul, dans la nature, est incapable de supporter la monotonie, lui seul veut à tout prix que quelque chose arrive, n'importe quoi. Par là, il se montre indigne de son ancêtre : le besoin de nouveauté est le fait d'un gorille fourvoyé. » <p.1388>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Faire autre chose que de l'extraordinaire est vraiment inutile. » <1 juillet 1968, p.590>
L.J. PETER et R. HULL / Le principe de Peter / Stock le Livre de Poche 1970
« La devise des spécialistes du détail est : "Occupez-vous des souris et les montagnes se débrouilleront bien toutes seules." » <p.140>
Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7
« Il semble donc exister trois niveaux d'organisation de l'action. Le premier, le plus primitif, à la suite d'une stimulation interne et/ou externe, organise l'action de façon automatique, incapable d'adaptation. Le second organise l'action en prenant en compte l'expérience antérieure, grâce à la mémoire que l'on conserve de la qualité, agréable ou désagréable, utile ou nuisible, de la sensation qui en est résultée. L'entrée en jeu de l'expérience mémorisée camoufle le plus souvent la pulsion primitive et enrichit la motivation de tout l'acquis dû à l'apprentissage. Le troisième niveau est celui du désir. Il est lié à la construction imaginaire anticipatrice du résultat de l'action et de la stratégie à mettre en oeuvre pour assurer l'action gratifiante ou celle qui évitera le stimulus nociceptif. Le premier niveau fait appel à un processus uniquement présent, le second ajoute à l'action présente l'expérience du passé, le troisième répond au présent, grâce à l'expérience passée par anticipation du résultat futur. » <p.20-21>
« Quelles peuvent être les raisons qui nous empêchent d'agir ? La plus fréquente, c'est le conflit qui s'établit dans nos voies nerveuses entre les pulsions et l'apprentissage de la punition qui peut résulter de leur satisfaction. Punition qui peut venir de l'environnement physique, mais plus souvent encore, pour l'homme, de l'environnement humain, de la socio-culture. [...] Une autre source d'angoisse est celle qui résulte du déficit informationnel, de l'ignorance où nous sommes des conséquences pour nous d'une action, ou de ce que nous réserve le lendemain. Cette ignorance aboutit-elle aussi à l'impossibilité d'agir de façon efficace. [...] Enfin, chez l'homme, l'imaginaire peut, à partir de notre expérience mémorisée, construire des scénarios tragiques qui ne se produiront peut-être jamais mais dont nous redoutons la venue possible. Il est évidemment difficile d'agir dans ce cas à l'avance pour se protéger d'un événement improbable, bien que redouté. Autre source d'angoisse par inhibition de l'action. » <p.43-44>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Dans certaines situations, il n'y a qu'une chose à faire : rien. Mais il faut le faire tout de suite, sans attendre une minute de plus. On perd toujours trop de temps avant d'agir. » <p.157>
José ARTUR / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1993
« Casser le thermomètre n'est pas la meilleure façon de faire baisser la température. » <p.137>
COLUCHE / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« Si vous ne faites pas aujourd'hui ce que vous avez dans la tête, demain, vous l'aurez dans le cul. » <p.213>
Michel AUDIARD / Audiard par Audiard / Ed. René Chateau 1995
« Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche. » <Un Taxi pour Tobrouk, p.79>
Frédéric DARD / Les pensées de San-Antonio / Le cherche midi éditeur 1996
« Différer une emmerde, c'est lui donner le temps de croître. » <p.61>
« L'homme trop prudent attend qu'il soit trop tard. » <p.82>
Georges FILLIOUD / Homo Politicus / filipacchi 1996
« Michel Hannoun : J'étais alors responsable des étudiants gaullistes, mais aussi étudiant en médecine, et lors d'une rencontre avec André Malraux, j'ai le courage et la jeunesse de lui demander : "Pourquoi avez-vous des tics ?" Réponse de Malraux : "Parce que ma pensée va plus vite que l'action, et que l'une est en permanence à la poursuite de l'autre." » <p.129>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Ah ! la volupté de régler tout dans la journée et d'aller se coucher sans qu'aucun papier en souffrance ne traîne sur le bureau, sans devoir un franc à personne et - mais c'est beaucoup plus rare - sans que personne ne vous doive un franc !... » <p.187>