Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Accroissement de l'intéressant. Au fur et à mesure que sa culture s'accroît, tout devient intéressant pour l'homme, il sait rapidement trouver le côté instructif d'une chose et saisir le point où elle peut combler une lacune de sa pensée ou confirmer une de ses idées. Ainsi disparait de jour en jour l'ennui, ainsi aussi l'excitabilité excessive du coeur. Il finit par circuler parmi les hommes comme un naturaliste parmi les plantes, et par s'observer lui-même comme un phénomène qui n'excite fortement que son instinct de connaître. » <254 p.577>
Paul-Jean TOULET / Notes de littérature / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Aux nouveaux riches : Quand on vous reproche une faute de français, répondez que c'est un latinisme. » <p.957>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« On a trop réduit la connaissance de la langue à la simple mémoire. Faire de l'orthographe le signe de la culture, signe des temps et de sottise. » <p.481>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« On parle à tout instant de réformer l'orthographe. Je ne cesse de me demander pourquoi. Pour simplifier, me dit-on ; pour savoir écrire "bicyclette" ; ou "diphtérie". Je n'en vois pas l'intérêt. Où serait le plaisir ? ... Autant simplifier le bridge ou décompliquer le mont Blanc ! Hésitez-vous sur le nombre de t de bicyclette, sur les y de diphtérie ? Écrivez hardiment "bicyclete", "dyphtérye", tout le monde vous comprendra quand même. Sans doute, me dira-t-on, mais on passe pour un idiot. Et puis après ? N'est-ce pas plus noble et plus convenable que de se parer des plumes de la corneille ? Est-il si beau de savoir l'orthographe ? En avez-vous à ce point le fétichisme ? Les vrais grands hommes ne savent pas l'orthographe ! Imaginez-vous Henri IV, Louis XIV, ou Bonaparte, ou même simplement Saint-Simon, ou Ravaillac, écrivant proprement ? discutant du pluriel des noms à trait d'union ? Que de temps perdu ! Ils allaient au plus court, au bout de la phrase, à la victoire, au crime urgent ! » <182 - 17 juillet 1956 p.418>
Sacha GUITRY / Elles et Toi / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Quand on dit d'une femme qu'elle est cultivée, je m'imagine qu'il lui pousse de la scarole entre les jambes et du persil dans les oreilles. » <p.102>
« Elle m'avait dit un jour : - Chéri, est-ce que tu savais qu'oroscope, idrogène, ipocrite et arpie ne sont pas dans le dictionnaire ? » <p.113>
Hanns JOHST / Schlageter, Er starb für Deutschland / Berlin 1933
« Wenn ich Kultur höre ... entsichere ich meinen Browning !* [Quand j'entends le mot "culture" ... je sors mon révolver !] » <Acte I scène i >
* Citation préférée d'Hermann Goering.
Antoine de SAINT-EXUPÉRY / Terre des hommes / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1959
« Il se forme une piètre opinion de la culture celui qui croit qu'elle repose sur la mémoire des formules. Un mauvais élève du cours de Spéciales en sait plus long sur la nature et sur les lois que Descartes et Pascal. Est-il capable des mêmes démarchent de l'esprit ? » <VIII iii p.255>
Georges BERNANOS / La France contre les robots (1946) / Essais et écrits de combats II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1995
« L'intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu'il nous ait prouvé le contraire. » <p.1042>
Pierre PERRET / Les pensées / Le cherche midi éditeur 1997
« Un intellectuel est un type qui est rassuré quand il n'est pas compris. » <p.147>
Jean-Benjamin de LABORDE / Pensées et Maximes (1791) / Paris, Lamy 1802 [BnF]
« Il ne faut beaucoup lire que quand on sait beaucoup oublier. » <92, p.16>
Edouard HERRIOT / Jadis - Avant la première guerre mondiale / Flammarion 1948
« Ce que j'emportais de plus précieux ne pouvait s'enfermer dans une malle. "La culture, - a dit un moraliste oriental, - c'est ce qui reste dans l'esprit quand on a tout oublié." J'avais acquis à l'École [normale supérieure] une méthode pour le travail et le goût de cet ordre qui impose la discipline de l'esprit à la confusion des choses. Aucun besoin d'agir. L'action, dont on dit communément qu'elle est une affirmation, est, en vérité, la négation de tous les possibles moins un. » <p.104>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Culture : ce qui manque quand on a tout appris. De même que la liberté est idée d'esclave, culture est idée d'inculte. » <p.76>
Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7
« D'abord, l'homme que l'on dit cultivé est celui qui a le temps de le devenir, celui que sa vie professionnelle laisse suffisamment disponible, ou dont la vie professionnelle est elle-même inscrite dans la culture. Dans une société marchande, être cultivé, c'est déjà appartenir à la partie favorisée de la société qui peut se permettre de le devenir. Accorder à ceux qui n'ont pas cette chance une participation à la culture, c'est en quelque sorte leur permettre une ascension sociale. C'est un moyen de les gratifier narcissiquement, d'améliorer leur standing, d'enrichir l'image qu'ils peuvent donner d'eux-mêmes aux autres. » <p.49-50>
Roland TOPOR / Pense-bêtes / Le cherche midi éditeur 1992
« En matière de culture, je fais mon marché tout seul. Je suis le terrain, je sais ce qui pousse. » <p.90>
Pierre DESPROGES / Vivons heureux en attendant la mort / Ed. du Seuil 1983
« La culture, c'est comme l'amour. Il faut y aller à petits coups au début pour bien en jouir plus tard. Du reste, "est-il vraiment indispensable d'être cultivé quand il suffit de fermer sa gueule pour briller en société", dit judicieusement La Rochefoucauld, qui ajoute : "La culture et l'intelligence, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase." » <p.153>
« Et puis quoi, qu'importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non. » <p.170>
Jean L'ANSELME / Pensées et Proverbes de Maxime Dicton / Rougerie 1991
« L'Angélus de Millet n'a rien à voir avec la Vénus de Milo. » <p.35>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Ce qu'on nomme culture consiste, pour une partie des intellectuels, à persécuter l'autre partie. Dans les sociétés totalitaires, cette persécution est institutionnalisée, elle fait corps avec l'État. Dans les sociétés ouvertes, si elle est diffuse, elle n'est pas pour autant absente. Les intellectuels s'y organisent fort adroitement pour reconstituer l'ostracisme. Le "politiquement correct" qui a sévi aux États-Unis à partir du milieu des années quatre-vingt en est un effroyable échantillon. » <p.108>
« Il n'y a pas de culture, il n'y a que des gens cultivés. Il n'y a pas plus de culture en général, hors les individus, qu'il n'y a d'art du piano dans l'abstrait, en l'absence de pianistes. Une culture meurt quand disparaissent ceux qui l'incarnent, non comme institution officielle, mais dans l'originalité unique de leur propre sensibilité, de leur propre intelligence. Le reste n'est que colportage. » <p.271>
Philippe BOUVARD / Journal 1997-2000 / Le cherche midi éditeur 2000
« La culture est bête : elle s'approprie l'intelligence des autres et elle rend inutile l'improvisation. » <p.66>
Bernard PIVOT / Le métier de lire / folio Gallimard 2001
« Un intellectuel, c'est d'abord quelqu'un qui réfléchit avant d'écrire et de parler, qui réfléchit avant de réfléchir, et qui réfléchit même sur l'utilité de la réflexion avant la réflexion proprement dite. » <p.159>
Pierre BAYARD / Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? / Les Éditions de Minuit 2007
« Les personnes cultivées le savent - et surtout, pour leur malheur, les personnes non cultivées l'ignorent - , la culture est d'abord une affaire d'orientation. Être cultivé, ce n'est pas avoir lu tel ou tel livre, c'est savoir se repérer dans leur ensemble, donc savoir qu'ils forment un ensemble et être en mesure de situer chaque élément par rapport aux autres. L'intérieur importe moins ici que l'extérieur, ou, si l'on veut, l'intérieur du livre est son extérieur, ce qui compte dans chaque livre étant les livres d'à côté. De ce fait, n'avoir pas lu tel ou tel livre n'a guère d'importance pour la personne cultivée, car si elle n'est pas informée avec précision de son contenu, elle est souvent capable d'en connaître la situation, c'est-à-dire la manière dont il se dispose par rapport aux autres livres. Cette distinction entre le contenu d'un livre et sa situation est fondamentale, car c'est elle qui permet à ceux que la culture n'effraye pas de parler sans difficulté de n'importe quel sujet. » <p.26>