Abbé d'AILLY / Pensées diverses (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« La dévotion des femmes qui commencent à vieillir n'est souvent qu'un état de bienséance pour sauver la honte et le ridicule du débris de leur beauté, et se rendre toujours recommandables par quelque chose. » <22 p.264>
Gédéon TALLEMANT DES RÉAUX / Historiettes (1) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
Arnaut du Fort :
« Une fois qu'un moine, faisant la priere, disoit à ses soldats qu'il ne leur servoit de rien d'estre vaillans, que Dieu seul donnoit les victoires, il le renvoya bien viste en lui disant : "Vous gastez mes gens, il leur faut dire que Dieu est toujours du costé de ceux qui frappent le plus fort." Le marquis de la Force dit à un moine qui disoit : "Recommandez-vous bien à Nostre-Dame", qu'il falloit dire : "A Nostre-Dame de frappe-fort." » <Famille des Arnauts, p.506>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Il est très surprenant que les richesses des gens d'Église aient commencé par le principe de pauvreté. » <2059 p.1535>
Jonathan SWIFT / Pensées sur divers sujets loraux et divertissants / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« Nous avons juste assez de religion pour nous haïr, mais pas assez pour nous aimer les uns les autres. » <p.569>
Claude Adrien HELVÉTIUS / Pensées et réflexions / OEuvres complètes (tome 14) / Paris, Didot 1795 [BnF]
« La religion a fait de grands maux, et peu de petits biens. » <XI p.116>
« On n'appelle pas fou un homme qui croit manger le bon Dieu, mais celui qui se dit Jésus-Christ. » <XCV p.144>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« M. de Voltaire, voyant la religion tomber tous les jours, disait une fois : "Cela est pourtant fâcheux ; car de quoi nous moquerons-nous ? - Oh ! lui dit M. Sabatier de Cabre, consolez-vous ; les occasions ne vous manqueront pas plus que les moyens. - Ah ! monsieur, repris douloureusement M. de Voltaire, hors de l'église point de salut." » <868 p.245>
« Je ne sais quel homme disait : "Je voudrais voir le dernier des rois étranglé avec le boyau du dernier des prêtres." » <899 p.252>
Du bon usage de la religion :
« Le baron de la Houze, ayant rendu quelques services au pape Ganganelli, ce pape lui demanda s'il pouvait faire quelque chose qui lui fût agréable. Le baron de la Houze, rusé garçon, le pria de lui faire donner un corps saint. Le pape fut très surpris de cette demande de la part d'un Français. Il lui fit donner ce qu'il demandait. Le baron, qui avait une petite terre dans les Pyrénées, d'un revenu très mince, sans débouché pour les denrées, y fit porter son saint, le fit accréditer. Les chalands accoururent, les miracles arrivèrent, un village d'auprès se peupla, les denrées augmentèrent de prix, et les revenus du baron triplèrent. » <1227 p.317>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Car tout sentiment religieux est un sentiment servile et quiconque s'agenouille devant Dieu se façonne à se prosterner devant un roi. » <t.1 p.119>
« Il n'est pas nécessaire que de pareilles idées soient vraies, il suffit qu'elles nous rendent plus religieux. Dès qu'il n'est pas évident qu'elles sont fausses, il est de la saine philosophie de les admettre par la seule raison qu'elles sont aptes à remplir leur destination qui est, non de nous rendre savants (dans des matières où on ne peut l'être) mais de nous rendre pieux. Ce ne sont pas des conclusions qu'on veut par de tels arguments. On veut des sentiments pour toute conséquence et si les prémices sont propres à les amener, alors on a bien opéré et aussi juste qu'un géomètre qui a déduit un corollaire d'un axiome. » <14 juin 1797 t.1 p.218>
« Si la prière ne change pas notre destin, elle change nos sentiments, utilité qui n'est pas moindre. » <26 novembre 1800 t.1 p.400>
Benjamin CONSTANT / De la religion (1824) / Actes Sud 1999
« Si le sentiment religieux est une folie, parce que la preuve n'est pas à côté, l'amour est une folie, l'enthousiasme un délire, la sympathie une faiblesse, le dévouement un acte insensé. » <Préface, p.31>
Georg Christoph LICHTENBERG / Le miroir de l'âme / Domaine romantique José Corti 1997
« Lorsqu'ils virent qu'ils ne pouvaient point lui faire une tête de catholique, ils résolurent au moins de lui couper sa tête de protestant. » <D 581 p.233>
« Quand une bigote épouse un dévot, cela ne donne pas toujours un couple en éjaculation*. » <F 1133 p.327>
