« Un suffisant lecteur descouvre souvant ès escrits d'autruy des perfections autres que celles que l'autheur y a mises et apperceües, et y preste des sens et des visages plus riches. » <t.1 p.135 livre I chap.XXIV>
« Les livres sont plaisans ; mais, si de leur frequentation nous en perdons en fin la gayeté et la santé, nos meilleures pieces, quittons les. » <t.1 p.277 livre I chap.XXXIX>
« Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu'à interpreter les choses, et plus de livres sur les livres que sur autre subject : nous ne faisons que nous entregloser. » <t.2 p.520 livre III chap.XIII>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté. » <4 p.975>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger l'ouvrage ; il est bon, et fait de main d'ouvrier. » <p.74 I (31)>
« L'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée ; c'est le chemin le plus court, le plus sûr et le plus agréable pour tout genre d'érudition ; ayez les choses de première main ; puisez à la source ; maniez, remaniez le texte ; apprenez-le de mémoire ; citez-le dans les occasions ; songez surtout à en pénétrer le sens dans toute son étendue et dans ses circonstances ; conciliez un auteur original, ajustez ses principes, tirez vous-même les conclusions ; les premiers commentateurs se sont trouvés dans le cas où je désire que vous soyez : n'empruntez leurs lumières, et ne suivez leurs vues, qu'où les vôtres seraient trop courtes ; leurs explications ne sont pas à vous, et peuvent aisément vous échapper ; vos observations au contraire naissent de votre esprit et y demeurent, vous les retrouverez plus ordinairement dans la conversation, dans la consultation et dans la dispute. Ayez le plaisir de voir que vous n'êtes arrêté dans la lecture que par les difficultés qui sont invincibles, où les commentateurs et les scoliastes eux-mêmes demeurent courts, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs, et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres. Achevez ainsi de vous convaincre par cette méthode d'étudier, que c'est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, à faire périr le texte sous le poids des commentaires ; et qu'elle a en cela agi contre soi-même et contre ses plus chers intérêts, en multipliant les lectures, les recherches et le travail qu'elle cherchait à éviter. » <p.430 XV (72)>
Jonathan SWIFT / Pensées sur divers sujets loraux et divertissants / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« Quelquefois je lis un livre avec plaisir, et j'en déteste l'auteur. » <p.586>
Charles de SAINT-ÉVREMOND / OEuvres mêlées (6) / Paris, C.Barbin 1684
« On ne saurait devenir habile ni agréable, si l'on n'aime la lecture ; sans cela le plus beau naturel est ordinairement sec et stérile. » <Avis et pensées sur plusieurs sujets, p.42>
Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [oeuvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383]
« L'imprimerie est l'artillerie de la pensée. » <Politique p.44>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« La reliure recommande un livre. Il faut qu'un livre rappelle son lecteur, comme on dit que le bon vin rappelle son buveur. Il ne peut le rappeler que par l'agrément. Un certain agrément doit se trouver même dans les écrits les plus austères. » <1 avril 1797 t.1 p.205>
« Il faut que l'esprit séjourne dans une lecture pour bien connaître un auteur. » <22 février 1799 t.1 p.279>
« Vous dites que les livres sont bientôt lus, mais ils ne sont pas bientôt entendus. Les digérer etc. Pour bien entendre une belle et grande pensée, il faut peut-être autant de temps que pour l'avoir, la concevoir. S'en pénétrer ou la produire sont presque une même action. » <29 janvier 1802 t.1 p.443>
« Ce qu'on cherche surtout dans les livres sans s'en apercevoir, ce sont des mots propres à exprimer nos diverses pensées. » <24 avril 1804 t.1 p.616>
« On demande sans cesse de nouveaux livres, et il y a dans ceux que nous avons depuis longtemps, des trésors inestimables de science et d'agrément qui nous sont inconnus parce que nous négligeons d'y prendre garde. » <16 mars 1807 t.2 p.187>
« De ceux à qui le monde ne suffit pas : les saints, les conquérants, les poètes et tous les amateurs des livres. » <26 octobre 1807 t.2 p.228>
« Le papier est patient, mais le lecteur ne l'est pas. » <25 mai 1808 t.2 p.272>
