SÉNÈQUE / Lettres à Lucilius / Robert Laffont - Bouquins 1993
« On n'est jamais assez vieux pour ne pouvoir honnêtement espérer encore un jour. » <I lettre 12, 6 p.626 >
Henri ESTIENNE / Les prémices / Genève 1594 [BnF]
« Jeunesse n'a expérience ; Pourtant sage n'est pas qui pense Sagesse en jeunesse trouver, Qu'il fasse aux autres approuver. Et ceci n'est pas de cette heure. Depuis longtemps ce mot demeure, Qu'on connaît avoir été fait Par une forme de souhait, Ô si la jeunesse savait, Ô si la vieillesse pouvait. On dit aussi plus brièvement, si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. » <Épigramme CLXXXXI, p.173>
Henry MARET / Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903 [BnF]
« Le vieux proverbe : "Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait !" n'a plus de sens. La jeunesse sait et la vieillesse peut. La jeunesse sait que tout se paie, et la vieillesse peut tout payer. » <p.284>
Chevalier de MÉRÉ / Maximes, sentences et réflexions morales et politiques / Paris, E. du Castin 1687 [BnF]
« Le propre de la vieillesse est de plaindre le présent, de vanter le passé, et de craindre l'avenir. » <528 p.233>
Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX / OEuvres / Art Poétique / Société des Belles Lettres 1939
« Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs. Chaque Age a ses plaisir, son esprit, et ses moeurs. » <Chant III v.373-374 p.107>
Georges COURTELINE / Philosophie / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Je nie absolument que chaque âge ait ses plaisirs, la Jeunesse gardant tout pour elle. » <p.820>
Henri DUVERNOIS / L'Esprit de Henri Duvernois / nrf Gallimard 1928
« Après tout, il faut avoir une jeunesse. L'âge où l'on se décide à être jeune importe peu... » <Théâtre - La brebis galeuse p.19>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Un homme qui serait en peine de connaître s'il change, s'il commence à vieillir, peut consulter les yeux d'une jeune femme qu'il aborde, et le ton dont elle lui parle : il apprendra ce qu'il craint de savoir. Rude école. » <p.125 III (64)>
« L'on craint la vieillesse, que l'on est pas sûr de pouvoir atteindre. » <p.305 XII (40)>
« L'on espère de vieillir et l'on craint la vieillesse ; c'est-à-dire l'on aime la vie et l'on fuit la mort. » <p.305 XII (41)>
Tristan BERNARD / L'Esprit de Tristan Bernard / nrf Gallimard 1925
« On se souvient des vers de Corneille* :
Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge, Vous ne vaudrez guère mieux,
Auprès des races nouvelles Où j'aurais quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu'autant que je l'aurai dit.
On ignore généralement la réponse de la marquise. La voici, telle qu'elle figure dans la remarquable collection d'autographes historiques de Tristan Bernard :
C'est vrai qu'un jour je serai vieille, Dit la marquise. Cependant J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, Et je t'emmerde en attendant. » <p.148>
* Il s'agit de deux strophes des Stances à Marquise de Pierre Corneille (Voir OEuvres de Pierre Corneille, tome X, Hachette 1862 [BnF] p.165) Ces vers étaient adressés à Marquise Du Parc (1633-1668) - Marquise est son prénom et non un titre nobiliaire - une jolie comédienne de la troupe de Molière dont les frères Corneille (Pierre et Thomas) étaient amoureux. La réponse imaginée par Tristan Bernard a été reprise par Georges Brassens dans sa chanson Marquise.