* Éjaculation : Terme de la vie dévote. Nom donné à certaines prières courtes et ferventes, qui se prononcent à quelque occasion passagère, comme si elles se jetaient vers le ciel. (Littré)
Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littéraire 1948-1962 / SNELA La Différence 2002
« Un curé épouse une nonne ; mariage d'oraisons. » <1961 p.216>
« Quelque riche que soit devenue l'Église, elle n'a pas pour cela cessé d'être humble, et, pour montrer cette humilité, elle ne laisse jamais passer une occasion de demander l'aumône. » <Mars 1843, p.232>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« M. de Marcellus, le grand seigneur chrétien, ne communiait à son château qu'avec des hosties timbrées à ses armes. Un jour, le desservant s'aperçut avec terreur que la provision d'hosties armoriées était épuisée. Il se risqua à tendre une hostie commune, plébéienne, l'hostie de tous, à la noble bouche dévote, en s'excusant avec ce mot véritablement admirable : "À la fortune du pot, monsieur de Comte !". » <4 mai 1868 p.149>
« Et je ne fais que traduire les sentiments intimes du peuple de France en disant du cléricalisme ce qu'en disait un jour mon ami Peyrat* : Le cléricalisme ? voilà l'ennemi ! » <Discours sur les menées ultramontaines, prononcé le 4 mai 1877 à la Chambre des députés p.354>
* Alphonse Peyrat (1812-1891) journaliste puis sénateur de la Seine. Il écrivit plusieurs ouvrages sur la question religieuse.
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Qu'on parcoure une à une les thèses morales exposées dans les chartes du christianisme, et l'on trouvera partout que les exigences sont tendues outre mesure, afin que l'homme n'y puisse pas suffire : l'intention n'est pas qu'il devienne plus moral, mais qu'il se sente le plus possible pécheur. » <141 p.522>
Friedrich NIETZSCHE / Le Gai Savoir. (1882-1887) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Encens. - Le Bouddha dit : "Ne flatte pas ton bienfaiteur !" Que l'on répète ces paroles dans une église chrétienne ; - immédiatement elles nettoient l'air de tout ce qui est chrétien. » <142 p.139>
Gustave FLAUBERT / Bouvard et Pécuchet / Garnier-Flammarion 1966
« Le comte objecta que le christianisme, pas moins, avait développé la civilisation. "Et la paresse, en faisant de la pauvreté une vertu. - Cependant, monsieur, la morale de l'Evangile ? - Eh ! eh ! pas si morale ! Les ouvriers de la dernière heure sont autant payés que ceux de la première. On donne à celui qui possède, et on retire à celui qui n'a pas. Quant au précepte de recevoir des soufflets sans les rendre et de se laisser voler, il encourage les audacieux, les lâches et les coquins." » <p 291>
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« La France est catholique parce que la femme est catholique. Et la femme est catholique parce qu'elle n'est pas libre. » <p.1272>
« Nous savons que le prêtre est une gueuse, la procureuse du bon Dieu, une créature qui n'a aucun titre, physique ou moral, à la qualification d'homme. Un homme ne fait pas voeu de chasteté, ne se condamne point au célibat à perpétuité, ne se promène pas dans les rues avec une robe de chienlit, ne se fait pas le receleur moral des détrousseurs de malheureux, ne leur fournit pas toutes les fausses clefs et les couteaux empoisonnés dont ils ont besoin, et n'a pas pour métier d'absoudre le Crime qui vient de lui graisser la patte. Un homme ne représente pas Dieu sur la terre, ne l'avale point tous les matins, comme une huître, entre deux grands coups de vin blanc, et ne passe point son temps à déposer des pains à cacheter dans les gosiers de ses contemporains. L'imbécillité et l'infamie du sacerdoce sont de plus en plus apparents. Nietzsche n'exagérait pas quand il disait que le temps approche vite où le prêtre sera regardé partout comme le type le plus bas, le plus faux, le plus répugnant de toutes les variétés de l'espèce humaine. » <p.1274>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Toutes les religions se ressemblent par la quête. » <20 février 1896 p.255>
« La vie n'était pas si gaie ! La religion a fait de la mort quelque chose de terrible et d'absurde. » <6 mars 1905 p.758>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« La religion est si consolante. On ne doit rien aux gens qui crèvent de misère, puisqu'ils ont la religion pour les consoler. Il ne tient qu'à eux de manger leurs croûtes avec délices ou même de se réjouir en ne mangeant absolument rien. Les ventres creux sont des tambours excellents pour l'entraînement des miséreux à la conquête du Paradis. Tant pis pour eux s'ils ne comprennent pas leur bonheur. » <p.229>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (2) / Mercure de France 1923
