« A un enfant de maison qui recherche les lettres, non pour le gaing (car une fin si abjecte est indigne de la grace et faveur des Muses, et puis elle regarde et depend d'autrui), ny tant pour les commoditez externes que pour les sienes propres, et pour s'en enrichir et parer au dedans, ayant plustost envie d'en tirer un habil'homme qu'un homme sçavant, je voudrois aussi qu'on fut soigneux de luy choisir un conducteur qui eust plutost la teste bien faicte que bien pleine, et qu'on y requit tous les deux, mais plus les meurs et l'entendement que la science ; » <t.1 p.160 livre I chap.XXVI>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Enseigner, c'est apprendre deux fois. » <t.I p.143>
« Peu d'esprits sont spacieux ; peu même ont une place vide et offrent quelque point vacant. Presque tous ont des capacités étroites et occupées par quelque savoir qui les bouche. Quel supplice de parler à des têtes pleines, et où rien d'extérieur ne peut entrer ! Il faut qu'un bon esprit, pour jouir de lui même et en laisser jouir les autres, se conserve toujours plus grand que ses propres pensées. Et pour cela il faut qu'il donne à celles-ci une forme ployante, aisée à resserrer et à étendre, propre enfin à en maintenir la flexibilité naturelle. » <25 mars 1807 t.2 p.192>
« On parle de têtes bien faites et on ne parle pas de coeurs bien faits. Les coeurs bien faits sont ceux où toutes les sortes d'affections sont bien casées et n'ont que leur juste étendue. » <3 novembre 1808 t.2 p.283>
« Donnez leur la physique d'aujourd'hui, la littérature et la morale d'autrefois. » <26 novembre 1808 t.2 p.284>
Benjamin FRANKLIN / Mélanges de Morale, d'Économie et de Politique (t.1) / Paris, J.Renouard 1826 [BnF]
« L'expérience tient une école où les leçons coûtent cher ; mais c'est la seule où les insensés puissent s'instruire, comme dit le bonhomme Richard. » <La science du bonhomme Richard, 1757 p.148>
Francis de CROISSET / L'Esprit de Francis de Croisset / nrf Gallimard 1928
« L'expérience ne nous empêche jamais de faire une bêtise ; seulement, elle nous empêche de la faire gaiement. » <p.36>
Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - Éditions Findakly 1996
« Je crains que notre éducation trop soigneuse ne donne que des fruits nains. » <p.46>
Georg Christoph LICHTENBERG / Le miroir de l'âme / Domaine romantique José Corti 1997
« Un maître d'école ou un professeur n'éduque jamais que des espèces, point des individus. Voilà une pensée de valeur qui mérite d'être discutée. » <J 73 p.394>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Les maîtres d'école sont des jardiniers en intelligences humaines. » <1840 p.130>
Ernest RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995
« L'école est la vraie concurrence du temple. » <p.163>
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« Je veux de l'érudition, mais une érudition maîtrisée par le jugement et organisée par le goût. » <p.135>
Friedrich NIETZSCHE / Par-delà le bien et le mal (1886) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Plus abstraite est la vérité que tu veux enseigner, plus tu dois en sa faveur séduire les sens. » <128 p.622>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« Toute instruction aboutit à la République comme toute ignorance mène à la monarchie. » <p.164>
Oscar WILDE / Intentions / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1996
« L'éducation est une chose admirable, mais il convient de se rappeler de temps à autre que rien de ce qui vaut d'être connu ne saurait s'enseigner. » <p.838>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« La lecture des classiques - comme l'accordera tout esprit cultivé - est, telle qu'elle est pratiquée partout, un procédé monstrueux : elle se fait devant des jeunes gens qui, à aucun égard, ne sont mûrs pour elle, par des maîtres dont chaque parole, dont souvent l'aspect seul met une couche de poussière sur un bon auteur. Mais voici où réside l'utilité que d'ordinaire on méconnaît - c'est que ces maîtres parlent la langue abstraite de la haute culture, lourde et difficile à comprendre, mais qui est une gymnastique supérieure du cerveau ; c'est que dans leur langage apparaissent continuellement des idées, des expressions, des méthodes, des allusions que les jeunes gens n'entendent presque jamais dans la conversation de leurs parents et dans la rue. Quand les écoliers ne feraient qu'entendre, leur intelligence subit bon gré mal gré une formation préalable à une manière scientifique de concevoir. » <266 p.584>
« L'instruction publique. - L'instruction, dans les grands États, sera toujours tout au plus médiocre, par la même raison qui fait que, dans les grandes cuisines, on cuisine tout au plus médiocrement. » <467 p.645>
Anatole FRANCE / Le Crime de Sylvestre Bonnard (1881) / OEuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1984
« L'art d'enseigner n'est que l'art d'éveiller la curiosité des jeunes âmes pour la satisfaire ensuite, et la curiosité n'est vive et saine que dans les esprits heureux. Les connaissances qu'on entonne de force dans les intelligences les bouchent et les étouffent. Pour digérer le savoir, il faut l'avoir avalé avec appétit. » <p.258>
Gustave LE BON / Aphorismes du temps présent (1913) / Paris, Les amis de G. Le Bon 1978 [BnF]
« L'éducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient. » <p.220>
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911 [BnF]
