« Il est vray semblable que le principal credit des miracles, des visions, des enchantemens et de tels effects extraordinaires, vienne de la puissance de l'imagination agissant principalement contre les ames du vulgaire, plus molles. On leur a si fort saisi la creance qu'ils pensent voir ce qu'ils ne voyent pas. » <t.1 p.102 livre I chap.XXI>
Impossibilité des miracles :
« Pourquoi Dieu ferait-il un miracle ? Pour venir à bout d'un certain dessein sur quelques êtres vivants ! Il dirait donc : "Je n'ai pu parvenir par la fabrique de l'univers, par mes décrets divins, par mes lois éternelles, à remplir un certain dessein ; je vais changer mes éternelles idées, mes lois immuables, pour tâcher d'exécuter ce que je n'ai pu faire par elles." Ce serait un aveu de sa faiblesse, et non de sa puissance. Ce serait, ce semble, dans lui la plus inconcevable contradiction. » <p.315>
« Nommez-moi un peuple chez lequel il ne soit pas opéré des prodiges incroyables, surtout dans des temps où l'on savait à peine lire et écrire. » <p.316>
« Ceux qui fortifient leurs raisonnements par la science vous diront que les Pères de l'Église ont avoué souvent eux-mêmes qu'il ne se faisait plus de miracles de leur temps. Saint Chrysostome dit expressément : "Les dons extraordinaires de l'esprit étaient donnés même aux indignes, parce que l'Église avait besoin de miracles ; mais aujourd'hui ils ne sont pas même donnés aux dignes, parce que l'Église n'en a plus besoin." Ensuite il avoue qu'il n'y a plus personne qui ressuscite les morts, ni même qui guérisse les malades. » <p.318>
« Un gouvernement théocratique ne peut être fondé que sur des miracles ; tout doit y être divin. Le grand souverain ne parle aux hommes que par des prodiges ; ce sont là ses ministres et ses lettres patentes. » <p.581>
Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891) / Berger-Levrault 1892
« Mme DU DEFFANT - Nierez-vous, Madame, lui disait le cardinal de Polignac, que saint Denis décapité ait porté sa tête entre les mains pendant une lieue ? - Que me fait une lieue, dit-elle ! Il n'y a que le premier pas qui coûte. » <p.196>
« Tous les peuples ont de ces faits, à qui, pour être merveilleux il ne manque que d'être vrais ; avec lesquels on démontre tout, mais qu'on ne prouve point ; qu'on n'ose nier sans être impie, et qu'on ne peut croire sans être imbécile. » <48 p.34>
Alexandra DAVID-NÉEL / Mystiques et magiciens du Tibet / Plon 1929 Pocket 1921
« Un jour, le Bouddha voyageant avec quelques-uns de ses disciples rencontra un yoguin émacié, seul, dans une hutte au milieu de la forêt. Le Maître s'arrêta et s'enquit du temps pendant lequel l'ascète avait vécu à cet endroit pratiquant des austérités. "Vingt-cinq années, répondit le yoguin. - Et quel résultat avez-vous obtenu après de si durs efforts, demanda encore le Bouddha. - Je suis capable de traverser une rivière en marchant sur l'eau, déclara fièrement l'anachorète. - Ah ! mon pauvre ami ! répliqua le Sage avec commisération. Avez-vous vraiment gaspillé tant de temps pour cela, alors qu'il suffit d'une obole pour être transporté dans le bac du passeur !" » <p.223>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« "Ce qu'il y a de plus extraordinaire peut-être dans le besoin de l'extraordinaire, c'est que c'est, de tous les besoins de l'esprit, celui qu'on a le moins de peine à contenter." (Nodier. Ossianisme.-Examen critique des Dictionnaires.) » <p.143>
Michel AUDIARD / Audiard par Audiard / Ed. René Chateau 1995
« De 1858 à 1972, guérisons miraculeuses à Lourdes reconnues par les autorités médicales : trente-quatre. Guérisons miraculeuses constatées par les autorités religieuses : soixante-douze. Accidents mortels de circulation sur la route du pèlerinage : quatre mille deux cent soixante-douze. » <Vive la France, p.108>