ÉPICTÈTE / Entretiens / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« Un assistant dit à Epictète : "Convaincs-moi de l'utilité de la logique. - Tu veux, dit-il, que je te la démontre ? - Oui. - Alors il me faut raisonner démonstrativement ? - D'accord. - Mais comment sauras-tu si je ne commets pas un sophisme à ton égard ?" L'homme garda le silence. "Tu vois bien, dit-il, que tu reconnais toi-même qu'elle est nécessaire, puisque, sans elle, tu ne peux même pas te rendre compte si elle est nécessaire ou non." » <II xxv p.957>
Michel de MONTAIGNE / Essais / Garnier 1962
« Qui a pris de l'entendement en la logique ? où sont ses belles promesses ? » <t.2 p.361 livre III chap.VIII>
Pierre VÉRON / L'Esprit de Pierre Véron / nrf Gallimard 1927
« Logique : - Un bon outil qu'on nous vend presque toujours sans la manière de s'en servir. » <Le Carnaval du Dictionnaire. p.155>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« On se persuade mieux, pour l'ordinaire, par des raisons qu'on a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans l'esprit des autres. » <43 p.1099>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Raisonner, argumenter. C'est marcher avec des béquilles dans la recherche de la vérité. Le pénétrant l'atteint d'un saut. Il faut se servir du raisonnement pour s'assurer qu'on est au but et qu'on a fait tout le chemin. » <15 septembre 1798 t.1 p.252>
« Rien de ce qui se prouve n'est évident ; car ce qui est évident se montre et ne peut pas être prouvé. » <14 juillet 1800 t.1 p.369>
« La logique a aussi ses illusions, mais elles sont plus fermes. » <20 juillet 1805 t.2 p.58>
« La justesse de raisonnement a ses règles et sa physionomie ; la justesse de conception n'en a pas. Mais elle est bien supérieure à l'autre. » <30 septembre 1813 t.2 p.406>
Georg Christoph LICHTENBERG / Le miroir de l'âme / Domaine romantique José Corti 1997
« Les seules logiques véritablement bonnes servent à ceux qui peuvent s'en passer, dit d'Alembert. À travers un télescope, les aveugles ne voient rien. » <D 300 p.218>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« La logique est une chose honnête qui n'appartient qu'à la droiture. Le crime a la ruse, ou l'imbécillité. » <p.72>
Ernest RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995
« Ceux qui déclament contre le style et la beauté de la forme dans les sciences philosophiques et morales méconnaissent la vraie nature des résultats de ces sciences et la délicatesse de leurs principes. En géométrie, en algèbre, on peut sans crainte s'abandonner au jeu des formules, sans s'inquiéter, dans le courant du raisonnement, des réalités qu'elles représentent. Dans les sciences morales, au contraire, il n'est jamais permis de se confier ainsi aux formules, de les combiner indéfiniment, comme faisait la vieille théologie, en étant sûr que le résultat qui en sortira sera rigoureusement vrai. Il ne sera que logiquement vrai, et pourra même n'être pas aussi vrai que les principes : car il se peut que la conséquence porte uniquement sur la part d'erreur ou de malentendu qui était dans les principes, mais suffisamment cachée pour que le principe fût acceptable. Il se peut donc qu'en raisonnant très logiquement on arrive dans les sciences morales à des conséquences absolument fausses en partant de principes suffisamment vrais. » <p.203>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« Si l'on pouvait prouver quelque chose aux femmes, ce serait pour elles, non pas une force, mais une faiblesse. L'affranchissement des règles de la logique assure l'indépendance de leurs sentiments. » <p.371>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Mauvaises habitudes de raisonnement. Les paralogismes les plus habituels à l'homme sont ceux-ci : une chose existe, donc elle a une légitimité. En ce cas l'on infère de la capacité de vivre à la finalité, de la finalité à la légitimité. Ensuite : une opinion est bienfaisante, donc elle est vraie ; l'effet en est bon, donc elle est elle-même bonne et vraie. En ce cas l'on applique à l'effet le prédicat : bienfaisant, bon, au sens d'utile, et l'on dote la cause du même prédicat : bon, mais ici au sens de valable logiquement. La réciproque de ces propositions est : une chose ne peut pas s'imposer, se maintenir, donc elle est injuste ; une opinion tourmente, excite, donc elle est fausse. » <30 p.460>
Paul VALÉRY / Tel Quel / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Si quelqu'un traite quelqu'un de sophiste, c'est qu'il se sait plus sot. Qui ne peut attaquer le raisonnement, attaque le raisonneur. C'est ici une loi analogue à celle qui fait que l'on se détruit tout entier pour supprimer un mal particulier enchevêtré dans le bien : - Loi de l'expédient. » <p.685>
Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« Le Bien ne s'oppose au Mal, la Matière à l'Esprit, le Vice et la Vertu etc. ; Quantité, qualité ; Intellect, sensibilité ; Statique, dynamique etc. que par un besoin de contraste et de symétrie plus esthétique que vérifiable dans les faits - et il s'ensuit des développements ou systèmes plus ou moins agréables à considérer. Le jour ne s'oppose pas à la nuit : il lui succède. Mais la complémentarité visuelle et la mémoire introduisent le contraste. (C'est là ce qui "explique" que chez tant d'hommes (ou chez tous !) le Bien et le Mal coexistent, et même se confondent.) » <Philosophie p.674>
Identité :
« Soit dit en passant : Dire de deux choses qu'elles seraient identiques est une absurdité, et dire d'une chose qu'elle serait identique à elle-même, c'est ne rien dire du tout. » <5.5303 p.133>
Signification et nécessité :
« Le "rasoir" d'Occam* n'est naturellement pas une règle arbitraire, ou une règle justifiée par son succès pratique : elle dit que des unités de signes non-nécessaires ne signifient rien. » <5.47321 p.124>
* Le principe d'Occam (ou principe d'économie, ou de parcimonie) : "Il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité." L'expression anglaise Occam's razor s'explique par l'étymologie radere : rasura, en anglais razure = rature, d'où les guillemets placés par le traducteur autour du mot rasoir. (Cf. A. Lalande - Vocabulaire technique et critique de la philosophie - article parcimonie.)
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'illogisme irrite. Trop de logique ennuie. La vie échappe à la logique, et tout ce que la seule logique construit reste artificiel et contraint. Donc est un mot que doit ignorer le poète, et qui n'existe que dans l'esprit. » <12 mai 1927 p.840>
Lewis CARROLL / Logique sans peine / Hermann 1966
« Une classe qui se compose de deux ou plusieurs membres est parfois considérée comme une chose unique. En ce cas, elle peut posséder une qualité qui ne soit pas possédée par chacun de ses membres pris individuellement. Ainsi, la classe "les soldats du 10e régiment d'infanterie" considérée comme une chose unique, peut posséder l'attribut "formés en carrés", que ne possède aucun de ses membres pris individuellement. » <p.55-56>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« Ce n'est pas parce qu'en hiver on dit : "Fermez la porte, il fait froid dehors", qu'il fait moins froid dehors quand la porte est fermée. » <p.49>