Saint AUGUSTIN / Les Confessions / OEuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1998
« Voici ma réponse à l'objection : "Que faisait Dieu, avant de créer le ciel et la terre ?" Je ne veux pas faire cette réponse badine qui fut proposée un jour, dit-on, pour éluder cette redoutable question : "Dieu préparait l'enfer pour les curieux" ; plaisanter est une chose, réfléchir en est une autre. » <Livre XI, xii, 14 p.1038>
François RABELAIS / Le Tiers Livre / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1955
« En ceste façon nostre âme, lorsque le corps dort et que la concoction [= digestion] est de tous endroictz parachevée, rien plus n'y estant nécessaire jusques au réveil, s'esbat et reveoit sa patrie, qui est le ciel. De là receoit participation insigne de sa prime et divine origine, et en contemplation de ceste infinie et intellectuale sphære, le centre de laquelle est en chascun lieu de l'univers, la circunférence poinct (c'est Dieu scelon la doctrine de Hermès Trismegistus) à laquelle rien ne advient, rien ne passe, rien ne déchet, tous temps sont præsens, note non seulement les choses passées mouvemens inférieurs, mais aussi les futures, et, les raportent à son corps, et par les sens et organes d'icelluy les exposant aux amis, est dicte vaticinatrice et prophète. » <Chapitre XIII, p.371>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Que l'homme contemple [...] la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre ; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part*. » <Premère partie, chapitre I, Disproportion de l'homme. p.1105>
* Contrairement aux (mauvaises) citations qu'on lit parfois, pour Pascal, ce n'est pas Dieu, mais la nature qui est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Le texte de la Pléiade est identique à celui de l'édition de 1670 (Chapitre XXII Connaissance générale de l'homme, p.170).
DESCARTES / Discours de la méthode / OEuvres philosophiques Tome I / Garnier 1963
Argument ontologique :
« Car, par exemple, je voyais bien que, supposant un triangle, il fallait que ses trois angles fussent égaux à deux droits ; mais je ne voyais rien pour cela qui m'assurât qu'il y eut au monde aucun triangle. Au lieu que, revenant à examiner l'idée que j'avais d'un Être parfait, je trouvais que l'existence y était comprise, en même façon qu'il est compris en celle d'un triangle que ses trois angles sont égaux à deux droits, ou en celle d'une sphère que toutes ses parties sont également distantes de son centre, ou même encore plus évidemment ; et que par conséquent, il est pour le moins certain, que Dieu, qui est cet Être parfait, est ou existe, qu'aucune démonstration de géométrie le saurait être. » <Quatrième partie p.608>
« De toutes les réfutations de l'argument ontologique, la plus vigoureuse semble exprimée par la simple question : "Mais qui a jamais dit que l'existence était une perfection ?" Une fois admis que la pureté absolue consiste dans le Non-être, la plus grande perfection de Dieu serait alors de ne pas exister. Le fait de le penser (ou de pouvoir le penser) comme existant serait l'effet de notre étroitesse d'esprit, capable en lui attribuant l'existence de salir ce qui a le droit suprême et la chance inimaginable de ne pas être. » <Sur l'être, p.29>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'impossibilité où je suis de prouver que Dieu n'est pas me découvre son existence. » <p.452 XVII (13)>
« La religion est vraie, ou elle est fausse : si elle n'est qu'une vaine fiction, voilà, si l'on veut, soixante années perdues pour l'homme de bien, pour le chartreux ou le solitaire : ils ne courent pas un autre risque. Mais si elle est fondée sur la vérité même, c'est alors un épouvantable malheur pour l'homme vicieux : l'idée seule des maux qu'il se prépare me trouble l'imagination ; la pensée est trop faible pour les concevoir, et les paroles trop vaines pour les exprimer. Certes, en supposant même dans le monde moins de certitude qu'il ne s'en trouve en effet sur la vérité de la religion, il n'y a point pour l'homme un meilleur parti que la vertu. » <p.461 XVII (35)>
