Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
« Ayant entendu un jour quelqu'un prétendre que le plus grand bien c'est d'obtenir tout ce que l'on désire, [Ménédème] dit : "C'en est un beaucoup plus grand que de désirer ce qu'il faut". » <II 136 Ménédème d'Érétrie p.352>
ARISTOTE / Éthique de Nicomaque / GF 43 Flammarion 1992
« Tout art et toute recherche, de même que toute action et toute délibération réfléchie, tendent, semble-t-il, vers quelque bien. Aussi a-t-on eu parfaitement raison de définir le bien : ce à quoi on tend en toutes circonstances. » <I,1 p.21>
« Personne, voyant le mal, ne le choisit, mais attiré par l'appât d'un bien vers un mal plus grand que celui-ci, l'on est pris au piège. » <16 p.211>
MARC-AURÈLE / Pensées / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« Se dire dès l'aurore : je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un violent, un perfide, un arrogant. Tous leurs défauts leur viennent de ce qu'ils ignorent les biens et les maux. Pour moi, je connais la nature du bien, c'est l'honnête, et celle du mal, c'est le vil ; je connais aussi la nature du pécheur : c'est un être de même race que moi, non pas de même sang ni de même père, mais participant à la raison et ayant une part de la divinité ; nul d'entre eux ne peut donc me nuire, car nul ne peut me faire faire une chose vile ; et je ne puis non plus m'irriter contre un être de ma race ni le laisser de côté. Nous sommes nés pour collaborer, comme les pieds, les mains, les paupières, ou les deux rangées de dents, celle du haut et celle du bas. Il est contre nature de s'opposer les uns aux autres : et c'est s'opposer à eux que de s'irriter ou se détourner d'eux. » <II (1) p.1146>
« Ce qui n'est pas nuisible à la cité ne l'est pas non plus au citoyen. Applique cette règle à tout ce qui te paraît être nuisible : "Si cela ne nuit pas à la cité, cela ne me nuit pas non plus." » <V (22) p.1175>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Dans le Sunday Times de cette semaine je viens de lire un article de Raymond Mortimer contre Marc Aurèle, qui aurait été un "prig" (pédant), un philistin, un hypocrite. Évidemment on peut tout dire. Je me suis foutu en colère et j'ai failli écrire une lettre d'insultes à l'auteur. Puis en pensant à l'empereur, je me suis calmé. Quel besoin aussi de lire des journaux ? » <16 juillet 1966 p.381>
« Le plus grand bien est celui qui nous délecte avec tant de force qu'il nous met dans l'impuissance totale de sentir autre chose, comme le plus grand mal est celui qui va jusqu'à nous priver de tout sentiment. Voilà les deux extrêmes de la nature humaine, et ces deux moments sont courts. Il n'y a ni extrêmes délices ni extrêmes tourments qui puissent durer toute la vie : le souverain bien et le souverain mal sont des chimères. » <p.53>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« La fin du bien est un mal, la fin du mal est un bien. » <MP 14 p.164>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Une mauvaise action n'est pas plus tôt faite qu'elle devient une bonne action, et voici comment : Elle punit celui qui l'a faite. Elle se retourne contre lui, et le mord. Il semble qu'elle lui dise : Ah ! tu m'as voulue injuste. Eh bien, je suis juste. Je te châtie. » <1870-75 p.76>
Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001
« Pourquoi être puni pour ses péchés, puisque tous, même les plus charmants, portent leur punition en eux-mêmes. » <8 septembre 1968, p.50>
Léon BLOY / Le Vieux de la Montagne / Journal II / Robert Laffont - Bouquins 1999
« Il y a une sainte envie qui consiste à désirer le mal d'autrui, si ce mal est le seul remède. Vieil axiome regardé aujourd'hui comme un paradoxe. » <5 juin 1910, p.157>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, de même nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés. » <p.143 IV (68)>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Il est bon qu'il y ait dans le Monde des biens et des maux : sans cela, on seroit désespéré de quitter la vie. » <1029 p.1272>
« Telle est la nature des choses que l'abus est très souvent préférable à la correction, ou, du moins, que le bien qui est établi est toujours préférable au mieux qui ne l'est pas. » <1920 p.1461>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Le malheur de l'humanité, considérée dans l'état social, c'est que quoiqu'en morale et en politique on puisse donner comme définition que le mal est ce qui nuit, on ne peut pas dire que le bien est ce qui sert ; car ce qui sert un moment peut nuire longtemps ou toujours. » <471 p.159>
Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - Éditions Findakly 1996
« On reproche souvent aux grands de n'avoir pas fait tout le bien qu'ils eussent pu dispenser - Ils pourraient bien répondre : songez seulement à tout le mal que nous eussions pu faire et dont nous nous sommes abstenus. » <p.42>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« On n'est correct qu'en corrigeant. » <21 décembre 1790 t.1 p.129>
Victor HUGO / Choses vues / Histoire / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1987
« La taquinerie est la méchanceté des bons. » <p.814>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Le mieux, c'est le bien d'autrui. » <198 p.185>
« D'être méchant, c'est se venger d'avance. » <205 p.185>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« On ne se lasse point à parler de ce Franklin, dont l'image se voit sur les pendules. Il admirait le soin que prenait la Providence pour envoyer aux baleines arctiques, par le Gulf-Stream, une certaine espèce de méduses, appelées orties-de-mer, dont elles sont friandes. Gageons que les orties-de-mer, si elles savaient, ne donneraient les marques, à la Providence, que d'une médiocre approbation. » <p.284>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« Je vois dans la nature plus de fortuité que de providence. » <Cinquante pensées noires, p.113>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Le mieux n'est l'ennemi que du mal. » <14 novembre 1900 p.479>
Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« J'adore cette anecdote lue dans un auteur militaire. C'est au siège de Sébastopol. Soudain, un grenadier russe sort de la tranchée, grimpe sur le parapet, et se met à danser à la mode de son pays. En face, dans la tranchée française, charmé de son culot, on rit et on applaudit. Le Russe plonge, mais après quelques instants, ressort et danse à nouveau. Léger froid dans la tranchée française. Encore quelques minutes, nouvelle sortie et nouveau début d'entrechat : d'un seul mouvement, sans s'être concertés, les Français tirent et le tuent. La morale est que le mieux est l'ennemi du bien. » <Carnet XXXIV p.1246>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Motif de l'attaque. On n'attaque pas seulement pour faire du mal à quelqu'un, pour le vaincre, mais peut-être aussi pour le seul plaisir de prendre conscience de sa force. » <317 p.601>
« La méchanceté est rare. La plupart des hommes sont bien trop occupés d'eux-mêmes pour être méchants. » <85 p.487>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Là-dessus, pas d'incertitude. Les personnes les plus charitables reconnaissent que le mal du prochain est toujours le moindre et que c'est bien là qu'il faut choisir. Les moralistes ont remarqué depuis longtemps qu'on a toujours assez de force pour supporter les peines d'autrui. » <p.167>
« Faire le bien autour de soi. Question de périmètre. Moins il est étendu et plus on se fait de bien à soi-même. » <p.205>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Lorsque le médecin vous recoud la peau du visage, à la suite de quelque petit accident, il y a, parmi les accessoires, un verre de rhum propre à ranimer le courage défaillant. Or, communément, ce n'est point le patient qui boit le verre de rhum, mais l'ami spectateur, qui, sans en être averti par ses propres pensées, tourne au blanc verdâtre et perdrait le sentiment. Ce qui fait voir, contre le moraliste, que nous n'avons pas toujours assez de force pour supporter les maux d'autrui. » <20 février 1923 p.469>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Mais non ; il n'est nullement nécessaire d'être méchant pour blesser autrui. Et c'est bien là le plus tragique : que des êtres bons et qui s'aiment puissent s'endolorir et se navrer avec la meilleure volonté du monde. » <10 mars 1928 p.876>
Pierre DAC / Arrière-pensées - Maximes inédites / Le cherche midi éditeur 1998
« Le mieux est l'ennemi du bien, mais le pire est l'ami de l'excès. » <p.157>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Sans la paresse qui dissuade de pousser la méchanceté trop loin et la concurrence à son paroxysme, notre société ne serait pas vivable. » <p.131>