Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Au lieu de se plaindre de ce que la rose a des épines il faut se féliciter de ce que l'épine est surmontée de roses et de ce que le buisson porte des fleurs. » <3 mai 1796 t.1 p.183>
« Pensez aux maux dont vous êtes exempt. » <3 juin 1797 t.1 p.217>
Ernest RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995
« L'optimisme serait une erreur, si l'homme n'était point perfectible, s'il ne lui était donné d'améliorer par la science l'ordre établi. La formule : "Tout est pour le mieux" ne serait sans cela qu'une amère dérision. Oui, tout est pour le mieux, grâce à la raison humaine, capable de réformer les imperfections nécessaires du premier établissement des choses. Disons plutôt : Tout sera pour le mieux quand l'homme, ayant accompli son oeuvre légitime, aura rétabli l'harmonie dans le monde moral et se sera assujetti le monde physique. » <p.101>
Léon DAUDET / Souvenirs / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Autant l'optimisme béat, c'est à dire inactif, est une sottise, autant l'optimisme, compagnon de l'effort, pour sortir des difficultés, des souffrances, des lésions fonctionnelles et organiques, est légitime. » <p.254-255>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Conquérir sa joie vaut mieux que de s'abandonner à la tristesse. » <12 mai 1927 p.841>
« Ne te détourne pas, par lâcheté, du désespoir. Traverse-le. C'est par-delà qu'il sied de retrouver motif d'espérance. Va droit. Passe outre. De l'autre côté du tunnel tu retrouveras la lumière. » <p.902>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Il y a des pluies de printemps délicieuses, où le ciel a l'air de pleurer de joie. » <50 p.168>
Paul LÉAUTAUD / Propos d'un jour / OEuvres / Mercure de France 1988
« Les choses tristes, douloureuses, plus belles pour l'esprit, y trouvant plus de prolongements, que les choses gaies, heureuses. Le mot soir plus beau que le mot matin, le mot nuit que le mot jour, le mot automne que le mot été, le mot adieu que le mot bonjour, le malheur plus beau que le bonheur, la solitude plus belle que la famille, la société, le groupement, la mélancolie plus belle que la gaîté, la mort que la naissance. À talent égal, l'échec plus beau que le succès. Le grand talent restant ignoré plus beau que l'auteur à grands tirages, adoré du public et célébré chaque jour. Un écrivain de grand talent mourant dans la pauvreté plus beau que l'écrivain mourant millionnaire. L'homme, la femme, qui ont aimé, ont été aimés, finissant leur vie dans une chambre au dernier étage, n'ayant pour fortune et pour compagnie que leurs souvenirs, plus beau que le grand-père entouré de ses petits-enfants et que la douairière encore fêtée dans son aisance. D'où cela vient-il, qui se trouve chez chacun de nous à des degrés différents ? Y a-t-il au fond de nous, plus ou moins, un désenchantement, une mélancolie qui se satisfont là, - et qu'il faut détester et rejeter comme un poison. » <p.338>
ALAIN / Mars ou la guerre jugée / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« On ne fait pas assez attention à ceci que le pessimisme est l'état naturel, dès qu'on s'abandonne, au lieu que l'optimisme est un fruit de volonté. Dont la raison profonde est que le gouvernement de soi, par sévère police des opinions improvisées, par serment à soi, par ordre et suite dans les actions, est la source et condition de tout bonheur. L'homme ne sait pas assez quelle triste mécanique il est, dès qu'il tombe au mécanisme. Une loi bien cachée, mais dont les effets sont assez et trop connus, c'est que le plus triste, le plus effrayant, le plus désespérant qu'on puisse attendre de soi est aussi ce qui persuade le plus aisément ; car l'émotion est toujours la meilleure preuve, comme la peur le fait bien voir. Et la peur de soi persuade ; le dégoût de soi, de même. C'est une erreur immense de doctrine, et liée à cette même erreur de pratique, que de croire qu'un homme pense volontiers du bien de lui-même. Ce n'est pas vrai ; il faut du courage pour être heureux de soi. Ainsi ne pas se demander ce qu'on pense, mais penser, j'entends vouloir, diriger, ordonner, chercher, telle est la santé de n'importe quel homme. Et celui qui attend ses opinions et son bonheur comme il attend le soleil ou la pluie attendra longtemps. » <p.666>
Georges BERNANOS / Les Grands Cimetières sous la lune (1938) / Essais et écrits de combats I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1971
« L'optimisme m'est toujours apparu comme l'alibi sournois des égoïstes, soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d'eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d'avoir pitié des hommes, de leur malheur. » <p.371>
Georges BERNANOS / La liberté pour quoi faire ? / Essais et écrits de combats II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1995
« L'optimisme est un ersatz de l'espérance, dont la propagande officielle se réserve le monopole. Il approuve tout, il subit tout, il croit tout, c'est par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc l'a dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste s'abonne à une revue nudiste et déclare qu'il se promène ainsi par hygiène, qu'il ne s'est jamais mieux porté. » <p.1262>
Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Lorsque votre moral se trouve être au plus bas, remontez le moral d'un moins heureux que vous. Vous trouverez pour lui des arguments auxquels vous n'aviez pas songé pour vous - et dont vous ferez votre profit. » <p.87>
Georges PERROS / En vue d'un éloge de la paresse - Lettre préface / Le Passeur 1995
« Le désespoir, c'est quand l'intelligence prend la souffrance à son compte. » <p.25>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Ce qu'on appelle "pessimisme" n'est rien d'autre que "l'art de vivre", l'art de goûter la saveur amère de tout ce qui est. » <19 septembre 1970, p.839>
Michel POLAC / Journal (1980-1998) / PUF 2000
« Rien ne me paraît plus justifier le pessimisme de Schopenhauer que le regard du chien quand on le regarde chier. » <mars 1996, p.465>
Jean DUTOURD / Dutouriana / Plon 2002
« Dans les situations désespérées, la seule sagesse est l'optimisme aveugle. » <p.88>