Charles DUFRESNY / Amusements sérieux et comiques (1698) / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Le jeu est une espèce de succession ouverte à tout le monde ; j'y vis l'autre jour deux Gascons hériter d'un Parisien, qui ne se serait jamais avisé de les mettre sur son testament. » <p.1024>
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« L'éternel enfant. - Nous croyons que les contes et les jeux appartiennent à l'enfance, myopes que nous sommes ! Comment pourrions-nous vivre, à n'importe quel âge de la vie, sans contes et sans jeux ! Il est vrai que nous donnons d'autres noms à tout cela et que nous l'envisageons autrement, mais c'est là précisément une preuve que c'est la même chose ! - car l'enfant, lui aussi, considère son jeu comme un travail et le conte comme la vérité. La brièveté de la vie devrait nous garder de la séparation pédante des âges - comme si chaque âge apportait quelque chose de nouveau -, et ce serait l'affaire d'un poète de nous montrer une fois l'homme qui, à deux cents ans d'âge, vivrait véritablement sans contes et sans jeux. » <270 p.793>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« On n'est pas sur la terre pour s'amuser. Pardon, voudriez-vous me dire pourquoi on y est, si ce n'est pas pour s'amuser. Serait-ce pour souffrir ? » <p.62>
Sacha GUITRY /L'Esprit / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« J'ai peut-être des défauts - qui n'en a pas ! - mais, il est une qualité qu'on ne peut pas me contester, c'est la fidélité. Depuis trente ans que je joue à la roulette, je joue toujours les mêmes numéros : le 35, le 3, le 26, le 0 et le 32. On appelle cela "jouer les voisins du zéro". Et je les joue pour deux raisons. Ou bien parce que l'un d'entre eux vient de sortir, ou bien parce qu'aucun d'eux ne vient de sortir. Oui, ou bien je me dis : "Puisque l'un d'eux vient de sortir, c'est qu'ils sont en train de sortir. Profitons-en !" - ou bien, je me dis : "Ils ne sont pas encore sortis, donc cela va être à eux maintenant de sortir. Profitons-en !" Et voilà trente ans que je me tiens ce raisonnement stupide. Je dis qu'il est stupide parce que voilà trente ans que je perds au jeu avec une régularité pour ainsi dire méthodique. » <p.273>
Sacha GUITRY / Mémoires d'un tricheur / Théâtre & Mémoires d'un tricheur / Omnibus Presses de la Cité 1991
« Ce que les gens qui ne jouent pas ne savent pas, ce qu'ils ignorent, ce sont les bienfaits du jeu. Ses inconvénients, je les connais comme eux. Certes, c'est un danger, mais qu'est-ce qui n'est pas un danger dans la vie ! Or, il ne faut pas contester l'influence excellente que le jeu peut avoir sur le moral. L'homme qui vient de gagner mille francs, ce n'est pas un billet de mille francs qu'il a gagné - c'est la possibilité d'en gagner cent fois plus. Il n'a pas gagné mille francs - il a gagné ! Quand il perd mille francs, il n'a perdu que mille francs. Quand il les gagne, il a gagné les premiers mille francs d'une fortune incalculable. Tous les espoirs lui sont permis - et voyez cette confiance en lui qu'il a, c'est magnifique ! En amour, en affaires, pendant vingt-quatre heures, il va tout oser - et ce début d'une fortune, dû au hasard uniquement, peut le mener à la fortune véritable. » <p.68>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« C'est la force des dirigeants modernes d'avoir compris que la religion ayant cessé d'être l'opium du peuple, la loterie, fille du rêve et de la démocratie, qui pour un investissement modique promet l'égalité des chances, pouvait constituer une drogue de substitution. » <p.116>