MONTESQUIEU / Spicilège / OEuvres complètes II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Mystère de la Grâce. On voit dans la même chaire Dieu tendre la main au pécheur le plus endurci et réprouver le juste pour quelques fautes. » <p.1307>
Nécessité pratique de l'existence de Dieu :
« Je ne voudrais pas avoir affaire à un prince athée, qui trouverait son intérêt à me faire piler dans un mortier : je suis bien sûr que je serais pilé. Je ne voudrais pas, si j'étais souverain, avoir affaire à des courtisans athées, dont l'intérêt serait de m'empoisonner : il me faudrait prendre au hasard du contre-poison tous les jours. Il est donc absolument nécessaire pour les princes et pour les peuples, que l'idée d'un Etre suprême, créateur, gouverneur, rémunérateur et vengeur, soit profondément gravée dans les esprits. » <p.43 article Athée, Athéisme>
« Le grand objet, le grand intérêt, ce me semble, n'est pas d'argumenter en métaphysique, mais de peser s'il faut, pour le bien commun de nous autres animaux misérables et pensants, admettre un Dieu rémunérateur et vengeur, qui nous serve à la fois de frein et de consolation, ou de rejeter cette idée en nous abandonnant à nos calamités sans espérances, et à nos crimes sans remords. » <p.518>
Insuffisance de la justice humaine :
« Dès que les hommes vécurent en société, ils durent s'apercevoir que plusieurs coupables échappaient à la sévérité des lois. Ils punissaient les crimes publics : il fallut établir un frein pour les crimes secrets ; la religion seule pouvait être ce frein. » <p.178>
Le supérieur ne peut provenir de l'inférieur :
« Nous sommes des êtres intelligents ; or des êtres intelligents ne peuvent avoir été formés par un être brut, aveugle, insensible : il y a certainement quelques différences entre les idées de Newton et des crottes de mulet. L'intelligence de Newton venait donc d'une autre intelligence. » <p.459-460>
Argument d'intention : Toute machine a un constructeur :
« Quand nous voyons une belle machine, nous disons qu'il y a un bon machiniste, et que, ce machiniste a un excellent entendement. Le monde est assurément une machine admirable : donc il y a dans le monde une admirable intelligence, quelque part où elle soit. Cet argument est vieux et n'en est pas plus mauvais. » <p.460>
Argument d'autorité :
« ... Spinosa lui-même admet cette intelligence, c'est la base de son système. Vous ne l'avez pas lu et il faut le lire. Pourquoi voulez-vous aller plus loin que lui, et plonger par un sot orgueil votre faible raison dans un abîme où Spinosa n'a pas osé descendre ? » <p.461>
Sur les idolâtres :
« L'erreur n'était pas d'adorer un morceau de bois ou de marbre, mais d'adorer une fausse divinité représentée par ce bois et ce marbre. La différence entre eux et nous n'est pas qu'ils eussent des images et que nous n'en ayons point : la différence est que leurs images figuraient des êtres fantastiques dans une religion fausse, et que la nôtre figurent des êtres réels dans une religion véritable. » <p.238>
« Si les cieux, dépouillés de son empreinte auguste, Pouvaient cesser jamais de le manifester, Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. » <Épitre CXI, À l'auteur du livre des trois imposteurs, p.265>
« Il y a des gens dont il ne faut pas dire qu'ils craignent Dieu, mais bien qu'ils en ont peur. » <8 p.20>
« Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. » <16 p.42>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« À propos des choses de ce bas monde, qui vont de mal en pis, M... disait : "J'ai lu quelque part, qu'en politique il n'y avait rien de si malheureux pour les peuples que les règnes trop longs. J'entends dire que Dieu est éternel ; tout est dit." » <769 p.223>
« Les gens qui aiment la dispute devraient ne disputer que sur ce qu'ils ne peuvent jamais éclaircir ; alors la dispute serait intéressante, parce qu'elle serait interminable. Mais disputer sur l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme, la vie future, etc., ce n'est pas la peine. Il n'y a qu'à attendre. » <Pensées, p.1383>
Victor HUGO / Choses vues / Histoire / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1987
« M. Arago avait une anecdote favorite. Quand Laplace eut publié sa Mécanique céleste, disait-il, l'empereur le fit venir. L'empereur était furieux. " - Comment, s'écria-t-il en apercevant Laplace, vous fait tout le système du monde, vous donnez les lois de toute la création et dans tout votre livre vous ne parlez pas une seule fois de l'existence de Dieu ! - Sire, répondit Laplace, je n'avais pas besoin de cette hypothèse." » <p.686>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Il y a des gens qui admirent Dieu en tout : s'il a fait des champignons vénéneux, c'est pour être la providence des faits divers. » <16 août 1865 p.1185>
Le Comte de LAUTRÉAMONT / Les chants de Maldoror (1869) / GF 528 - Flammarion 1990
« L'Éternel a créé le monde tel qu'il est : il montrerait beaucoup de sagesse si, pendant le temps strictement nécessaire pour briser d'un coup de marteau la tête d'une femme, il oubliait sa majesté sidérale, afin de nous révéler les mystères au milieu desquels notre existence étouffe, comme un poisson au fond d'une barque. » <II 3 p.139>
Friedrich NIETZSCHE / Le Gai Savoir. (1882-1887) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« "Est-il vrai que le bon Dieu est présent partout ? demanda une petite fille à sa mère : mais je trouve cela inconvenant." - Une indication pour les philosophes ! » <p.32>
« Luttes nouvelles. - Après la mort de Bouddha, l'on montra encore pendant des siècles son ombre dans une caverne, - une ombre énorme et épouvantable. Dieu est mort : mais, à la façon dont sont faits les hommes, il y aura peut-être encore pendant des milliers d'années des cavernes où l'on montrera son ombre. - Et nous - il nous faut encore vaincre son ombre ! » <108 p.121>
« Si Dieu avait voulu devenir un objet d'amour, il aurait dû commencer par renoncer à rendre la justice : - un juge, et même un juge clément, n'est pas un objet d'amour. » <140 p.138>
Michel ONFRAY / Traité d'athéologie / Grasset & Fasquelle 2005
« Dieu respire encore. Dieu est mort ? Cela reste à voir... Pareille bonne nouvelle aurait produit des effets solaires dont on attend toujours, et en vain, la moindre preuve. En lieu et place d'un champ fécond découvert par une pareille disparition on constate plutôt le nihilisme, le culte du rien, la passion pour le néant, le goût morbide du nocturne des fins de civilisations, la fascination pour les abîmes et les trous sans fond où l'on perd son âme, son corps, son identité, son être et tout intérêt à quoi que ce soit. Tableau sinistre, apocalypse déprimante... » <p.37>
« Les preuves de l'existence de Dieu, par Guibollard : - Voyons, si Dieu n'existait pas, comment aurait-il eu un fils ? » <p.154>
Jean-Marie GOURIO / Brèves de comptoir (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 2002
« Si Dieu meurt, c'est Jésus qui hérite de tout ! » <p.317>
Charles BAUDELAIRE / Fusées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1975
« Dieu est le seul être qui, pour régner, n'ait même pas besoin d'exister. » <p.649>
Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Riposteurs (1893) / Berger-Levrault 1893
