« Il ne faut pas gâter les choses présentes par le désir des absentes, mais réfléchir au fait que celles-là mêmes ont fait partie des choses souhaitables. » <35 p.214>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« Il vaut mieux employer notre esprit à supporter les infortunes qui nous arrivent qu'à prévoir celles qui nous peuvent arriver. » <M 174 p.44>
Étienne-François de VERNAGE / Nouvelles Réflexions (1690) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Les réflexions ne sont utiles que lorsqu'on les fait à propos et dans le temps d'en pouvoir profiter. Elles deviennent un sujet de chagrin lorsqu'on les fait trop tard et qu'il n'est plus temps de remédier aux choses. » <3 p.277>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Il vaut mieux s'occuper de l'être que du néant. Songe donc à ce qui te reste, plutôt qu'à ce que tu n'as plus. » <24 avril 1817 t.2 p.545>
Friedrich NIETZSCHE / La généalogie de la morale (1887) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Ne pas pouvoir prendre longtemps au sérieux ses ennemis, ses malheurs et jusqu'à ses méfaits - c'est le signe caractéristique des natures pleines et fortes, en qui se trouve en surabondance la force plastique et régénératrice, qui permet de guérir et même d'oublier. (Un bon exemple dans ce genre, pris dans le monde moderne, c'est Mirabeau, qui n'avait pas la mémoire des insultes, des infamies que l'on commettait à son égard ; et qui ne pouvait pas pardonner, uniquement parce qu'il - oubliait). Un tel homme, en une seule secousse, se débarrasse de beaucoup de vermine qui chez d'autres s'installe à demeure ; c'est ici seulement qu'est possible le véritable "amour pour ses ennemis", à supposer qu'il soit possible sur terre. » <Première dissertation 11, p.789>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Lequel vaut mieux : d'avoir des remords ou des regrets ? » <202 p.185>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Tous les partis qu'on rate sont "magnifiques". » <20 mai 1893 p.130>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Reconsidérer v. Chercher une justification pour une décision déjà prise. » <p.235>
« Réflexion n. Démarche de l'esprit à travers laquelle nous percevons avec clarté notre relation avec les événements du passé, et qui nous rend capable d'éviter à l'avenir les périls que nous ne rencontrerons plus. » <p.236>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« Le ressentiment est une grande consolation. » <29 janvier 1949 II p.2168>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« L'homme insoucieux, l'imprévoyant, est moins accablé et démonté par l'événement catastrophique que le prévoyant. Pour l'imprévoyant, le minimum d'imprévu. - Quoi d'imprévu pour qui n'a rien prévu ? » <p.524>
ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970
« Je lisais hier un article sur une espèce de fous à opinions, qui, à force de voir les choses toujours sous le même angle, finissent par se croire persécutés, et sont bientôt dangereux et bons à enfermer. Cette lecture, qui me jetait dans de tristes pensées (quoi de plus triste à considérer qu'un fou ?), me rappela pourtant une bonne réponse que j'avais entendue. Comme on parlait, en présence d'un sage, d'un demi-fou à persécutions, qui, par surcroît, avait toujours froid aux pieds, ce sage dit : "Défaut de circulation, dans le sang, et de circulation dans les idées. " Le mot est bon à méditer. » <9 octobre 1909 p.145>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le regret n'est pas si évidemment nuisible qu'on est tenté de le penser. Il essaie de sauver le passé, il est l'unique recours que nous ayons contre les manoeuvres de l'oubli, le regret est la mémoire qui passe à l'attaque. » <23 mars 1968 p.562>
Paul WATZLAWICK / Faites vous-même votre malheur / Seuil 1984
Une histoire de marteau :
« Celui-ci veut accrocher un tableau. Il possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, que notre homme décide d'emprunter. Mais voilà qu'un doute le saisit. Et si le voisin s'avisait de me le refuser ? Hier, c'est tout juste s'il a répondu d'un vague signe de tête quand je l'ai salué. Peut-être était-il pressé ? Mais peut-être a-t-il fait semblant d'être pressé parce qu'il ne m'aime pas ! Et pourquoi ne m'aimerait-il pas ? J'ai toujours été fort civil avec lui, il doit s'imaginer des choses. Si quelqu'un désirait emprunter un de mes outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein ? Comment peut-on refuser un petit service de cette nature ? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un chacun ! Il s'imagine sans doute que j'ai besoin de lui. Tout ça parce que Môssieu possède un marteau. Je m'en vais lui dire ma façon de penser, moi ! Et notre homme se précipite chez le voisin, sonne à la porte et, sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s'écrie, furibond : "Et gardez-le votre sale marteau, espèce de malotrus !" [...] Peu de mécanismes pourraient produire un effet aussi dévastateur que celui qui consiste à affronter brusquement un partenaire qui ne se doute de rien en lui assenant la conclusion d'une longue réflexion fondée sur des postulats imaginaires et dans laquelle il joue un rôle - négatif, certes, mais fondamental. Effarement, colère, prétendue incompréhension, refus désespéré de toute culpabilité - autant de preuves concluantes du fait qu'on avait vu juste. On avait accordé sa confiance et ses faveurs à quelqu'un qui n'en était pas digne. Une fois encore, on s'est fait avoir, on s'est montré trop bon - une poire. » <p.35-36>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Il y a trois ans à peu près, Pierre Oster, un jeune poète, est venu me demander d'écrire une préface au sixième volume des OEuvres complètes de Paulhan. J'ai refusé. J'ai considéré alors que Paulhan était devenu mon ennemi, et ne l'ai plus revu. J'ai dit à tout le monde que nous étions brouillés, que Paulhan était vindicatif. Or, l'autre jour, je rencontre Pierre Oster, et je le rends plus ou moins responsable de cette brouille. Je lui demande en quels termes il a présenté à Paulhan mon refus. Il me répond qu'il ne lui en avait pas parlé du tout, que Paulhan lui avait donné quelques noms dont le mien, et que Paulhan n'avait pas été informé de ma réponse négative. Pendant trois ans j'ai vécu sur l'idée de la vengeance de Paulhan, or cette vengeance n'était précisément qu'une idée forgée dans mon esprit. » <1 janvier 1969, p.660>
André COMTE-SPONVILLE / Impromptus / PUF 1996
« On craint mille morts, et l'on n'en vit jamais qu'une... Toute angoisse est imaginaire ; le réel est son antidote. » <p.18>