« Mettons à la fin de presque tous les chapitres de métaphysique les deux lettres des juges romains quand ils n'entendaient pas une cause : N.L., non liquet, cela n'est pas clair. » <p.60>
« Mais qu'est-ce qu'une idée ? qu'est-ce qu'une sensation, une volonté, etc. ? C'est moi apercevant, moi sentant, moi voulant. On sait enfin qu'il n'y a pas plus d'être réel appelé idée que d'être réel nommé mouvement ; mais il y a des corps mus. De même il n'y a point d'être particulier nommé mémoire, imagination, jugement ; mais nous nous souvenons, nous imaginons, nous jugeons. Tout cela est d'une vérité triviale ; mais il est nécessaire de rebattre souvent cette vérité : car les erreurs contraires sont plus triviales encore. » <p.556-557>
« Je conclurai que je dois me méfier à plus forte raison de toutes mes idées en métaphysique ; que je suis un animal très faible, marchant sur des sables mouvants qui se dérobent continuellement sous moi, et qu'il n'y a peut-être rien de si fou que de croire avoir toujours raison. » <p.512-513>
« Toutes les billevesées de la métaphysique ne valent pas un argument ad hominem. Pour convaincre, il ne faut quelquefois que réveiller le sentiment ou physique ou moral. C'est avec un bâton qu'on a prouvé au pyrrhonien qu'il avait tort de nier son existence. Cartouche, le pistolet à la main, aurait pu faire à Hobbes une pareille leçon : "La bourse ou la vie ; nous sommes seuls, je suis le plus fort, et il n'est pas question entre nous d'équité." » <17 p.22>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Un des grands délices de l'esprit des hommes, c'est de faire des propositions générales. » <1158 p.1295>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Besace des métaphysiciens. - Il ne faut pas répondre du tout à ceux qui parlent avec tant de fanfaronnade de ce que leur métaphysique a de scientifique ; il suffit de farfouiller dans le baluchon qu'ils dissimulent derrière leur dos avec tant de pudeur ; si l'on réussit à le défaire quelque peu on amènera à la lumière, à leur plus grande honte, les résultats de ce caractère scientifique : un tout petit bon Dieu, une aimable immortalité, peut-être un peu de spiritisme et certainement tout l'amas confus des misères d'un pauvre pécheur et de l'orgueil du pharisien. » <12 p.710>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Evidemment, si on donne sa parole d'honneur que "rien n'est absolu", l'arithmétique, du même coup, devient exorable et l'incertitude plane sur les axiomes les plus incontestés de la géométrie rectiligne. Aussitôt, c'est une question de savoir s'il est meilleur d'égorger ou de ne pas égorger son père, de posséder vingt-cinq centimes ou soixante-quatorze millions, de recevoir des coups de pied dans le derrière ou de fonder une dynastie. » <p.23-24>
Anatole FRANCE / Le jardin d'Épicure (1894) / Calmann Lévy, Paris 1895 [BnF]
« À tout considérer, un métaphysicien ne diffère pas du reste des hommes autant qu'on croit et qu'il veut qu'on croie. Et qu'est-ce que penser ? Et comment pense-t-on ? Nous pensons avec des mots ; cela seul est sensuel et ramène à la nature. Songez-y, un métaphysicien n'a, pour constituer le système du monde, que le cri perfectionné des singes et des chiens. Ce qu'il appelle spéculation profonde et méthode transcendante, c'est de mettre bout à bout, dans un ordre arbitraire, les onomatopées qui criaient la faim, la peur et l'amour dans les forêts primitives et auxquelles se sont attachées peu à peu des significations qu'on croit abstraites quand elles sont seulement relâchées. N'ayez pas peur que cette suite de petits cris éteints et affaiblis qui composent un livre de philosophie nous en apprenne trop sur l'univers pour que nous ne puissions plus y vivre. » <p.79>
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911 [BnF]
« Pourquoi sommes-nous ? - Pour être, et parce que nous sommes. La pauvreté de cette réponse montre l'inutilité de la question. » <p.109>
Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973
« Métaphysicien - Homme qui parle trop tôt. Attendez éternellement que vous en sachiez un peu plus. » <Philosophie p.580>
« Les 3/4 de la métaphysique constituent un simple chapitre de l'histoire du verbe Être. » <Philosophie p.689>
« Dieu sait quelles métaphysiques et géométries l'invention des miroirs et des vitres a pu engendrer chez les mouches ! » <Sensibilité p.1187>
Jacques PRÉVERT / Spectacle (1951) / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1992
« Il y a des gens qui dansent sans entrer en transe et il y en a d'autre qui entrent en transe sans danser. Ce phénomène s'appelle la Transcendance et dans nos régions il est fort apprécié. » <La Transcendance, p. 217>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Si les Allemands ont excellé en métaphysique, c'est qu'ils sont de tous les peuples celui qui est le plus dénué de bon sens. » <février 1966 p.345>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« À l'éternelle triple question toujours demeurée sans réponse : "Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?" je réponds : "En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne". » <p.54>
José ARTUR / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1993
« Qui suis-je ? Où vais-je ? Qu'est-ce qu'on mange à midi ? » <p.21>
Jean YANNE / Pensées, répliques, textes et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1999
« Pour moi, la grande question n'a jamais été : "Qui suis-je ? Où vais-je ?" comme l'a formulé si adroitement notre ami Pascal, mais plutôt : "Comment vais-je m'en tirer ?" » <p.35>