Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Le roman est une épopée subjective dans lequel l'auteur se permet de traiter le monde à sa manière. La question est seulement de savoir s'il a une manière à lui ; le reste se trouve de soi-même. » <p.41>
STENDHAL / Vie de Henry Brulard / OEuvres intimes II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1982
« Un roman est comme un archet, la caisse du violon qui rend les sons c'est l'âme du lecteur. » <p.699>
Théophile GAUTIER / Mademoiselle de Maupin (1835) / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1995
« Un roman a deux utilités : - l'une matérielle, l'autre spirituelle. Si l'on peut se servir d'une pareille expression à l'endroit d'un roman. - L'utilité matérielle, ce sont d'abord les quelques mille francs qui entrent dans la poche de l'auteur, et le lestent de façon que le diable ou le vent ne l'emporte ; pour le libraire, c'est un beau cheval de race qui piaffe et saute avec son cabriolet d'ébène et d'acier, comme dit Figaro ; pour le marchand de papier, une usine de plus sur un ruisseau quelconque, et souvent le moyen de gâter un beau site ; pour les imprimeurs, quelques tonnes de bois de campêche, pour se mettre hebdomadairement le gosier en couleur ; pour le cabinet de lecture, des tas de gros sous très prolétairement vert-de-grisés, et une quantité de graisse, qui, si elle était convenablement recueillie et utilisée, rendrait superflue la pêche de la baleine. - L'utilité spirituelle est, que, pendant qu'on lit des romans, on dort, et on ne lit pas de journaux utiles, vertueux et progressifs, ou telles autres drogues indigestes et abrutissantes. Qu'on dise après cela que les romans ne contribuent pas à la civilisation. » <Préface, p.191>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.3) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Je le répète, à l'heure présente, la lecture d'un roman, et d'un très bon roman, n'est plus pour moi une lecture captivante et il me faut un effort pour l'achever. Oui, maintenant, j'ai une espèce d'horreur de l'oeuvre imaginée, je n'aime plus que la lecture de l'histoire, des mémoires, et je trouve même que dans le roman bâti avec du vrai, la vérité est déformée par la composition. » <25 avril 1892, p.698>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Roman-feuilleton n. Ouvrage littéraire qui consiste en général en une histoire de pure imagination, et dont la publication s'étend sur divers quotidiens et magazines. Chaque nouvel épisode est précédé d'un "résumé des chapitres précédents" à l'intention de ceux qui ne les ont pas lus, mais ce qui fait cruellement défaut, c'est un résumé des chapitres suivants pour ceux qui n'ont pas l'intention de les lire. En fait, un simple résumé de l'ensemble de l'ouvrage serait hautement préférable. » <p.249>
Louis-Ferdinand CÉLINE / Louis-Ferdinand Céline vous parle (1957) / Romans (2) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1996
« Du temps de Balzac, on apprenait la vie d'un médecin de campagne dans Balzac ; du temps de Flaubert, la vie de l'adultère dans Bovary, etc., etc. Maintenant nous sommes renseignés sur tous ces chapitres, énormément renseignés : et par la presse, et par les tribunaux, et par la télévision, et par les enquêtes médico-sociales. Oh ! il y en a des histoires, avec des documents, des photographies... Il n'y a plus besoin de tout ça. Je crois que le rôle documentaire, et même psychologique, du roman est terminé, voilà mon impression. Et alors, qu'est-ce qui lui reste ? Eh bien, il ne lui reste pas grand chose, il lui reste le style, et puis les circonstances où le bonhomme se trouve. » <p.932>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Il faut rendre cette justice à Dumas qu'entre le beau et le vraisemblable il a toujours préféré le beau. Qui est plus grandiose. Un romancier n'est pas obligé de tolérer les caprices de l'histoire de France. L'histoire propose, le romancier dispose. La vraisemblance a souvent tort d'avoir raison. Un romancier doit être impitoyable. » <429 - 23 mai 1961 p.961>
André COMTE-SPONVILLE / L'amour la solitude / Ed. Paroles d'Aube 1996
« Quand on est très jeune, les romans sont utiles : il faut bien rêver la vie, avant de la vivre. Mais après ? La vie est un roman suffisant, non ? Il y a bien longtemps, même, que je ne relis plus Proust ou Flaubert. Les poètes, oui. Les journaux intimes, les mémoires, les correspondances, oui aussi, parfois. Mais les romans, non. » <p.54>