Abbé d'AILLY / Pensées diverses (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Les maximes servent à l'esprit ce que le bâton sert au corps quand il a trop de faiblesse pour se soutenir de soi-même. Ceux qui ont l'esprit grand, qui voient toutes choses dans leur étendue, n'ont point besoin de maximes. » <11 p.263>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Les maximes générales sont dans la conduite de la vie ce que les routines sont dans les arts. » <150 p.81>
VAUVENARGUES / Réflexions et maximes / Les moralistes français / Paris, Garnier frères 1875
« Les bonnes maximes sont sujettes à devenir triviales. » <423 - p.677>
« Une maxime, pour être bien faite, ne demande pas à être corrigée. Elle demande à être développée. » <II p.351>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Pourquoi ne lit-on plus jamais les grands maîtres de la maxime psychologique ? - car, soit dit sans aucune exagération, l'homme cultivé qui a lu La Rochefoucauld et ses parents en esprit et en art est rare à trouver en Europe ; et plus rare encore de beaucoup celui qui les connaît et ne les dédaigne pas. Mais il est probable que même ce lecteur exceptionnel y prendra moins de plaisir que ne lui en devrait donner la forme de ces artistes ; car même le cerveau le plus fin n'est pas capable d'apprécier suffisamment l'art d'aiguiser une maxime, s'il n'y a pas lui-même été élevé, s'il ne s'y est pas essayé. On prend, faute de cette éducation pratique, cette invention et cette mise en forme pour plus facile qu'elle n'est, on n'en ressent pas avec assez d'acuité la réussite et l'attrait. » <35 p.465-466>
Friedrich NIETZSCHE / Par-delà le bien et le mal (1886) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Il y a des tournures et des saillies, des sentences où toute une civilisation, toute une société se cristallise soudain en quelques mots. Ainsi cette parole de Madame de Lambert à son fils : "Mon ami, ne vous permettez jamais que des folies qui vous feront grand plaisir". Soit dit en passant, voilà le conseil le plus maternel et le plus sage qu'on ait jamais donné à un fils. » <235 p.681>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« Toutes les pensées et maximes qui ont quelque valeur sont fortement pessimistes. Quand on étudie ses semblables et soi-même avec quelque sincérité, on en rapporte rarement des observations avantageuses. » <p.251>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Les diseurs de maximes, non plus que les marchands de "spécialités", ne se soignent à leurs propres remèdes. » <p.286>
Paul LÉAUTAUD / Propos d'un jour / OEuvres / Mercure de France 1988
« Il n'est pas de sentences, de maximes, d'aphorismes, dont on ne puisse écrire la contre-partie. » <p.381>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« On reconnaît la maxime excellente à ce qu'on a d'abord envie de la contredire. » <39 - 8 septembre 1953 p.95>
Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« Moraliste, j'émets des lois générales. Mais toute loi générale est fausse. » <Carnet XLIII p.1327>
« Les "maximes" ont mauvaises presse. On proclame que c'est de la "fausse pensée", qu'il n'en est aucune qui ne puisse être retournée, etc., et j'ajouterais bien moi-même : "Quand on n'est plus bon à rien, on peut encore faire des maximes", ou : "La pensée essoufflée fait des maximes", etc. Mais que ces mêmes maximes si décriées soient placées à l'intérieur d'un texte, dans un long développement, on les tiendra pour des réflexions profondes. Ce sont l'isolement et la brièveté qui leur donnent un éclat excessif, et de là suspect. Nue, une ampoule électrique aveugle ; on la préfère enrobée de verre dépoli, voire ornementé. » <Notes non datées, p.1351>
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Chacun se redresse aux maximes et aux proverbes ; chacun en sent le prix. Penser sur des maximes c'est se reconnaître et reprendre le gouvernement de soi. » <p.155>
Albert CAMUS / Essai critiques / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« Qu'est-ce que la maxime en effet ? On peut dire en simplifiant que c'est une équation où les signes du premier terme se retrouvent exactement dans le second, mais avec un ordre différent. C'est pour cela que la maxime idéale peut toujours être retournée. Toute sa vérité est en elle-même et pas plus que la formule algébrique, elle n'a de correspondant dans l'expérience. On peut en faire ce que l'on veut jusqu'à épuisement des combinaisons possibles entre les termes donnés dans l'énoncé, que ces termes soient amour, haine, intérêt ou pitié, liberté ou justice. On peut même, et toujours comme en algèbre, tirer de l'une de ces combinaisons un pressentiment à l'égard de l'expérience. Mais rien de cela n'est réel parce que tout y est général. » <Introduction à Chamfort, p.1100>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« L'aphorisme ? Un feu sans flamme. On comprend que personne ne veuille s'y réchauffer. » <p.1364>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Plus encore que dans le poème, c'est dans l'aphorisme que le mot est dieu. » <p.1495>
Philippe BOUVARD / Journal 1997-2000 / Le cherche midi éditeur 2000
« La maxime exige de son auteur deux caractéristiques qui vont généralement de pair : un passé long et le souffle court. » <p.93>
Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littéraire 1948-1962 / SNELA La Différence 2002
« Lisez les pensées des autres et il vous en viendra. » <1957 p.78>
« Le moraliste dérange l'ordre faux des convenances - ne confondons pas moraliste et moralisateur. » <1960 p.159>
Charles DANTZIG / Dictionnaire égoïste de la littérature française / Grasset 2005
« Qu'est-ce qui empêche de décrire ce que l'homme a de grandeur sous forme de maxime ? La peur d'avoir l'air niais. C'était une maxime sur les auteurs de maximes. » <p.526>