Jean-Louis-Auguste COMMERSON / Pensées d'un Emballeur (1) / Martinon 1851
« Si l'on construisait actuellement des villes, on les bâtirait à la campagne, l'air y serait plus sain. » <p.124>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« La vie systématique, qui ne gêne en rien la liberté individuelle, n'existe encore nulle part et pour aucun peuple à la surface du globe. L'hygiène du genre humain n'est pas encore créée. Un jour on comprendra que tous les éléments dont le globe se compose, toutes les productions qu'il engendre, toutes les effluves [sic] qu'il rayonne, toutes les forces qu'il dégage doivent se mettre en équilibre avec la vie humaine et que le secret de la vie est là tout entier. C'est ce que l'avenir saura et verra. » <1852 p.62>
Henry D. THOREAU / La vie sans principes (1863) / Désobéir / Bibliothèques 10/18 (2832) Éd. de L'Herne 1994
« Si, par amour des bois, un homme s'y promène pendant la moitié de la journée, il risque fort de passer pour un fainéant. Si, au contraire, il emploie toutes ses journées à spéculer, à raser les bois et à rendre la terre chauve avant son heure, on le tiendra en haute estime, on verra en lui un homme industrieux et entreprenant. Est-ce donc qu'une ville ne porte d'intérêt à ses forêts que pour les faire abattre ? » <p.128>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« En permettant l'homme, la nature a commis beaucoup plus qu'une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. » <p.1318>
François CAVANNA / La belle fille sur le tas d'ordures / L'Archipel (LdP9667) 1991
« La forêt, partout on la rase, cette inutile, cette grande feignasse. Tiens, les Brésiliens : la fameuse forêt vierge amazonienne, "le poumon du monde", eh bien, ils sont en train de la supprimer. Et tu sais pourquoi ? Pour cultiver massivement de la canne à sucre. Mais du sucre, on a déjà trop, on sait pas quoi en faire, on en crève, du sucre ! Oui, mais les Brésiliens, eux, ils en font de l'alcool. Pas de l'alcool pour boire, non, de l'alcool pour remplacer l'essence dans les voitures. Alors, là, je m'incline. Préférer la forêt à la bagnole, faudrait être maso, fou dingue dans sa tête. Et où ils iront avec leurs voitures, les Brésiliens ? Oh, ils iront à l'hôtel de la Forêt, au camping des Trois Acajous Géants, dont les noms romantiques leur diront que, là, autrefois, à ce qu'on dit, il y avait une forêt. On la tolère encore un peu, la forêt, pour la hacher en pâte à papier ou la laminer en simili-massif. Le jour où la civilisation n'aura plus besoin de papier ni de maquiller le plastique en faux bois, adieu le dernier arbre ! Oh, et puis, hein, qu'est-ce qu'on en a à foutre, de la forêt ? Une grande dalle de ciment d'un pôle à l'autre, peinte en vert, si tu veux, pour nos rallyes et nos Tours de France, un peu d'eau sale pour nos planches à voile, des parasols pour picoler à l'ombre... Le bonheur. » <p.45-46>
Définition :
« Le dictionnaire nous dit que l'écologie est l'étude des rapports existants entre les êtres vivants et leur milieu (en gros, ça doit être ça, j'écris en voltige, pas de dico sous la main). Mais c'était avant la survenue du "mouvement écologique". Depuis, le mot "écologie" a pris de l'ampleur et de l'ambition. Je crois pouvoir le définir en disant qu'il exprime l'inquiétude d'UN être vivant (l'homme civilisé) devant la dégradation accélérée de son propre milieu d'existence. Je pense que cette définition est suffisamment générale pour mettre tout le monde d'accord. Si maintenant on veut un peu affiner, par exemple poser les questions du "pourquoi", du "comment" et du "qu'est-ce qu'il faut faire ?", ça diverge tout de suite. » <p.79>
« L'illusion écologique est un consolationnisme comme tous les systèmes fondés sur la donnée de base que l'homme veut avant tout vivre heureux dans un monde heureux et harmonieux. C'est le principe, proclamé et allant de soi, de toutes les utopies sociales, que ce soit les innombrables variétés du socialisme, de l'anarchie, du communisme... De l'écologie. Toutes entrevoient les lendemains radieux dans un avenir à portée de main, il suffit d'en mettre un bon coup, par la révolution ou par l'éducation des masses, pour que le bon sens et l'altruisme prennent enfin les commandes. Ce ne sont que des aide-à-vivre, des, comme je disais, consolationnismes, des, si vous préférez, euphorisants, qui, d'abord, rejettent le pessimisme insupportable et le remplacent par l'agréable espoir, ensuite placent cet espoir au bout d'un effort à accomplir, c'est à dire débouchent sur l'action. Espoir et action, c'est tout ce que demandent nos petites machineries intimes pour tuer l'angoisse ou, du moins, l'oublier. Toute utopie, tout système "généreux" a pour but - non avoué, mais bien réel - de faire oublier l'angoisse dite "existentielle" à ceux dont le psychisme n'est pas suffisamment polarisé sur cette autre illusion : l'ambition personnelle, le désir de "réussir sa vie", dans quelque domaine que ce soit et quelles que soient les motivations intimes, qui ne sont que des justifications modulées par le hasard (hasard de la distribution des gènes ou hasards des circonstances de la vie...) Dévouement, vengeance, arrivisme, volonté de puissance, art, cupidité, ascétisme pieux...ceux que l'une ou l'autre de ces passions anime n'ont pas besoin de consolationnisme. Leur drogue apaisante-stimulante, il la sécrète eux-même. L'écologie, comme toutes les utopies sociales, est une religion. Une religion sans dieu, mais une religion n'a pas forcément besoin d'un dieu. La foi suffit. Et aussi le dogme. » <p.105-106>
« "Ah, vous êtes écolo ?" Succès de rire assuré. En France , en tout cas. Ailleurs, je ne sais pas. Parait qu'en Allemagne les Verts sont pris au sérieux. Les Allemands n'ont aucun sens de l'humour. » <p.144>