« Les hérésies m'ont toujours semblé très curieuses pour l'étude de la psychologie humaine. Cela répond au besoin qu'ont les hommes de limiter la dose d'absurde qu'ils consentent à croire. » <juillet 1901, p.281>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (3) / Mercure de France 1923
« Le christianisme n'a pas inventé la pudeur ; il en a inventé l'hypocrisie. » <août 1902, p.81>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Déluge n. Premier essai remarqué de baptême collectif, qui lessiva tous les péchés (et les pécheurs) de la création. » <p.71>
« Prier v. Demander que les lois de l'univers soient annulées en faveur d'un unique pétitionnaire, indigne de son propre aveu. » <p.225>
Henry BECQUE / L'Esprit d'Henry Becque / nrf Gallimard 1927
« Le déluge n'a pas réussi, il est resté un homme. » <p.119>
Religion, névrose universelle :
« [...] l'homme de croyance et de piété est éminemment protégé contre le danger de certaines affections névrotiques ; l'adoption de la névrose universelle le dispense de la tâche de former une névrose personnelle. » <p.45>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Sans les religions, les sciences n'eussent pas existé, car la tête humaine n'aurait pas été habituée à s'écarter de l'apparence immédiate et constante qui lui définit la réalité » <p.722>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« La religion, comme je disais, est peut-être un instrument de force, mais oppressif seulement. Qu'est-ce qu'un individu qui a besoin de croire pour être fort, et à qui la religion enseigne de se résigner ici-bas, dans l'espoir des jouissances célestes. Le fort est celui qui considère que la vie a son but et sa fin en elle-même et que le bonheur est ici et s'y doit trouver, sans aucun espoir de le trouver dans une autre vie. » <20 février 1906 I p.271>
« Varenne et Dyssord racontent de ces histoires dont on ne sait qui les invente et qui sont souvent fort drôles. Celle-ci par exemple, tout à fait de circonstance après la messe à laquelle nous venons d'assister. Une femme s'approche de l'autel pour communier, tenant un petit enfant dans ses bras. Au moment que le prêtre lui présente l'hostie, l'enfant étend le bras pour la saisir : "Caca !" lui dit le prêtre pour l'arrêter. C'est merveilleux ! À la fois drôle, et à la fois satirique touchant cette merveilleuse religion. » <9 novembre 1923 I p.1381>
« Cérémonie à Saint-Germain-des-Prés. Régnier à côté de moi, séparé par une balustrade. Comme moi, il reste assis au lieu de se lever à plusieurs reprises comme le veut le rite. Je regarde le prêtre qui officie préparer sa communion : le vin dans le ciboire, l'hostie cassée et plongée dans le vin, le ciboire recouvert de la plaquette, le prêtre traçant au-dessus avec la main des signes mystérieux. Absolument comme un prestidigitateur : Messieurs, Mesdames, vous voyez ce chapeau. Il n'y a rien dedans. Je le pose sur cette table. Attention : Un, deux, trois, et le chapeau repris un pigeon s'en échappe. Les pigeons, ici, ce sont les fidèles. » <22 février 1928 I p.2193>
« J'ai raconté à Vallette, tantôt, avec intention, la petite scène de ce Gorgouloff avec son drapeau. "Vous savez, lui ai-je dit, ce n'est pas loin des gens qui saluent drapeau dans la rue." Il s'est tout de suite cabré : "C'est un symbole. On a fait de grandes choses avec les symboles. On a amené les hommes à se sacrifier à une idée. C'est tout de même beau de se sacrifier à une idée." Je ne me suis pas laissé faire : "C'est de l'aliénation mentale. Comme les premiers chrétiens qui se laissaient dévorer pour démontrer leur foi. Des aliénés. Tout ce qui est sentiment religieux est aliénation mentale à un degré ou un autre. L'homme sur le champ de bataille qui court avec entrain à la mort : un aliéné provisoire. L'être qui prête un pouvoir magique, surnaturel, à un objet quelconque : croix, statuette, etc., etc., un aliéné partiel. Tout ce qui est superstition, croyance aveugle, est un degré de folie. » <18 mai 1932 II p.975>
Paul LÉAUTAUD / Passe-temps / OEuvres / Mercure de France 1988
