Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Ils disent que les éclipses présagent malheur, parce que les malheurs sont ordinaires, de sorte qu'il arrive si souvent du mal, qu'ils devinent souvent ; au lieu que s'ils disaient qu'elles présagent bonheur, ils mentiraient souvent. Ils ne donnent le bonheur qu'à des rencontres du ciel rares ; ainsi ils manquent peu souvent à devenir. » <190 p.1136>
François VIDOCQ / Voleurs, physiologie de leurs moeurs et de leur langage / Paris, chez l'auteur 1837
« Les individus qui vont demander des conseils aux tireurs de cartes sont des imbéciles, sans doute, mais il ne doit cependant pas être permis de les exploiter ; aussi, je le répète, je ne comprends pas l'indulgence de la police. » <t.2 p.271>
ALAIN / 81 chapitres sur l'esprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« La prédiction d'un devin ou d'une sorcière, si elle dépend de causes extérieures et inanimées, peut se trouver vérifiée soit par hasard, soit par l'effet d'une connaissance plus avancée des signes, soit par une finesse des sens qui permet de les mieux remarquer. Il faut dire là-dessus qu'on oublie presque toutes les prédictions ; ce n'est souvent que leur succès qui nous les rappelle. Mais le crédit qu'on apporte aux prophètes tient à des causes plus importantes et plus cachées. Souvent l'accomplissement dépend de nous mêmes ou de ceux qui nous entourent ; et il est clair que, dans beaucoup de cas, la crainte ou l'espérance font alors arriver la chose. La crainte d'un accident funeste ne dispose pas bien à l'éviter, surtout si l'on penche à croire qu'on n'y échappera pas. » <p.1174>
ALAIN / Mars ou la guerre jugée / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Il y a une intelligence qui est miroir seulement. Fidèle à retracer les circonstances de ce qui est. Parfaite pour enseigner et expliquer ; de nul effet pour l'action. Non qu'elle puisse annoncer, d'après l'état actuel, l'état des choses qui suivra ; mais agir d'après cela ce n'est toujours que suivre. Ainsi le docteur en politique nous annonce la guerre ou la disette ; nous ne serons point surpris ; nous aurons nos provisions ou nos chaussures de marche. Mais, par l'exemple des provisions, on voit déjà en quoi l'intelligence miroir remet l'homme au-dessous d'une bonne machine à prévoir ; car une telle machine ne change pas l'avenir par ses annonces, au lieu que l'homme qui craint la disette et fait des provisions contribue pour sa part à semer l'alarme et aggrave la crise, comme on a vu. » <p.676-677>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Extrapolation : moyen le plus mathématique d'aboutir à l'erreur. » <p.139>
Paul WATZLAWICK / Faites vous-même votre malheur / Seuil 1984
« Plus un pays se sentira menacé par son voisin, plus il s'armera, convainquant ainsi le voisin de prendre des mesures "défensives" qui seront perçues comme autant de preuves supplémentaires de son humeur belliqueuse. La guerre (à laquelle tout le monde finit par s'attendre) n'est plus alors qu'une question de temps. Plus on augmentera les impôts pour compenser des fraudes fiscales (réelles ou imaginaires), plus les citoyens les plus honnêtes tendront à tricher dans leurs déclarations. Toute prédiction d'une pénurie (fondée ou non) de tel bien de consommation entraîne immédiatement la constitution de stocks qui créent la pénurie annoncée. La prédiction d'un événement a pour résultat de faire arriver ce qu'elle a prédit. » <p.58>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« Quand à la Saint-Médard il tombe de la pluie, de la neige, de la grêle, des hallebardes et de la suie, on est tranquille pour quarante jours plus tard, parce que, à part tout ça, qu'est-ce que vous voulez qu'il tombe ? Oui, je sais, mais enfin c'est plutôt rare. » <p.158>