« À force de pédagogie subtile, il deviendra plus difficile de faire manger sa soupe à un marmot que de gouverner les empires. » <p.48>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« Nul pédagogue ne se dépouille de l'arrogance sotte du savoir. » <Cinquante pensées noires, p.111>
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« Et puis l'école obligatoire, c'est très joli... Pourtant, ce n'est pas l'école qui forme l'esprit, l'intelligence et le coeur. C'est la nature ; c'est le contact avec la vie ; le commerce libre des deux sexes. L'école est un bâtiment. Tous les bâtiments sont des prisons. Ce n'est pas le maître d'école qui doit être le vrai éducateur et le guide du peuple. Le maître d'école est un maître. Tous les maîtres guident l'homme vers une seule direction : la servitude. Les éducateurs et les guides de l'enfance, ce sont tous les hommes qui vivent bien, c'est-à-dire librement ; et tous les morts qui ont bien vécu, c'est-à-dire qui ont librement vécu. » <p.1316>
Paul LÉAUTAUD / Passe-temps / OEuvres / Mercure de France 1988
« L'instruction apprise ne prouve rien, ne rime à rien, est complètement inutile, pour ne pas dire malfaisante, et ne fera jamais d'un imbécile un homme intelligent, d'un cerveau obtus un cerveau actif, et d'un être sans compréhension un être capable de jugement personnel. La seule instruction qui compte, et qui donne des fruits, c'est celle qu'on se donne soi-même car seule elle prouve chez un individu le désir de savoir et l'aptitude au savoir. Elle a de plus cet avantage qu'on s'instruit selon le sens de son esprit, en conformité avec lui, d'une manière appropriée à la nature de son être, à ses tendances et à ses goûts, ce qui ajoute encore à l'efficacité de cette instruction. En réalité, l'enseignement pédagogique est fait pour les paresseux, pour les esprits sans curiosité, pour les individus qui resteraient complètement ignares si on ne leur apprenait pas quelque chose de force, pour ainsi dire. Il n'y a que l'élite qui compte, et l'élite ne se constitue pas avec des diplômes. Elle tient à la nature même de certains individus, supérieurs aux autres de naissance, et qui développent cette supériorité par eux-mêmes, sans avoir besoin de l'aide d'aucuns pédagogues, gens, le plus souvent, fort bornés et fort nuisibles. » <p.268-269>
Paul LÉAUTAUD / Propos d'un jour / OEuvres / Mercure de France 1988
« L'instruction gratuite et obligatoire. Pour mieux former des citoyens modèles, bien soumis aux règles du régime et bien crédules aux bourdes qu'on leur sert. Le bon sens détruit, remplacé par la prétention. Ânes à diplômes qui n'en restent pas moins des ânes, rien ne remplaçant l'intelligence et la curiosité d'esprit natives. Disparition de l'esprit de fronde, de l'esprit satirique. Le gavroche loustic qui dégonflait les baudruches sociales d'un lazzi, n'existe plus. » <p.351>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Éducation n. Ce qui révèle, dans les manières et les façons d'un imbécile, son manque d'intelligence. » <p.86>
« Lycée n. 1/. École antique où l'on s'entretenait de morale et de philosophie. 2/. École moderne où l'on discute de football. » <p.171>
ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970
« L'enseignement doit être résolument retardataire. Non pas rétrograde, tout au contraire. C'est pour marcher dans le sens direct qu'il prend du recul ; car, si l'on ne se place point dans le moment dépassé, comment le dépasser ? Ce serait une folle entreprise, même pour un homme dans toute la force, de prendre les connaissances en leur état dernier ; il n'aurait point d'élan, ni aucune espérance raisonnable. Ne voyant que l'insuffisance partout, il se trouverait, je le parie, dans l'immobilité pyrrhonienne, c'est-à-dire que, comprenant tout, il n'affirmerait rien. Au contraire celui qui accourt des anciens âges est comme lancé selon le mouvement juste ; il sait vaincre ; cette expérience fait les esprits vigoureux. » <15 août 1924 p.637>
Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« Tu ne m'apprends rien si tu ne m'apprends à faire quelque chose. » <Philosophie p.735>
Frédéric DARD / Les pensées de San-Antonio / Le cherche midi éditeur 1996
« N'hésitez jamais à priver vos mômes de dessert, surtout s'il n'y en a pas beaucoup et que vous l'aimez ! » <p.97>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« On ne va pas assez loin. Le bachot pour tous, c'est bien. Mais c'est encore insuffisant. On devrait réserver le diplôme à ceux qui ne peuvent pas l'obtenir. Car autrement les mêmes ont tout, science et diplôme, les autres rien. Où est la justice ? Les uns, avec leur science, se débrouilleraient très bien ; les autres avec leur diplôme. On mettrait fin au scandale d'un cumul. » <207 - 8 janvier 1957 p.474>
Jean-François REVEL / La cabale des dévots / Robert Laffont - Bouquins 1997
« Règle pédagogique fondamentale : la valeur et la fécondité d'un spécialiste, sont définies par le niveau d'instruction générale à partir duquel la spécialisation a commencé. » <p.491>
« C'est un phénomène classique, observable dans de nombreux pays, que la déchéance des études s'accompagne de l'inflation des diplômes et des titres. Rien ni personne ne peut plus empêcher cela en France. » <p.530>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Les diplômes, de nos jours, on s'assoit dessus. Encore faut-il en empiler des tas pour s'élever tant soit peu. » <p.107>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Seuls les bons professeurs forment les bons autodidactes. » <p.166>