LA BEAUMELLE / Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on (1752) / Droz 1997
« Il y a peu de belles vies en détail : les grands hommes ne le sont qu'en gros. » <CLIII p.91>
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« Oh ! qu'il devrait donc bien y avoir, à chaque biographie de poète, un petit chapitre secret et réservé, à l'usage des seuls bons esprits, capables de porter la vérité, toute la vérité, sans la prendre de travers ni en abuser. » <p.128>
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868 [BnF Cote LB56-1958]
« L'intérêt de toute biographie peut se résumer par ces mots : Comment est-il parvenu ? » <p.138>
Oscar WILDE / Intentions / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1996
« De nos jours tous les grands hommes ont leurs disciples et c'est toujours Judas qui rédige la biographie. » <p.830>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (3) / Mercure de France 1923
« C'est dans leur oeuvre, non dans leur vie, qu'il faut étudier les hommes supérieurs, car leur oeuvre représente les actes par quoi ils différent, et leurs amours, par exemple, représentent les actes par quoi ils ressemblent. Les jeux de l'instinct de reproduction ne sont pas plus curieux chez Napoléon ou chez Goethe que chez ce passant obscur qui s'en va en bonne fortune. » <juillet 1903, p.177>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Quand on lit le récit d'une vie "exemplaire" comme celle de Balzac, on arrive toujours au récit de la mort. Ainsi, à quoi bon ? » <27 aout 1895 p.223>
« Lis toutes les biographies des grands morts, et tu aimeras la vie. » <29 novembre 1895 p.237>
Jerome K. JEROME / Arrière-pensées d'un paresseux (1898) / Arléa 1998
« J'aime les anecdotes sur la petitesse des grands de ce monde. J'aime me dire que Shakespeare levait volontiers le coude. Je me cramponne même au récit de cette ultime orgie avec son ami Ben Jonson. Peut-être l'histoire est-elle apocryphe, mais j'espère que non. J'aime l'imaginer sous les traits d'un braconnier, d'un bon à rien de village, vilipendé par le maître d'école, cible constante des sermons du magistrat local. J'aime songer que Cromwell avait une verrue sur le nez ; cette pensée me réconcilie avec mes propres traits. J'aime savoir qu'il mettait des bonbons sur les chaises pour voir les dames élégantes abîmer leurs belles robes ; me dire que sa farce idiote le faisait hurler de rire, comme n'importe quel Dudule de banlieue avec son pistolet à eau les jours de fête. J'aime lire que Carlyle balançait des tranches de bacon à la tête de sa femme et se rendait parfois parfaitement ridicule pour des contrariétés de rien du tout, qui auraient fait sourire un homme équilibré. Je songe alors à la cinquantaine de bourdes que je commets par semaine et je me dis : "Moi aussi, je suis un homme de lettres." » <p.190>