« À un bout de l'an de Guillaume Apollinaire, à Saint-Thomas d'Aquin, dans une chapelle voisine, des gens communiaient. Ils étaient là à genoux devant l'autel. Le prêtre assistant se mit à cracher dans son mouchoir. Celui qui officiait se mettait les doigts dans le nez. Il offrit ensuite, des mêmes doigts, l'hostie à ses clients. Je regardais la physionomie de ces gens retournant s'asseoir, le visage confit en recueillement et précaution. Aucun rapport, décidément, entre le Saint-Esprit et l'esprit. » <p.282>
Henri JEANSON / Jeanson par Jeanson / Ed. René Chateau 2000
« Chacun ses dégoûts. J'aime beaucoup manger du curé. Ne serait-ce que pour avoir le plaisir de le vomir ensuite. » <Le Canard enchaîné, 29 mai 1946, p.297>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Le christianisme, avant tout, console ; mais il y a des âmes naturellement heureuses et qui n'ont pas besoin d'être consolées. Alors, celles-ci, le christianisme commence par les rendre malheureuses, n'ayant sinon pas d'action sur elles. » <p.44>
« Le catholicisme est inadmissible. Le protestantisme est intolérable. Et je me sens profondément chrétien. » <10 février 1912 p.367>
« Les persécutions ont toujours (ou presque), jusqu'à présent, au nom d'une religion. Que la libre pensée à son tour persécute, la religion trouve cela monstrueux. Mais peut-on vraiment dire qu'il y ait persécution ? J'ai toujours quelque peine à accepter pour vrai ce qu'on a tout intérêt à nous faire croire. » <1 juillet 1931 p.1058>
Maurice DONNAY / L'esprit de Maurice Donnay / nrf Gallimard 1926
« On exagère beaucoup les dangers de la libre-pensée. C'est la libre arrière-pensée seulement qui pourrait nous inspirer des craintes. » <p.109>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Nous sommes empoisonnés de religion. Nous sommes habitués à voir des curés qui sont à guetter la faiblesse et la souffrance humaines, afin d'achever les mourants d'un coup de sermon qui fera réfléchir les autres. Je hais cette éloquence de croque-mort. Il faut prêcher sur la vie, non sur la mort ; répandre l'espoir, non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C'est le secret des grands sages, et ce sera la lumière de demain. Les passions sont tristes. La haine est triste. La joie tuera les passions et la haine. Mais commençons par nous dire que la tristesse n'est jamais ni noble, ni belle, ni utile. » <5 octobre 1909 p.61>
Jacques PRÉVERT / Spectacle (1951) / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1992
« Les religions ne sont que les trusts des Superstitions. » <Intermède, p. 377>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n'être pas mort sur un canapé. » <p.789>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le monothéisme judéo-chrétien est le stalinisme de l'Antiquité. » <4 juin 1969 p.736>
Paul LEVY / Quelques aspects de la pensée d'un mathématicien / Albert Blanchard 1970
« Chez moi, c'est l'esprit scientifique qui a détruit la croyance en Dieu ; et je pensais qu'il la détruirait de même chez tous les hommes. J'aurais aussi cru, a priori, que les deux guerres mondiales auraient nui aux religions ; on aurait pu penser que Dieu, s'Il existe, ne les aurait pas permises. C'est le contraire qui s'est produit. En présence de ces catastrophes, on a écouté les voix qui bercent la misère humaine plutôt que celle de la raison. Et pourtant je crois encore que la science finira par nuire aux religions, mais pas comme je l'avais cru d'abord, en démontrant vraiment que Dieu n'existe pas. Mais le développement de l'esprit scientifique amènera de plus en plus les hommes à réexaminer sans cesse les fondements de leurs croyances, et à ne pas croire aveuglément ce qu'on leur a appris dans leur enfance. Il faudra "reconsidérer" les religions, et il me paraît fatal qu'elles résistent mal à ce perpétuel examen. Combien de temps durera leur décadence ? Faudra-t-il quelques générations ou quelques siècles ? Je ne sais pas. Mais je crois que, dans quelques milliers d'années, on ne considérera plus les cathédrales gothiques que comme des vestiges d'une religion disparue, et qu'aucune autre n'aura remplacée. » <p.185-186>
Félix LE DANTEC / L'athéisme / Flammarion 1907
« Ce qu'il y a de plus douloureux devant le mystère de la maladie, c'est de rester inactif ; avoir l'illusion de faire quelque chose est un grand soulagement ; la prière procure ce soulagement à ceux qui croient ; ne leur retirons pas cette consolation, parce que nous n'y pouvons prétendre. » <p.61>
André COMTE-SPONVILLE / Une éducation philosophique / PUF 3e ed 1992