Jonathan SWIFT / Pensées sur divers sujets loraux et divertissants / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« Jamais homme sage n'a souhaité de rajeunir. » <p.576>
« Chacun désire vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux. » <p.580>
Madame de LAMBERT / Traité de la vieillesse / OEuvres complètes / Paris L.Collin 1808 [BnF]
« Un des devoirs de la vieillesse est de faire usage du temps : moins il nous en reste, plus il nous doit être précieux. » <p.146>
LA BEAUMELLE / Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on (1752) / Droz 1997
« Avoir de l'expérience, ce n'est pas avoir vieilli, c'est avoir vu, et l'on voit mieux jeune que vieux. » <CLXXXV p.107>
Lorédan LARCHEY / L'Esprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891) / Berger-Levrault 1892
« Le Maréchal de RICHELIEU* Bien qu'octogénaire, il eut la témérité de se remarier. Une princesse lui demandait en riant, le lendemain, comment il avait pu se tirer d'un pas si difficile. Elle dut se contenter de cette réponse : "Le plus difficile n'est pas d'en sortir". » <p.55>
* Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu (1696-1788), petit neveu du cardinal.
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Vieillesse. Devait en effet être plus honorée dans des temps où chacun ne pouvait guère savoir que ce qu'il avait vu. » <27 mars 1802 t.1 p.468>
« J'avais besoin de l'âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j'aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » <1 juin 1804 t.1 p.627>
« Le soir de la vie apporte avec soi ses lumières et sa lampe pour ainsi dire. » <28 janvier 1808 t.2 p.244>
Victor HUGO / Choses vues / Histoire / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1987
« La France sera sauvée quand les vieux regarderont en avant et quand les jeunes regarderont en arrière. » <p.1312>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« À vingt ans, les illusions ; à cinquante les préjugés. » <1835-40 p.79>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Il est bon d'être ancien et mauvais d'être vieux. » <1840 p.152>
« J'aime encore beaucoup à respirer les fleurs, mais je n'en cueille plus. » <Pensées, p.1071>
Henry D. THOREAU / Walden ou la vie dans les bois (1854) / collection bilingue Aubier 1967
« Lorsque les vieilles gens vous diront que vous ne pouvez faire quelque chose, essayez, et vous découvrirez que vous pouvez le faire. Que les vieux agissent comme des vieux, les jeunes comme des jeunes. » <p.81>
« Heureusement que l'homme se vante d'être sobre quand il ne digère plus ; d'être chaste quand son sang est stagnant et son coeur mort ; - de savoir se taire quand il n'a plus rien à dire ; - et appelle vices les plaisirs qui lui échappent, et vertus les infirmités qui lui arrivent. » <Janvier 1840, p.75>
Alphonse KARR / Sous les orangers / M. Lévy frères 1859
« Et les miroirs donc ! comme ils sont changés ! On ne sait plus faire aujourd'hui un miroir qui ait le sens commun. Dans ma jeunesse on les faisait très-bien ; c'était plaisir de s'y regarder, on s'y voyait le visage plein et vermeil, les yeux vifs, les dents blanches ; - mais aujourd'hui on y est affreux. » <p.100>
Alphonse KARR / Une poignée de vérités / M. Lévy frères 1866
« Les vieillards sont des amis qui s'en vont, il faut au moins les reconduire poliment. » <p.304>
Henri ROCHEFORT / La Lanterne / Paris 1868 [BnF]
« Un certain Richard Purser vient de mourir, en Angleterre, dans sa cent douzième année. Rien ne m'est désagréable comme ce genre de faits divers. Voyez-vous où en serait la France le jour où on pourrait lire dans les journaux : "Quoique âgé de cent quarante et un an, l'Empereur Napoléon III continue à signer des arrêts de mort sans lunettes." » <Numéro 23 - Dimanche 25 octobre 1868 p.18>
« La jeunesse écoute les conseils de l'âge mûr. Elle a une confiance illimitée en elle-même. » <II p.350>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« La vieillesse, c'est quand on commence à dire : "Jamais je ne me suis senti aussi jeune". » <30 septembre 1897 p.340>