« Présenté par Arsène Houssaye à Louis Veuillot, Baudelaire dit à brûle-pourpoint avec le ton incisif qui lui était particulier quand il voulait stupéfier : - Je ne crois pas en Dieu. - Oh ! qu'il en sera contrarié ! fait Veuillot d'un air dolent. » <p.134>
« Entendant dire que Dieu avait fait l'homme à son image, Fontenelle murmura : - L'homme le lui a bien rendu. » <p.39>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« Dieu, pour se prouver, devait faire la faim plus rare et le meurtre moins facile. » <Cinquante pensées noires, p.113>
« Quand le bon Dieu, sortant enfin de son antique routine, se résolut à mettre un peu d'ordre dans le chaos, il s'occupa d'abord de séparer la Lumière des Ténèbres. Les mémoires de l'époque sont assez chiches de détails sur la façon dont s'opéra cette division. Les ecclésiastiques prétendent que le Créateur n'eut qu'à prononcer les mots Fiat lux et que la lumière fut ; mais pour tout homme un peu versé dans la pratique des sciences physiques, il est clair que les choses ne s'accomplirent pas aussi facilement. Quoi qu'il en soit, l'opération laissa fort à désirer. La science actuelle, qui a déjà construit des appareils photographiques infiniment plus parfaits que l'oeil humain, est en train de reconnaître le peu de conscience ou tout au moins l'étrange ignorance dont Dieu fit preuve en cette occasion. Dieu, à qui nous reconnaissons, d'ailleurs, une foule d'autres mérites, a agi, dans tout cela, comme un enfant. » <Le Journal, 28 février 1896 p.301>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Dieu, celui que tout le monde connaît, de nom. » <14 avril 1894 p.171>
« Je croirai à tout ce qu'on voudra, mais la justice de ce monde ne me donne pas une rassurante idée de la justice dans l'autre. Dieu, je le crains, fera encore des bêtises : il accueillera les méchants au Paradis et foutra les bons dans l'Enfer. Un chat qui dort vingt heures sur vingt-quatre, c'est peut-être ce que Dieu a fait de plus réussi. Oui, Dieu existe, mais il n'y entend rien, pas plus que nous. Ah ! il l'a, lui, le divin sourire ! C'est à nous de réparer ses injustices ! Nous sommes plus que des dieux. J'ignore s'il existe, mais il vaudrait mieux, pour son honneur, qu'il n'existât point. » <26 janvier 1906 p.812>
« Dieu, modeste, n'ose pas se vanter d'avoir créé le monde. » <3 septembre 1906 p.845>
« Très attaqué, Dieu se défend par le mépris, en ne répondant pas. » <28 janvier 1908 p.913>
Paul-Jean TOULET / Monsieur du Paur homme public / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« On raconte que Dieu a créé l'homme à son image. Il nous a donné là une faible idée de ses charmes. Toutes fois que je rencontre N... qui est bas de ventre, court-jambé, avec une tête piriforme et des aubergines pour mains, j'ai envie de lui dire : Est-ce que vous n'avez pas honte de représenter la divinité de cette façon-là ? » < §a p.262>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« C'est encore adorer ses Dieux que de leur jeter des pierres. » <p.288>
Alfred JARRY / La chandelle verte / OEuvres / Bouquins, Robert Laffont 2004
« La machine remplace fort bien Dieu. Elle est en progrès sur Dieu pour cette raison, que l'homme l'a construite non à son image, mais d'une puissance inattendue. » <15 juin 1903, p.1019>
Antoine de SAINT-EXUPÉRY / Carnets / folio Gallimard 1999
« Que m'importe que Dieu n'existe pas ! Dieu donne à l'homme de la divinité. » <p.106>
Albert EINSTEIN / Pensées intimes / Éditions du Rocher 2000
« Je ne crois pas en un Dieu personnel et je ne l'ai jamais caché. Bien au contraire, je l'ai exprimé clairement. S'il y a quelque chose en moi qui peut être qualifié de religieux, c'est l'admiration sans limites pour la structure du monde, pour autant que la science soit en mesure de la révéler. » <Lettre à un admirateur, 22 mars 1954, Archives Einstein 39-525. p.144>
Dieu ne joue pas aux dés.
