Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« Gardons-nous de l'ironie en jugeant. De toutes les dispositions de l'esprit, l'ironie est la moins intelligente. » <p.129>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« L'ironie ne dessèche pas : elle ne brûle que les mauvaises herbes. » <26 décembre 1899 p.439>
« L'ironie est un élément du bonheur. » <6 mars 1903 p.636>
Henry BECQUE / L'Esprit d'Henry Becque / nrf Gallimard 1927
« Le malheur des ironistes, leur châtiment, c'est d'être condamnés à l'être toujours. » <p.145>
Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Redouter l'ironie, c'est craindre la raison. » <p.70>
Georges BERNANOS / Le Chemin de la Croix-des-Âmes (1948) / Essais et écrits de combats II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1995
« Ah ! chers lecteurs, ce qui manque le plus au monde, c'est le sens de l'ironie. Si nous pouvions rire de nous, de notre sottise, comme aussi de ceux qui l'exploitent et qui en vivent, nous serions sauvés ! Refuserez-vous aujourd'hui, une fois de plus, le réconfort de ce rire libérateur ? » <février 1943, p.507>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« L'ironie est la mort de la métaphysique. » <5 novembre 1960 p.759>
Vladimir JANKÉLÉVITCH / Philosophie morale / Mille&UnePages Flammarion 1998
« Trop de lucidité dessèche ; en sorte qu'une conscience délicate ne va jamais sans quelque aveuglement, sans l'ingénuité du coeur et la crédulité de l'esprit. C'est cette conscience que l'ironie des esprits forts impitoyablement pourchasse et neutralise. » <La Mauvaise Conscience, p.68>
Vladimir JANKÉLÉVITCH / L'ironie / Champs Flammarion 1964
« L'ironiste fait semblant de jouer le jeu de son ennemi, parle son langage, rit bruyamment de ses bons mots, surenchérit en toute occasion sur sa sagesse soufflée, ses ridicules et ses manies. Voilà décidément le grand art et la suprême liberté, la plus intelligente, la plus diabolique, la plus téméraire aussi. La conscience ironique dit non à son propre idéal, puis nie cette négation. Deux négations s'annulent, disent les grammaires : mais - ce que les grammaires ne nous disent pas - l'affirmation ainsi obtenue rend un tout autre son que celle qui s'installe du premier coup, sans passer par le purgatoire de l'antithèse. La ligne droite n'est pas si courte que cela et le temps perdu est quelquefois le mieux employé. » <p.76>
« L'ironie est la mauvaise conscience de l'hypocrisie. Comprenons bien que l'intérêt le plus évident du scandale est de rester camouflé et d'entretenir une équivoque dont il est le seul bénéficiaire : la guerre, par exemple, ne demande qu'à devenir juridique pour constituer, comme la paix, un certain ordre naturel ; et le plus mauvais tour qu'on puisse lui jouer, c'est de lui refuser, au contraire, cette légalité dérisoire dont elle s'accommoderait si bien, c'est de la vouloir inhumaine, absurde et anormale, comme elle doit être ; il ne faut pas que l'hypocrisie du "droit des gens", en la rendant supportable et presque sociable, nous crée un modus vivendi avec ce scandale. Qu'elle soit horrible, puisqu'elle est, et qu'elle s'extermine elle-même ! Heureusement la lucide ironie ne s'en laisse pas accroire ; et les bonnes âmes malfaisantes ne seront pas tranquilles tant qu'il y aura des ironistes pour crier à tue-tête leur vrai nom et pour dénoncer leurs nobles rôles, leurs postiches, leurs momeries et leur rhétorique en carton. Que l'ironie est donc indiscrète ! » <p.122>