Paul MASSON / Pensées d'un Yoghi / Paris, L.Vanier 1896 [BnF]
« Les vieillards, dit-on, retombent en enfance. Pas de bien haut. » <222 - p.51>
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« On ne peut pas être et avoir été. Vous vous trompez, cher employé des Pompes funèbres, et la preuve, c'est qu'on peut avoir été un imbécile et l'être encore. » <p.122>
Léon BLOY / L'Invendable / Journal I / Robert Laffont - Bouquins 1999
« Qu'est-ce que le Bourgeois ? C'est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse. » <20 septembre 1904, p.548>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« La frôleuse répondait au vieillard : "C'est vrai, vous avez le plaisir, mais nous avons l'amusement". » <18 p.163>
Francis de CROISSET / L'Esprit de Francis de Croisset / nrf Gallimard 1928
« La jeunesse des femmes de théâtre est une hallucination collective. » <p.38>
Anatole FRANCE / Le Crime de Sylvestre Bonnard (1881) / OEuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1984
« Je suis solide dites-vous. Sans doute, sans doute ; mais j'ai beaucoup duré. Je suis un vieux meuble fort comparable au fauteuil de mon père. C'était un fauteuil que cet homme de bien tenait d'héritage et dans lequel il s'asseyait du matin au soir. Vingt fois le jour, je me perchais, en bambin que j'étais, sur le bras de ce siège antique. Tant qu'il tint bon, on n'y prit point garde. Mais il se mit à boiter d'un pied, et on commença à dire que c'était un bon fauteuil. Il boita ensuite de trois pieds, grinça du quatrième et devint presque manchot des deux bras. C'est alors qu'on s'écria : "Quel solide fauteuil !" On admirait que, n'ayant pas un bras vaillant et pas une jambe d'aplomb, il gardât figure de fauteuil, se tînt à peu près debout et fît encore quelque service. Le crin lui sortit du corps, il rendit l'âme. Et quand Cyprien, notre domestique, lui scia les membres pour le mettre au bûcher, les cris d'admiration redoublèrent : "L'excellent, le merveilleux fauteuil ! Il fut à l'usage de Pierre-Sylvestre Bonnard, marchand drapier, d'Épiménide Bonnard son fils et de Jean-Baptiste Bonnard, chef de la 3e division maritime et philosophe pyrrhonien. Quel vénérable et robuste fauteuil !" En réalité c'était un fauteuil mort. » <p.283>
Georges COURTELINE / Philosophie / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1990
« J'étais né pour rester jeune, et j'ai eu l'avantage de m'en apercevoir, le jour où j'ai cessé de l'être. » <p.819>
« Il vaut mieux gâcher sa jeunesse que de n'en rien faire du tout. » <p.820>
Alfred CAPUS / L'esprit d'Alfred Capus / nrf Gallimard 1926
« À Paris, ce qu'on appelait autrefois l'âge mûr tend à disparaître. On reste jeune très longtemps, puis on devient gâteux. » <p.136>
Henri JEANSON / Jeanson par Jeanson / Ed. René Chateau 2000
« - Il faut bien que jeunesse se passe ! - Pourquoi ? En voilà des idées ! Mourir jeune à un âge avancé, tel est mon but. » <p.76>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« On me demandait l'autre jour : "Qu'est-ce que vous faites ? - Je m'amuse à vieillir, répondis-je. C'est une occupation de tous les instants." » <31 décembre 1907 I p.464>
Philippe BOUVARD / Auto-psy d'un bon vivant Journal 2000-2003 / Le cherche midi éditeur 2003
« "Je m'amuse à vieillir. C'est une occupation de tous les instants", disait Léautaud. Et dont on aurait tort de se laisser distraire par l'ennui de rajeunir. » <p.290>
Paul LÉAUTAUD / Le théâtre de Maurice Boissard / OEuvres / Mercure de France 1988