« La mécanique des quanta est tout à fait digne de considération. Mais une voix intérieure me dit que ce n'est pas le vrai Jacob. La théorie a beaucoup à offrir, mais elle ne nous rapproche guère des secrets de l'Ancien. En tout cas, je suis convaincu qu'Il ne joue pas aux dés. » <Lettre à Max Born, 4 décembre 1926, Archives Einstein 8-180.p.153>
André GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Il est bon de laisser croire à l'enfant que Dieu le voit, car il doit agir comme sous le regard de Dieu et faire de cela sa conscience. » <10 avril 1942 p.114>
Paul VALÉRY / Mélange (1939) / OEuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1957
« L'homme vaut-il la peine de déranger un Dieu pour le "créer" ? » <p.314>
Paul VALÉRY / Mauvaises pensées et autres / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« EX NIHILO : Dieu a tout fait de rien. Mais le rien perce. » <p.907>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« Je me disais en descendant qu'il n'est décidément pas drôle d'être né à cette époque, bien que toutes aient dû se valoir et avoir leurs événements embêtants. Etre né Adam, par exemple, Adam avec Eve. Il est vrai qu'ils devaient être assommés par le Seigneur, avec ses observations à chaque instant : "Vous abîmez le jardin. Marchez dans les allées. Faites attention aux fleurs, etc., etc." Pas moyen d'être tranquilles. » <6 août 1936 II p.1677>
Woody ALLEN / Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la culture. Opus 2. / Solar 1973
« Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez d'avoir un plombier pendant le week-end ! » <p.43>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Je ne puis me satisfaire du nihilisme absolu de Roger Martin du Gard. Je ne m'en écarte pas, ne le repousse pas, mais prétends passer outre, le traverser. C'est par-delà, que je veux reconstruire. Il me parait monstrueux que l'homme ait besoin de l'idée de Dieu pour se sentir d'aplomb sur terre ; qu'il soit forcé de consentir à des absurdités pour édifier quoi que ce soit de solide ; qu'il se reconnaisse incapable d'exiger de lui-même ce qu'obtenaient artificiellement de lui des convictions religieuses, de sorte qu'il laisse aller tout à néant sitôt qu'on dépeuple son ciel. » <20 octobre 1927 p.854>
Raymond QUENEAU / Journaux (1914-1965) / nrf Gallimard 1996
« L'infini n'existe pas. L'univers est fini quoique illimité. Il n'y a pas de place pour Dieu. » <18 mai 1920 p.65>
François JACOB / Le jeu des possibles / Fayard 1981
Contre l'argument d'intention :
« Tout au long de l'Origine des espèces, Darwin insiste sur les imperfections de structure et de fonction du monde vivant. Il ne cesse de souligner les bizarreries, les solutions étranges qu'un Dieu raisonnable n'aurait jamais utilisées. Et l'un des meilleurs arguments contre la perfection vient de l'extinction des espèces. On peut estimer à plusieurs millions le nombre des espèces animales vivant actuellement. Mais le nombre des espèces qui ont disparu après avoir peuplé la terre à une époque ou une autre doit, d'après un calcul de G.G. Simpson, s'élever à quelques cinq cents millions au moins. » <p.70>
Philippe BOUVARD / Maximes au minimum / Robert Laffont 1984
« Si Dieu nous avait vraiment fait à son image, il y aurait moins de chirurgiens esthétiques. » <p.37>
Roland TOPOR / Pense-bêtes / Le cherche midi éditeur 1992
François CAVANNA / Lettre ouverte aux culs-bénits / Albin Michel 1994
« Que Dieu existe ou non n'a aucune importance. Il ne s'ensuit aucune influence sur notre conduite. Dieu, par définition, est inconnaissable. Sa nature et, à plus forte raison, ses desseins, ne nous sont pas accessibles. Si vraiment il existe et nous a voulus tels que nous sommes, c'est-à-dire incapables de le concevoir tout en étant torturés par la question de son existence et par celle de nos fins dernières, laissons-lui le soin de gérer tout cela. Il l'a créé ? Qu'il s'en démerde ! » <p.14>
