Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891) / Berger-Levrault 1892
« Je prends le récit suivant dans les Mémoires dits de Bachaumont, à la date du 30 mars 1778. L'autre jour, Mme de la Villemenue, vieille coquette qui désire encore plaire, a voulu essayer ses charmes surannés sur le philosophe ; elle s'est présentée à lui dans tout son étalage et, prenant occasion de quelque phrase galante qu'il lui disait et de quelques regards qu'il jetait en même temps sur sa gorge fort découverte : - Comment, s'écria-t-elle, Monsieur de Voltaire, est-ce que vous songeriez encore à ces petits coquins-là ? - Petits coquins, reprend avec vivacité le malin vieillard, petits coquins, Madame ! ce sont bien de grands pendards ! » <p.193>
Paul-Jean TOULET / Notes de littérature / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Il faut bien l'avouer, le soin de la parure est chez la femme beaucoup plus fort que celui de se vêtir ; outre qu'il n'y a que trois choses de son corps qu'elle aime à masquer, ses pieds, ses mains et son visage ; et si, comme elles font de leurs épaules, elles découvraient leur pensée, nous apprendrions que l'on peut se vêtir très bien avec des gants, deux ou trois bracelets, une paire de bottines à hauts talons, et un grand, grand chapeau à plumes. » <p.965>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Il n'est point d'homme qui soit tout à fait indifférent aux raffinements et aux grâces de la parure chez la femme qui lui tient le bras ; signe qu'il est heureux de l'approbation des autres ; vanité certainement. Or j'ai fait une remarque qui étonnera les hommes tout à fait jeunes ; c'est que la femme, même la plus élégante et la plus attentive aux modes, ne fait jamais attention au vêtement d'un homme qui lui plaît. Il n'y aurait donc point de vanité du tout dans l'amour féminin ? C'est trop dire. Mais enfin ne soyez pas dupe de ceci que les femmes sont plus parées et ornées que les hommes, et n'allez pas en conclure que ce sont les femmes qui tiennent aux ornements extérieurs ; si cela était, on verrait les hommes en dentelles, en soie, en chapeaux à plume. Et c'est la vanité des hommes qui explique la parure des femmes. » <9 mars 1912 p.131>