« Le grand inconvénient des livres nouveaux est de nous empêcher de lire les anciens. » <23 juin 1808 t.2 p.276>
« Peu de livres peuvent plaire toute la vie. Il y en a dont on se dégoûte avec le temps et la sagesse ou le bon sens, comme des passions. Les beaux ouvrages n'enivrent point, mais ils enchantent. » <5 mars 1813 t.2 p.380>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Jamais le monde n'est connu par les livres, on l'a dit autrefois, mais ce qu'on n'a pas dit, c'est la raison : la voici. C'est que cette connaissance est un résultat de mille observations fines dont l'amour-propre n'ose faire confidence à personne, pas même au meilleur ami. On craint de se montrer comme un homme occupé de petites choses, quoique ces petites choses soient très importantes au succès des plus grandes affaires. » <177 p.89>
« La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus la veille. » <425 p.147>
« Il faut parcourir beaucoup de livres pour meubler sa mémoire ; mais quand on veut se former un goût sûr et un bon style, il faut en lire peu, et tous dans le genre de son talent. L'immense quantité de livres fait qu'on ne lit plus ; et dans la société des morts comme dans celle des vivants, les liaisons trop étendues ne laissent plus aux amitiés le temps de se former. » <Pensées, p.1410>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1982
« Dans l'excès du bonheur lire est bien difficile, cependant on s'ennuie à la longue si l'on ne lit pas. » <1 août 1830, p.131>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Qui a bu, boira. Qui a lu, lira. » <1846 p.102>
Adrien DECOURCELLE / Les formules du docteur Grégoire / Paris, Hetzel 1880
« Lecture : L'ivrognerie de l'esprit. - "Qui a lu, lira !" » <p.161>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Lire, c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. » <1840-42 p.151>
Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - Éditions Findakly 1996
« Il est bon de relire encore les livres que d'autres ont lus cent fois : l'objet reste bien le même, mais c'est le sujet qui change. » <p.17>
« Il y a vraiment beaucoup de gens qui lisent pour avoir le loisir de ne pas penser. » <p.46>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Lecture : l'une des deux disciplines à suivre pour ne point penser. L'autre, c'est de ne pas lire. » <p.199>
Eugène DELACROIX / Journal 1822-1863 / Plon 1980
« Tel livre où on n'avait rien trouvé d'utile, lu avec les yeux d'une expérience plus avancée, portera leçon. » <8 octobre 1822 p.28>
Alfred de VIGNY / Journal d'un poète / Paris, A. Lemerre 1885 [BnF]
« Je ne peux plus lire que les livres qui me font travailler. Sur les autres, ma pensée glisse comme sur du marbre. - J'aime à labourer. » <1834, p.93>
Alphonse KARR / En fumant / M. Lévy frères 1862
« Oh ! les livres - les bons livres - les chers livres - qui vous emportent hors de vous-même et de la vie ! - comme il est plus doux de lire que de vivre ! » <p.58>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« À bord de l'Hermus. Sur ma couchette, après avoir lu du Joubert : des pensées si fines qu'elles ressemblent à des ailes d'insectes disséquées. En somme, le La Bruyère du filigrane. » <17 mai 1867 p.83>
« Un enfant qu'on ne voit jamais lire est destiné par avance à une carrière seulement de mouvement et d'action. Il sera quoi ? ...un soldat. » <11 septembre 1883 p.1020>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Livres dangereux. - Quelqu'un dit : "Je le remarque sur moi-même : ce livre est dangereux." Mais qu'il attende un peu, et il s'avouera certainement un jour que ce livre lui a rendu un grand service, en mettant au jour la maladie cachée de son coeur, la rendant ainsi visible. - Les changements d'opinion ne changent pas le caractère d'un homme (ou du moins fort peu) ; ils éclairent cependant certains côtés de la configuration de sa personnalité qui, jusqu'à présent, avec une autre constellation d'opinions, étaient restés obscurs et méconnaissables. » <58 p.725>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Ces heures où l'on a envie de lire quelque chose d'absolument beau. Le regard fait le tour de la bibliothèque, et il n'y a rien. Puis, on se décide à prendre n'importe quel livre, et c'est plein de belles choses. » <27 juin 1899 p.421>
« Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe. » <8 mai 1901 p.522>
« Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux. » <23 juin 1902 p.601>
« On a tout lu, mais ils ont lu un livre que vous devriez lire, qui leur donne une supériorité, et qui annule toutes vos lectures ? » <27 novembre 1906 p.858>
Antoine GARABY DE LA LUZERNE / Sentiments chrétiens, politiques et moraux (1641) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Qui n'entend à demi-mot n'y entendra rien du tout. » <Préface p.22>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« On devrait fonder une chaire pour l'enseignement de la lecture entre les lignes. » <p.232>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« Avez-vous remarqué que lorsqu'on dit d'un livre qu'il peut se mettre dans toutes les mains, il ne va jamais dans aucune ? Ce n'est pas que le lecteur soit vicieux ; mais je pense qu'il en est des auteurs, dont on dit qu'ils sont honnêtes, comme des femmes dont on dit qu'elles sont vertueuses ; c'est qu'on n'a rien de mieux à en dire. » <p.230>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Il y a, je crois, plus d'idées réelles dans les Confessions de Rousseau que dans son Émile ; et il est rare que l'on lise des Mémoires sans en tirer quelque chose. Si vous me demandiez ce qu'il faut lire pour connaître l'homme, je conseillerais plutôt de lire Balzac ou Stendhal, qui ont recueilli et enchâssé tant de paroles échappées, que La Rochefoucauld lui-même, qui s'étudie à répéter la même chanson. Encore va-t-il jusqu'au bout de son refrain ; mais ceux qui l'ont connu entendirent sans doute des chansons plus libres. Faites attention à ceci que le vrai observateur semble toujours distrait ; c'est qu'il guette l'imprévisible chant du merle. » <21 juillet 1921 p.258>
ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970
« À l'heure où il vous plaît de penser, lisez quelque bon auteur, et relisez-le ; il est même bon de copier les plus difficiles, et encore plusieurs fois. Traduire d'une langue dans une autre est bon aussi, pourvu que l'on fasse plutôt attention au sens des mots et aux liaisons grammaticales qu'à l'idée cachée et profonde. Vous ne la saisirez, cette idée que par des travaux d'approche, et non point en vous jetant sur quelque formule où vous croyez qu'elle est enfermée. Si le travail de copier ou de traduire vous retarde et vous détourne de penser la tête en avant, à la manière des taureaux, ce sera toujours un grand profit. » <22 juillet 1922 p.492>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Un ouvrage est d'autant plus clair qu'il contient plus de choses que le lecteur eût formées lui-même sans peine et sans pensée. » <p.559>
« Il faut, un jour d'énergie, prendre le livre que l'on tient pour ennuyeux, lui ordonner d'être, essayer de reconstituer l'intérêt qu'y a pris l'auteur. » <p.640>
Paul VALÉRY / Mauvaises pensées et autres / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« La lecture des histoires et romans sert à tuer le temps de deuxième ou troisième qualité. Le temps de première qualité n'a pas besoin qu'on le tue. C'est lui qui tue tous les livres. Il en engendre quelques-uns. » <p.801>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Notre livre lu avec intérêt par les imbéciles - un grand symptôme. C'est le succès... » <juillet 1858 p.370>
Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« J'aime mieux être lu plusieurs fois par un seul qu'une seule fois par plusieurs. » <Ego scriptor p.252>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (6) / Mercure de France 1921
« Il faut que les meilleurs soient méconnus. Les meilleurs appartiennent aux meilleurs. » <mars 1911 p.261>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« Les livres sont rares que j'ai pu achever de lire. » <septembre 1900 I p.36>
« Il y a bien des livres que j'ai lus, moins pour leur contenu, que pour les réflexions, sujet et style, que je savais qu'ils me feraient faire. » <11 août 1913 I p.879>
« Il y a longtemps que je pense que si j'avais un fils et qu'il ait des dispositions littéraires ou même seulement pour les choses de l'esprit, j'ai beau ne pas aimer me mêler de diriger dans ce domaine, je lui enlèverais tous les poètes. Ces gens-là font perdre un temps considérable pour le développement de l'esprit. J'ai perdu au moins quinze années, pour ma part, à me laisser bercer par leurs fariboles. Et le roman ? Comment un homme, à cinquante ans, peut-il encore écrire des romans ? Comment peut-on même encore, à cet âge, en lire ? Poésie et roman, c'est certainement la partie inférieure de la littérature. » <4 mars 1927 I p.1919>
