Charles de SAINT-ÉVREMOND / OEuvres mêlées (12) / Paris, C.Barbin 1693
« On tire plus de services par les promesses que par les présents » <Maximes, LXXII, p.243>
Baltasar GRACIÁN / Maximes / Paris, Rollin fils 1730 [BnF]
« Compter sur la reconnaissance d'âmes viles, c'est se frustrer des assiduités qu'attire l'espérance : l'objet de l'espérance est toujours présent, et celui de la reconnaissance se perd bientôt de vue ; ainsi l'on gagne bien davantage avec l'une qu'avec l'autre. À peine s'est-on désaltéré qu'on tourne le dos à la fontaine : à peine a-t-on pressé l'orange qu'on la jette. Dès que la dépendance ne subsiste plus, la relation et avec elle la considération cesse. C'est un principe dans l'usage très important, d'entretenir, et de ne remplir jamais le besoin que l'on a de nous ; et cela, même à l'égard du souverain : ce principe néanmoins ne doit pas aller jusqu'à nous taire pour laisser faire une fausse démarche ; et à rendre le mal d'autrui incurable pour notre propre avantage. » <Maxime V Retenir toujours les gens dans la dépendance, p.5>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Il n'y a guères au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance. » <p.146 IV (80)>
Charles DUFRESNY / Amusements sérieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Selon l'ordre naturel, le père doit finir avant son fils. Si tous les enfants mouraient de douleur à la mort de leur père, le genre humain périrait bientôt. N'est-ce point pour prévenir ce malheur que la nature a pris soin d'endurcir le coeur des enfants ? » <p.1033>
Paul Henri Dietrich baron d'HOLBACH / La Morale universelle (I) / Amsterdam M.-M. Rey 1776 [BnF cote 1070]
« La bienfaisance de l'homme faible ne fait que des ingrats ; on se croit dispensé de lui savoir gré de ce qu'il n'a pas la force de refuser. L'homme bienfaisant, par faiblesse, mérite plus la pitié que l'estime des honnêtes gens, et devient la proie des fripons. » <II ix p.164>
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS / Le mariage de Figaro (1784) / OEuvres complètes / Firmin-Didot 1865
« Sait-on gré du superflu, à qui nous prive du nécessaire ? » <Avte III scène V p.144>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Le sentiment qu'on a pour la plupart des bienfaiteurs, ressemble à la reconnaissance qu'on a pour les arracheurs de dents. On se dit qu'ils vous ont fait du bien, qu'ils vous ont délivrés d'un mal, mais on se rappelle la douleur qu'ils ont causée, et on ne les aime guère avec tendresse. » <297 p.120>
« Je pressais M. de L... d'oublier les torts de M. de B... (qui l'avait autrefois obligé) ; il me répondit : "Dieu a recommandé le pardon des injures, il n'a point recommandé celui des bienfaits" » <1038 p.278>
« Les faibles sont sensibles à l'ingratitude, et les forts à l'injustice. L'ingratitude blesse le coeur, mais elle flatte l'orgueil, et laisse au bienfaiteur toute sa supériorité. L'injustice humilie ; elle est aveu forcé de dépendance, et elle fait trop sentir à l'homme l'infériorité de sa position. » <Pensées, p.1373>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Lorsque nous rencontrons quelqu'un qui nous doit de la reconnaissance, nous nous le rappelons sur-le-champ. Combien de fois rencontrons-nous des personnes à qui nous devons de la reconnaissance, sans y penser ? » <p.101>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« On est toujours ingrat pour le don du nécessaire, jamais pour le don du superflu. On en veut à qui vous donne le pain quotidien, on est reconnaissant à qui vous donne une parure. » <p.75>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Le gamin à qui on ne donne qu'un sou, empochant et mécontent : - c'est bien la peine d'être orphelin. » <1852-53 p.251>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Reconnaissance et vengeance. - La raison pour laquelle un puissant montre de la reconnaissance est celle-ci. Son bienfaiteur a, par son bienfait, violé, pour ainsi dire, le domaine du puissant et s'y est introduit : à son tour, il viole en compensation le domaine du bienfaiteur par l'acte de reconnaissance. C'est une forme adoucie de la vengeance. S'il n'avait la satisfaction de la reconnaissance, le puissant se serait montré impuissant et désormais passerait pour tel. Voilà pourquoi toute société de bons, c'est-à-dire originairement de puissants, place la reconnaissance au nombre des premiers devoirs. - Swift a hasardé cette proposition, que les hommes sont reconnaissants dans la proportion où ils cultivent la vengeance. » <44 p.471>
« Prévoir l'ingratitude. Celui qui donne quelque chose de grand ne trouve pas de reconnaissance ; car le donataire, rien qu'en le recevant, a déjà trop lourd à porter. » <323 p.602>
Eugène MARBEAU / Remarques et pensées / Paris Ollendorf 1901 [BnF]
« Êtes-vous las d'entendre votre bienfaiteur vous rappeler trop souvent son bienfait ? Demandez-lui un nouveau service. » <p.81>
Oscar WILDE / L'Âme de l'homme sous le socialisme / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1996
« On nous dit souvent que les pauvres sont reconnaissants de la charité qui leur est faite. Certains le sont, sans nul doute, mais les meilleurs des pauvres ne sont jamais reconnaissants. Ils sont ingrats, insatisfaits, désobéissants et rebelles. Ils ont tout à fait raison de l'être. La charité est à leurs yeux une méthode ridiculement inadéquate de réparation partielle, ou une aumône humanitaire, accompagnée généralement chez l'humanitariste d'une tentative impertinente pour exercer une tyrannie sur leur vie privée. Pourquoi éprouveraient-ils de la gratitude devant les miettes qui tombent de la table du riche ? » <p.932>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« C'est la bienfaitrice du pays. Tout le monde se ferait un plaisir d'aller à son enterrement. » <8 octobre 1900 p.471>
« Rien n'est éternel, pas même la reconnaissance. » <22 décembre 1904 p.745>
Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« L'ingratitude ne libère pas seulement celui qui l'exerce, mais celui contre qui on l'exerce. Double profit. » <Carnet XIX p.979>
Frédéric DARD / Les pensées de San-Antonio / Le cherche midi éditeur 1996