« Nous n'avons pas tant à nous servir des services que nous rendent nos amis, que de l'assurance que nous avons de ces services. » <34 p.214>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« Nous ne pouvons rien aimer que par rapport à nous, et nous ne faisons que suivre notre goût et notre plaisir quand nous préférons nos amis à nous-mêmes ; c'est néanmoins par cette préférence seule que l'amitié peut être parfaite. » <M 81 p.25>
Chevalier de MÉRÉ / Maximes, sentences et réflexions morales et politiques / Paris, E. du Castin 1687 [BnF]
« Souvent nos amis nous deviennent indifférents, sitôt que nous ne leur pouvons plus être utiles. » <215 p.97>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose : Rien n'est plus commun que ce nom, Rien n'est plus rare que la chose. » <Livre quatrième, XVII Parole de Socrate p.244>
« Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi. » <Livre huitième, X L'ours et l'amateur de jardins p.462>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Le temps, qui fortifie les amitiés, affaiblit l'amour. » <p.132 IV (4)>
« Vivre avec ses ennemis comme s'ils devaient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme s'ils pouvaient devenir nos ennemis, n'est ni selon la nature de la haine, ni selon les règles de l'amitié ; ce n'est point une maxime morale, mais politique. » <p.141 IV (55)>
MARIVAUX / L'Indigent philosophe (1727) / Journaux et OEuvres diverses / Classiques Garnier 1988
« De qui dans la vie veut-on se faire aimer ? de ceux qui ne se soucient pas de nous. Il y a des gens qui donneraient deux de leurs meilleurs amis, pour avoir l'amitié d'un homme qui les fuit. Dire du mal de quelqu'un n'est le plus souvent qu'une manière de se plaindre de son indifférence pour nous. Dans le temps que j'étais dans le monde, on me disait qu'il y avait un homme qui marquait toujours de l'aigreur dans ses discours, quand il parlait de moi : je m'avisai tout d'un coup de songer que je le saluais froidement quand je le rencontrais. Je le tiens, dis-je alors en moi-même, cet homme-là veut que je l'aime, il l'a mis dans sa tête, parce qu'il s'est imaginé que je ne l'aimais pas ; et j'avais raison de penser cela, car dès que je l'eus salué d'un air riant, il me marqua tant d'amitié que je n'en savais que faire. Mais, malheureusement, j'en pris pour lui aussi, et cela fit qu'il m'aima toujours bien, mais qu'il ne me fêtait plus. » <p.322>
Madame de LAMBERT / Traité de l'amitié / OEuvres complètes / Paris L.Collin 1808 [BnF]
« Le premier mérite qu'il faut chercher dans votre ami, c'est la vertu, c'est ce qui nous assure qu'il est capable d'amitié, et qu'il en est digne. N'espérez rien de vos liaisons lorsqu'elles n'ont pas ce fondement. » <p.113>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Le seul moyen d'avoir des amis, c'est de tout jeter par les fenêtres, de n'enfermer rien et de ne jamais savoir où l'on couchera le soir. Il y a, me direz-vous, peu de gens assez fous pour prendre ce parti. Eh qu'ils ne se plaignent donc pas s'ils n'ont pas d'amis, ils n'en veulent pas. » <t.1 p.75>
« Quiconque n'est jamais dupe n'est pas ami. » <25 décembre 1806 t.2 p.87>
Charles-Maurice de TALLEYRAND-PÉRIGORD / La confession de Talleyrand [Ana] / Paris, L.Sauvaitre 1891 [BnF]
« Ne dites jamais de mal de vous, vos amis en diront toujours assez. » <p.29>
Alfred CAPUS / L'esprit d'Alfred Capus / nrf Gallimard 1926
« Sois fort, car si tes ennemis te manquent, tes amis ne te rateront pas. » <p.130>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« Rien de si aisé que d'être bien avec un homme qu'on ne voit qu'une fois par mois. » <19 avril 1804 p.65>
« De quels fils bizarres est souvent tissée la trame des affections ! J'ai vu un homme ne s'intéresser à un autre que parce que celui-ci avait loué le nom de son chien, ou que tous deux avaient le goût des mêmes mets ou des mêmes vins, ou le même tailleur : enfin, les plus petites ressemblances, qui n'ont souvent d'autres cause que le hasard ou les goûts les plus matériels, rapprochent quelquefois les hommes et les unissent plus étroitement que les principaux traits de leurs caractères. » <p.86>
« Quand un homme est malheureux, il est abandonné de ses amis ; c'est un lieu commun ressassé en vers, en prose et dans toutes les langues "tempora si fuerint nubila, etc." Les amis qui abandonnent le malheureux, ne lui feraient que la moitié du mal qu'ils lui font, s'ils se contentaient de l'abandonner, ou s'ils disaient franchement qu'ils l'abandonnent parce qu'il est malheureux ; mais ils auraient honte de cet aveu, et ils lui inventent ou même lui trouvent des torts qu'ils donnent pour cause de leur abandon. » <p.193>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« On mesure les monuments à leur ombre, les livres à leurs critiques, les hommes à leurs ennemis. » <15 février 1865 p.1139>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Il en coûte encore plus de trouver du talent à ses amis qu'à ses ennemis. » <14 novembre 1867 p.119>
Charles BAUDELAIRE / Fusées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1975
« Beaucoup d'amis, beaucoup de gants, - de peur de la gale. » <p.660>
Le Comte de LAUTRÉAMONT / Les chants de Maldoror (1869) / GF 528 - Flammarion 1990
