Baltasar GRACIÁN / Maximes / Paris, Rollin fils 1730
« C'est un grand art que celui de savoir refuser : et c'en est un plus grand de savoir se refuser à soi-même, aux affaires, aux personnes. Il y a des occupations à nous étrangères, qui emportent un temps précieux : s'occuper ainsi mal-à-propos, c'est pis que de ne rien faire. » <Maxime XXXIII Savoir se soustraire au-dehors, p.35>
« On aime quelquefois mieux un Non qu'un Oui : un Non assaisonné contente plus certains caractères qu'un Oui sec. Il y a bien des gens qui ont toujours dans la bouche, non ; non est toujours la première réponse à ce qu'on leur demande : quoiqu'ils accordent après cela on ne leur en a point d'obligation, à cause du désagrément que l'on a d'abord essuyé. Il ne faut point brusquer un refus, mais disposer peu à peu à ne rien prétendre : il ne faut pas non plus refuser tout ; ce serait soustraire les gens à la dépendance. Qu'on laisse toujours quelque espérance pour l'avenir, laquelle adoucisse la tristesse d'un refus : que l'on substitue une manière honnête à la place de la chose que l'on n'accorde pas ; et que de bonnes paroles suppléent au défaut des effets. » <Maxime LXX Savoir refuser, p.79>
Madame de SABLÉ / Maximes (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« On ne doit pas toujours accorder toutes choses, ni à tous. Il est aussi louable de refuser avec raison que de donner à propos. C'est en ceci que le non de quelques-uns plaît davantage que le oui des autres. Le refus accompagné de douceur et de civilité satisfait davantage un bon coeur qu'une grâce qu'on accorde sèchement. » <55 p.252>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Presque tous les hommes sont esclaves, par la raison que les Spartiates donnaient de la servitude des Perses, faute de savoir prononcer la syllabe non. Savoir prononcer ce mot et savoir vivre seul sont les deux seuls moyens de conserver sa liberté et son caractère. » <289 p.115>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« Les bons prétextes ne manquent jamais aux mauvaises volontés. » <p.255>