« À un enfant qui meurt, et aux parents de cet enfant, ferez-vous, si la religion les console, l'éloge de l'athéisme ? Qu'on ne se méprenne pas : cela, à mon sens, ne prouve rien contre l'athéisme et beaucoup contre la religion. "L'âme d'un monde sans âme, disait Marx, l'esprit d'un monde sans esprit..." C'est la misère qui fait la religion, et c'est pourquoi celle-ci est misérable. Qui interdirait l'opium au mourant ? Et que sommes-nous d'autres, hors l'oubli ou le divertissement, que des mourants ? » <p.332>
François CAVANNA / Lettre ouverte aux culs-bénits / Albin Michel 1994
« Toutes les religions ont une explication de la "création" du monde, tous les livres sacrés commencent par là. Pas une seule religion n'a soupçonné quelle est la véritable forme de la Terre, la nature du ciel et des étoiles, les lois de la gravitation, les rapports entre la Terre, la Lune, le Soleil et les planètes, la constitution du corps humain, le rôle des micro-organismes dans les maladies, etc. Tous les livres saints, dès qu'ils se mêlent d'expliquer ce monde créé par le dieu qu'ils exaltent, déconnent à perdre haleine. ~ Tout se passe comme si les livres "sacrés", fondements intouchables de la foi, étaient les oeuvres d'ignorants fumeux et prétentieux, d'illuminés en état d'excitation, de monomaniaques en proie à une idée fixe et n'en sachant pas plus sur la nature des choses que ce qu'en savaient les bonnes gens de leur époque. » <p.22-23>
« Dites voir, s'ils l'avaient empalé, leur Jésus-Christ, où les porteraient-ils, les stigmates, les élus de Dieu ? » <p.165>
Roland TOPOR / Pense-bêtes / Le cherche midi éditeur 1992
« Peu à peu, les vieilles religions perdent leur venin, les plus récentes sont les pires. » <p.172>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« J'ai renoncé à trouver un sens à la phrase de Malraux : "Le vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas", et je ne crois pas qu'elle en ait un. En effet, religieux ou pas, le vingt et unième siècle sera. Mais il risque (et en cela Malraux pourrait avoir raison) d'être plus religieux que le vingtième, dans lequel les idéologies avaient pris en partie la place de la foi pour justifier le besoin humain d'exterminer des mécréants, et de s'en inventer s'il le faut. » <p.400>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« En matière de religion, j'éprouve quelque peine à admettre que le monde ait vécu dans le paganisme et l'obscurantisme durant des millions d'années et que le vrai Dieu ne se soit manifesté que voilà deux mille ans, c'est-à-dire hier. » <p.93>
Jean YANNE / Pensées, répliques, textes et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1999
« Si Jésus était mort empalé plutôt que crucifié, il n'y aurait plus que les paratonnerres sur les églises. » <p.59>
Jean-Marie GOURIO / Brèves de comptoir (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 2002
« Pour crucifier Bouddha, faut déjà le soulever ... » <p.753>
Robert JOLY / Dieu vous interpelle ? Moi, il m'évite... / Editions EPO 2000
« Très brièvement, la religion est la technique de l'intervalle. Entre ce que l'homme peut se procurer par ses propres moyens, par la technique, la technologie au sens courant (A) et ce qu'il voudrait obtenir ou rêve d'obtenir, il y a un intervalle, lequel est comblé par une technique spécifique, tout autre (B), la religion. La technique B est fonction de la technique A : quand le feu était très difficile à obtenir et à entretenir, la technique B s'en occupait beaucoup. Aujourd'hui qu'on n'a plus qu'à craquer une allumette... Celui qui ferait sérieusement le signe de croix avant d'allumer son briquet serait un superstitieux, réprouvé par ses frères de croyance. Quand la technique A progresse sur un point, la technique B y régresse. C'est ce qui explique que les rogations aient disparu pratiquement autour de nous ; elles survivaient encore dans mon enfance. Les intervalles évoluent : les uns s'en vont ; d'autres s'installent... Ce qui oblige les religions à évoluer, même si cela ne leur plaît guère. Les plus intellectualisées passent leur temps à nier l'évolution ou à la minimaliser quand elle n'est plus niable, et aussi à s'y opposer le plus possible dans d'incessants combats de retardement : voyez l'exégèse catholique et les problèmes éthiques. Il y aura toujours des intervalles - ne serait-ce que le bonheur et la mort - et c'est très bien ainsi, mais cela veut dire qu'il y aura toujours place pour l'attitude religieuse. L'athée n'attend plus la mort de la religion pour le siècle prochain. » <p.52>