« Toi, jeune homme, ne te désespère point ; car, tu as un ami dans le vampire, malgré ton opinion contraire. En comptant l'acarus sarcopte qui produit la gale, tu auras deux amis ! » <I 14 p.133>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« Le sens de la vie indique qu'il faut faire beaucoup plus de cas des amis que de l'amitié ; car l'art de parvenir ne peut envisager les amis, que comme des auxiliaires d'un certain ordre. L'embarras c'est que les amis viennent généralement à la fin et non pas au commencement, de sorte qu'ils apparaissent lorsqu'à la rigueur on pourrait s'en passer. » <p.144>
Arthur SCHOPENHAUER / Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851) / Collection Quadrige / PUF 1943
« Comment peut-on prétendre que les amis sont rares, dans le besoin ? Mais c'est le contraire. À peine a-t-on fait amitié avec un homme, que le voilà aussitôt dans le besoin et qu'il vous emprunte de l'argent. » <p.138>
Arthur SCHOPENHAUER / Pensées et fragments / Alcan 1900 [BnF]
« Rien ne trahit mieux l'ignorance du monde que d'alléguer comme une preuve des mérites et de la valeur d'un homme qu'il a beaucoup d'amis : comme si les hommes accordaient leur amitié d'après la valeur et le mérite ! comme s'ils n'étaient pas au contraire semblables aux chiens qui aiment celui qui les caresse ou leur donne seulement des os, sans plus de sollicitude. » <p.215>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« La vie de l'ennemi. - Qui vit de combattre un ennemi a intérêt à ce qu'il reste en vie. » <531 p.664>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Tout le monde a eu de ces amis malplaisants à vivre, mais dont on est sûr, que l'on met "à gauche" pour ainsi parler, contre le malheur. Tels ces objets de nécessaire dont on n'use que pris au dépourvu. Et tout de suite, ils vous cassent dans la main. » <145 p.179>
« - Ah ! qu'un beau jour, songeait le roi, quelqu'un m'aimât pour moi-même, sans trahison, ni calcul, ni mensonge. L'aumônier dit : - Prenez un chien. » <149 p.180>
« La fièvre, à ce que l'on dit, nous délivre des puces, et l'infortune, de nos amis. » <152 p.180>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Comme le naufrage purge le navire de ses rats, l'adversité nous délivre de nos amis. » <Adversité, p.24>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« - Mais... mon cher ami ! - Là, là. Pas de gros mots. » <p.278>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« La haine soutenant mieux que l'amitié, si l'on pouvait haïr ses amis on leur serait plus utile. » <27 mars 1893 p.123>
« Mon ami ne me sert qu'à embêter ceux de mes ennemis qui sont ses amis. » <30 mars 1893 p.125>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Les amis de nos amis sont nos amis. Le chevalier du Bran d'Enhaut avait sauvé la vie à un petit avocat au parlement de Normandie. Quand vint la Terreur, cet avocat plein de gratitude le recommanda à un savetier, qui le recommanda à un vidangeur, qui le recommanda à un bénédictin défroqué, qui le recommanda à Catherine Théot la prophétesse, qui le recommanda à Robespierre qui lui fit couper la tête. Un bienfait n'est jamais perdu. » <p.156>
Antoine de SAINT-EXUPÉRY / Terre des hommes / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1959
« En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre. Si je cherche dans mes souvenirs ceux qui m'ont laissé un goût durable, si je fais le bilan des heures qui ont compté, à coup sûr je retrouve celles que nulle fortune ne m'eût procurées. On n'achète pas l'amitié d'un Mermoz, d'un compagnon que les épreuves vécues ensemble ont lié à nous pour toujours. » <II i p.158>
Sacha GUITRY / Pensées / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Il se produit quelque chose d'assez mystérieux au début d'une amitié. Une circonstance imprévue souvent la détermine et l'on devient l'esclave d'une confidence ou d'un secret. Plus tard, un jour, on passe en revue ses amis et l'on constate parmi eux la présence de deux ou trois individus qui ne devaient pas être là - mais il n'y a plus rien à faire, le pli est pris. Comment pourriez-vous prétendre que la raison qui vous avait poussé vers eux n'existe plus puisqu'il vous est impossible de la formuler. Vous les trouvez ennuyeux, inutiles et gênants parfois - tant pis, c'est trop tard, il n'y a plus rien à faire ! » <p.47>
Auguste DETOEUF / Propos de O. L. Barenton, confiseur (1938) / Éditions d'Organisation 1982
« Ce n'est pas dans l'infortune, mais dans la fortune qu'on connaît les vrais amis. La véritable épreuve de l'amitié, c'est le succès : car le malheur ne réclame que du secours et ne risque que la résistance de l'avarice ; tandis que le succès voudrait de l'affection et ne rencontre que l'envie. » <p.84>
Emil CIORAN / Aveux et anathèmes (1987) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Nous ne devrions déranger nos amis que pour notre enterrement. Et encore ! » <p.1653>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« On peut aimer n'importe qui, sauf son voisin. » <24 janvier 1967 p.467>
Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littéraire 1948-1962 / SNELA La Différence 2002
« Rien de plus malaisé que d'obtenir de nos amis qu'ils nous fichent la paix. Dès qu'on prend un peu le large par amour du silence, ils se croient trahis. » <1957 p.77>