Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
« [Socrate] disait qu'il faut délibérément s'exposer aux auteurs comiques : car s'ils disent quelque chose qui s'applique à nous, ils nous corrigeront ; sinon, cela ne nous concerne pas. » <II 36 Socrate p.241>
Abbé d'AILLY / Pensées diverses (1678) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« La raillerie est plus difficile à supporter que les injures, parce qu'il est dans l'ordre de se fâcher des injures, et que c'est une espèce de ridicule de se fâcher de la raillerie. » <74 p.269>
Friedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littéraire, philosophique et critique (tome 1) / Garnier frères 1877 [BnF]
« Racine était naturellement railleur et malin ; il poussa un jour si vivement [Boileau-] Despréaux, qui avait avancé quelque chose qui n'était pas juste, que celui-ci fut obligé de lui dire : "J'ai tort, monsieur, mais j'aime encore mieux avoir tort que d'avoir aussi orgueilleusement raison que vous l'avez". » <p.84>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« On cherche les rieurs ; et moi je les évite. Cet art veut sur tout autre un suprême mérite. Dieu ne créa que pour les sots Les méchants diseurs de bons mots. » <Livre huitième, VIII Le rieur et les poissons p.455>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Il y a de petits défauts que l'on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés : ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres. » <p.166 V (55)>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
De la Raillerie
« Tout homme qui raille veut avoir de l'esprit ; il veut même en avoir plus que celui qu'il plaisante. La preuve en est que si ce dernier répond, il est déconcerté. Sur ce pied là, il n'y a rien de si mince que ce qui sépare un railleur de profession d'un sot ou d'un impertinent. Cependant il y a de certaines règles que l'on peut observer dans la raillerie, qui, bien loin de rendre le personnage d'un railleur odieux, peuvent le rendre très aimable. Il ne faut toucher que certains défauts que l'on n'est pas fâché d'avoir, ou qui sont récompensés par de plus grandes vertus. On doit répandre la raillerie également sur tout le monde, pour faire sentir qu'elle n'est que l'effet de la gaieté où nous sommes, et non d'un dessein formé d'attaquer quelqu'un en particulier. Il ne faut point faire de raillerie trop longue et qui revienne tous les jours : car on est censé mépriser un homme, de cela seul qu'on lui a donné sur tous les autres la préférence continuelle de recevoir les saillies qui viennent. Enfin, il faut avoir pour but de faire rire celui qu'on raille, et non pas un tiers. Il ne faut pas se refuser à la plaisanterie : car souvent elle égaye la conversation ; mais aussi il ne faut pas avoir la bassesse de s'y livrer trop et être comme le but où tout le monde tire. » <623 p.1147>
Paul Henri Dietrich baron d'HOLBACH / La Morale universelle (I) / Amsterdam M.-M. Rey 1776 [BnF cote 1070]
« La raillerie, presque toujours armée par l'envie et la malignité, déconcerte souvent la sagesse et la probité : mais elle n'a de prise réelle que sur le vice ; elle finit par se déshonorer lorsqu'elle attaque la vertu. » <III xii p.401>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« C'est une règle excellente à adopter sur l'art de la raillerie et de la plaisanterie, que le plaisant et le railleur doivent être garants du succès de leur plaisanterie à l'égard de la personne plaisantée, et que, quand celle-ci se fâche, l'autre a tort. » <196 p.93>
Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Riposteurs (1893) / Berger-Levrault 1893
Bassompierre :
« Ce vert galant avait réponse à tout. Comme il prenait de l'âge et du ventre après avoir été le plus beau des vainqueurs, Larochefoucauld, qui se teignait et se fardait, le salua de ce mauvais compliment : - Vous voilà gros, gras, gris. - Et vous, teint, peint, feint. » <p.5>
André DUPIN aîné / De l'improvisation / Paris, ou Le livre des Cent-et-Un (7) / Paris Ladvocat 1832
« Ceci nous conduit à remarquer que les princes doivent soigneusement s'interdire toute raillerie : rien ne serait plus propre à leur faire des ennemis irréconciliables : un trait indifférent de la part d'un égal, à qui l'on peut répondre sur le même ton, devient poignant de la part d'un prince dont on se croit obligé de tout accepter sans murmurer. [...] On raconte que, sous Louis XIV, madame la Dauphine ayant vu entrer un officier tout balafré, s'écria : Mon dieu ! qu'il est laid ! - "Vous vous trompez, madame," reprit à l'instant le grand roi, "c'est un des plus beaux hommes de mon royaume, car c'est un des plus braves." Sans cette heureuse repartie, un brave homme restait humilié en présence de toute la cour. » <p.283>