« Avoir lu, connaître, les poètes, les prosateurs connus, célèbres : Vigny, Musset, Lamartine, Baudelaire, Flaubert, Balzac, aucun mérite. Rien d'assommant comme les gens qui font étalage, dans leur conversation, de lectures de ce genre, mais avoir lu, connaître les auteurs demeurés sans grande notoriété : voilà la vraie curiosité de l'esprit et du goût. Entre les premiers et les seconds, la même différence qu'entre les gens qui aiment la foule et ceux qui préfèrent la solitude, ceux qui se plaisent à sortir le dimanche et ceux, au contraire, qui, ce jour-là, restent chez eux, ceux qui ont besoin en tout d'un guide et d'un exemple et ceux qui vont d'eux-mêmes aux découvertes. » <24 octobre 1930 II p.635>
« Dostoïewsky grand écrivain, si on veut, mais écrivain à ne pas lire, par hygiène intellectuelle. Tous ces détraqués, ces dégénérés, ces tarés, ces mystiques de la conscience et du remords, sombrant tous plus ou moins dans la folie et dans le crime. C'est de la littérature pathologique. » <30 décembre 1932 II p.1175>
« Il n'y a que ce genre de lecture qui vaille : les Correspondances, les Souvenirs, les Journaux, les Confessions, les Autobiographies, les Biographies, d'un genre ou d'un autre. » <2 mai 1950 III p.1856>
Paul LÉAUTAUD / Propos d'un jour / OEuvres / Mercure de France 1988
« Je vais passer pour un esprit léger (au jugement des esprits lourds) : un Dictionnaire d'anecdotes fait ma plus grande lecture. Tous les caractères sont là, peints en peu de mots. Pour les caractères en grand : les Correspondances. » <p.368>
Jean COCTEAU / Le Rappel à l'ordre / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Apprenez qu'un livre ne donne jamais ce qu'on en peut attendre. Il ne saurait être une réponse à votre attente. Il doit vous hérisser de points d'interrogation. » <p.492>
Jean COCTEAU / La difficulté d'être / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Ce que le lecteur veut, c'est se lire. En lisant ce qu'il approuve, il pense qu'il pourrait l'avoir écrit. Il peut même en vouloir au livre de prendre sa place, de dire ce qu'il n'a pas su dire, et que selon lui il dirait mieux. » <p.899>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« On se demande, en voyant certains livres : Qui peut les lire ? - En voyant certaines gens : Que peuvent-ils lire ? - Puis ça finit par s'accrocher. » <30 juin 1931 p.1056>
Emil CIORAN / Des larmes et des saints (1937) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Quel plaisir d'avoir sous la main un mystique allemand, un poète hindou ou un moraliste français, à l'usage de l'exil quotidien ! Lire jour et nuit, avaler des tomes, ces somnifères, car personne ne lit pour apprendre mais pour oublier, remonter jusqu'à la source du cafard en épuisant le devenir et ses marottes ! » <p.329>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Combien j'aime les esprits de second ordre (Joubert, entre tous) qui, par délicatesse, vécurent à l'ombre du génie des autres et, craignant d'en avoir, se refusèrent au leur ! » <p.745>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Si on veut connaître un pays, on doit pratiquer ses écrivains de second ordre, qui seuls en reflètent la vraie nature. Les autres dénoncent ou transfigurent la nullité de leurs compatriotes : ils ne veulent ni ne peuvent se mettre de plain-pied avec eux. Ce sont des témoins suspects. » <p.1337>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Malheur au livre qu'on peut lire sans s'interroger tout le temps sur l'auteur ! » <p.1791>
Emil CIORAN / Aveux et anathèmes (1987) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« La critique est un contresens : il faut lire, non pour comprendre autrui mais pour se comprendre soi-même. » <p.1655>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le lecteur vrai est celui qui n'écrit pas. Lui seul est capable de lire un livre naïvement, - unique manière de sentir un ouvrage. » <2 décembre 1964 p.246>