« Si vraiment ce monde où nous sommes a été créé, créé par quelqu'un qu'il est convenu d'appeler Dieu, alors tout se passe comme si ce personnage doué du pouvoir de créer (par définition) était un arriéré mental incohérent et brouillon, un impulsif à tendances sadiques, un caractériel infantile... En somme, un enfant dieu débile et dangereux qu'on aurait isolé dans un coin lointain d'univers pour qu'il fiche la paix au monde en faisant joujou sur son tas de sable à arracher les pattes des mouches. Les mouches, c'est nous. » <p.135>
José ARTUR / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1993
« Dieu ne recevra jamais le prix Nobel de la paix. » <p.23>
« "Mon Dieu, soyez humain" est l'invocation la plus bête du monde. » <p.39>
COLUCHE / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« Dieu a créé l'homme à son image, et la gonzesse à l'idée qu'il s'en faisait, ça peut paraître dégueulasse, mais ça partait d'un bon sentiment. » <p.154>
Emil CIORAN / Des larmes et des saints (1937) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Il m'arrive d'éprouver une sorte de stupeur à l'idée qu'il ait pu exister des "fous de Dieu", qui lui ont tout sacrifié, à commencer par leur raison. Souvent il me semble entrevoir comment on peut se détruire pour lui dans un élan morbide, dans une désagrégation de l'âme et du corps. D'où l'aspiration immatérielle à la mort. Il y a quelque chose de pourri dans l'idée de Dieu ! » <p.311>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Il tombe sous le sens que Dieu était une solution, et qu'on n'en trouvera jamais une aussi satisfaisante. » <p.1340>
Gustave LE BON / Aphorismes du temps présent (1913) / Paris, Les amis de G. Le Bon 1978 [BnF]
« Il ne faut pas croire à la multiplicité des dieux. Sous des noms divers, les hommes de tous les âges n'ont guère adoré qu'une divinité : l'Espérance. » <p.207>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Qu'adviendra-t-il de l'humanité si, dans un siècle ou dans un millénaire, l'homme s'avisait avec certitude que Dieu n'existe pas ? Les religions - et les guerres qu'elles ont suscitées - deviendraient sans objet, la moitié de la littérature n'aurait plus aucun sens, des centaines de partitions seraient privées de leur substance, des milliers de tableaux deviendraient ridicules, les trois quarts de la morale s'écrouleraient tandis que des dizaines de milliers de professionnels de la génuflexion se retrouveraient à la rue. On conserverait la foi pour moins que cela. » <p.88>
« Si Dieu n'existe pas, je plains ceux qui, pour conquérir là-haut un paradis hypothétique, ont transformé ici-bas leur vie en un enfer de contraintes et de renoncements. » <p.116>
« Si l'homme est vraiment ce que le créateur a fait de mieux, ça ne vaut pas la peine de s'agenouiller devant lui. » <p.122>
Pierre PERRET / Les pensées / Le cherche midi éditeur 1997
« Trouvez-moi un seul curé pressé d'aller au paradis ! » <p.147>
François NOURISSIER / À défaut de génie / nrf Gallimard 2000
« La rhétorique de la foi, la majuscule mise à Dieu et même à Ses pronoms personnels, la déférence qui entoure, où qu'on regarde, les zélateurs du sentiment religieux, tout ce battage métaphysique me paraît appartenir, mystérieusement, au même ordre que la convention qui confère leur valeur vénale à l'or, au diamant, au saphir, à l'émeraude. Cailloux ! Simples conventions, mises au point en leur temps par des négociants, par commodité, et qu'on s'étonne de voir encore respectées. » <p.102>
Robert JOLY / Dieu vous interpelle ? Moi, il m'évite... / Editions EPO 2000
« "Expliquer" l'univers par un Créateur n'est en aucune façon une explication. Nous connaissons l'univers, au moins en partie, et déjà pas mal, et de plus en plus. Un Dieu créateur est lui, totalement inconnu et inexplicable. On n'explique pas le peu (admettons) connu par l'inconnaissable. Cela ne revient qu'à multiplier l'obscurité, obscurum per obscurius. » <p.30>
Jean YANNE / Je suis un être exquis / Le cherche midi éditeur 2001
« - Vous avez lu l'Ancien Testament ? - Non. Qui a hérité ? » <p.47>
Jean L'ANSELME / Pensées et Proverbes de Maxime Dicton / Rougerie 1991
« Il en est de Dieu comme du Père Noël, on a tout à gagner à y croire en oubliant d'être adulte le plus longtemps possible. » <p.82>