« Il vaut mieux lire par goût un auteur dépassé que par snobisme un auteur dans le vent. Dans le premier cas, on s'enrichit avec la substance d'un autre, dans le second, on consomme sans profit. » <1 juin 1968 p.576>
« Tout à l'heure, j'ai vu, sur le camion des Éditions du Seuil, écrit en très grosses lettres : Tout Baudelaire en un volume. Si Baudelaire avait prévu une telle horreur, celle qu'il éprouvait pour le monde moderne aurait dégénéré en fureur convulsive. » <16 mai 1969 p.725>
Jean-François REVEL / Pourquoi des philosophes / Robert Laffont - Bouquins 1997
« On entend souvent des lamentations au sujet du grand nombre de stupidités qui ont été écrites depuis qu'il y a des livres : or, j'avoue que ce qui me frappe, au contraire, c'est le très grand nombre de choses intelligentes, définitives, qui ont été écrites. Mais c'est chez les auteurs les plus classiques, et auxquels on recourt le moins, qu'il faut aller les trouver, et non dans quantité de publications pénibles et médiocres, qui se prétendent les plus actuelles sous prétexte qu'elles sont les dernières en date. » <p.62>
Jean-François REVEL / Contrecensures / Robert Laffont - Bouquins 1997
« La chose du monde la moins ressentie par les amateurs de littérature est le besoin d'explorer par eux-mêmes les compartiments délaissés, et surtout mal vus, de la culture. » <p.598>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Quelle supériorité de la parole écrite, du livre sur la causerie ! Les plus mauvais livres, les plus légers, les plus vides, sont encore les cordes qui fixent le terrain, l'arène de la vérité. » <septembre 1859 p.474>
Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7
« Alors, le contact humain, la chaleur humaine qu'en faites-vous ? - Ce que les hommes ont à communiquer entre eux, la science et l'art, ils ont bien des moyens d'en faire l'échange. J'ai reçu d'eux plus de choses par le livre que par la poignée de main. Le livre m'a fait connaître le meilleur d'eux-mêmes, ce qui les prolonge à travers l'Histoire, la trace qu'ils laissent derrière eux. » <p.29>
Antoine BLONDIN / Ma vie entre des lignes / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1991
« Nous n'adhérons à nos lectures que pour autant qu'elles suscitent en nous ce petit choc à quoi l'on reconnaît une grande vérité humaine. » <p.871>
Henry de MONTHERLANT / Le solstice de juin / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« Socrate, se promenant dans le marché d'Athènes, s'exclamait : "Que de choses dont je n'ai pas besoin !" C'est le cri que presque toujours devrait nous inspirer notre bibliothèque : "Que de livres dont je n'ai eu et n'aurai jamais besoin !" Alors, un bon mouvement : au panier ! Jurons-nous que chaque jour nous ferons sauter un livre de notre bibliothèque, et cette journée n'aura pas été perdue. » <p.924>
André COMTE-SPONVILLE / L'amour la solitude / Ed. Paroles d'Aube 1996
« Les livres n'ont pas d'importance : il n'y a que la vie qui importe, et seuls méritent d'être lus les livres qui se mettent à son service - seuls méritent d'être lus, en conséquence, les auteurs qui savent que les livres n'ont pas d'importance ! » <p.85>
Jean YANNE / Pensées, répliques, textes et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1999
« Aucun livre de qui que ce soit ne m'a jamais aidé à supporter quoi que ce soit. Sauf, peut-être les longs voyages en chemin de fer. » <p.26>
Bernard PIVOT / Le métier de lire / folio Gallimard 2001
« Il est impossible que les habitudes contractées devant la télévision ne se retrouvent pas ailleurs. Comment lire placidement un journal quand on a dans l'oeil l'impatience de l'ubiquiste ? Comment lire un livre dans sa longue continuité quand on est un zappeur invétéré ? Je suis convaincu qu'une des raisons pour lesquelles les jeunes lisent de moins en moins, c'est l'inaptitude de l'écrit à se prêter aux pratiques du zapping. On en est conscient dans la presse lorsque l'on parle de ménager dans une enquête plusieurs "entrées", lorsqu'on s'efforce de déstructurer un article-fleuve en rivières et ruisseaux dont il sera plus tentant et plus facile d'emprunter le cours. Mais quel zapping pour Guerre et Paix ? » <p.90>
Philippe BOUVARD / Auto-psy d'un bon vivant Journal 2000-2003 / Le cherche midi éditeur 2003
« Je m'endors plus facilement depuis que je lis, le soir, des auteurs qui ne sont pas des lumières. » <p.37>