« Les jeunes gens rient dans leur solidité et leur entrain, d'entendre quelquefois des hommes de cinquante ans regretter leur jeunesse et leur pauvreté. Je haussais aussi les épaules à leur âge. Plus tard, j'ai compris. Ce n'est pas la pauvreté qu'on regrette. Ce serait trop bête. Ce n'est même pas la jeunesse. Les choses qu'on a vécues, il est bien rare qu'on désire les revivre. Ce qu'on regrette, c'est le bon temps de l'insensibilité, de l'insouciance, de l'irréflexion, le temps où l'on passe, rapide, le temps où la mort n'a pas de signification bien précise. Vieillir, c'est devenir de plus en plus sensible, et voir, chaque jour davantage, nous quitter une à une les choses que l'on aime - le temps où l'on n'a plus à attendre que des gnons, comme dit, dans une autre formule, le directeur du Mercure. Qui m'aurait dit, quand j'étais jeune, que je deviendrais si sensible, qu'il me viendrait aussi ce besoin d'aimer... On dit pourtant qu'on devient plus sec avec les années. Je prends le chemin tout contraire, je crois bien. » <p.1077>
Georges BERNANOS / Les Grands Cimetières sous la lune (1938) / Essais et écrits de combats I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1971
« C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents. » <p.495>
Vladimir JANKÉLÉVITCH / Philosophie morale / Mille&UnePages Flammarion 1998
« On a l'âge qu'on paraît dans les circonstances frivoles de la vie, mais on a l'âge qu'on a dans les affaires sérieuses. Les deux ensemble. De là des confusions et des déceptions qui rendent nos entreprises tour à tour trompeusement faciles ou faussement difficiles. » <Du mensonge, p.259>
Jean COCTEAU / Journal (1942-1945) / Gallimard 1989
« J'aime vieillir. Je déteste la conception wildienne de la "jeunesse". Les boucles blondes, etc. L'âge apporte un calme, un équilibre, une altitude. L'amitié, le travail tiennent toute la place. » <6 février 1943, p.262>
Sacha GUITRY / Jusqu'à nouvel ordre / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Les vieux, qui sont vieux, comme leur nom l'indique, n'applaudissent jamais à l'amélioration de quoi que ce soit. Ils voient d'un mauvais oeil l'avenir. Cela tient à ce que, pour eux, l'avenir est chose incertaine. Ils disent qu'ils ont été heureux "comme ça" toute leur vie, et qu'il faut les laisser tranquilles. Ce n'est pas uniquement par raison de santé qu'ils disent cela. Et leur crainte de l'inconnu est tout autant morale que physique. La nouveauté bouleverse les vieux en art, en mécanique, en médecine, en tout. C'est dommage, parce qu'ils ne font, en somme, qu'ajourner leur plaisir et leur confort. Une chose nouvelle cesse vite d'être une chose nouvelle, et ils l'adoptent toujours - un peu trop tard. » <p.16-17>
Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Se méfier des vieux qui disent : "Place aux jeunes !" Ils n'ont qu'à s'en aller, s'ils aiment tant les jeunes ! Or, il faut observer que ceux qui disent : "Place aux jeunes !" ne leur offrent jamais que les places des autres. » <p.79>
Jean YANNE / Pensées, répliques, textes et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1999
« On me demande si je n'ai pas honte d'absorber, avec un seul film, le prix de cinq films que pourraient réaliser cinq jeunes metteurs en scène. Je n'ai qu'une réponse : il faut bien que les vieux fassent des films pour empêcher les jeunes de prendre leur place. Ça fait toujours cinq réalisateurs de moins sur le marché. » <p.19>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Quand je cesserai de m'indigner, j'aurai commencé ma vieillesse. » <p.278>
André GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Le vieux lierre soutient le mur, qui l'avait longtemps soutenu. » <octobre 1943 p.253>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Plus on vit, moins il semble utile d'avoir vécu. » <p.1333>
Jean COCTEAU / Journal d'un inconnu / Grasset 1953
« La jeunesse est injuste. Elle se doit de l'être. Elle se défend contre l'invasion de personnalités plus fortes que la sienne. Elle se livre d'abord. Ensuite, elle se met sur la défensive. D'un jour à l'autre, elle résiste. L'amour et la confiance qui l'habitaient lui apparaissent comme une maladie. Sa hâte à combattre cette maladie la trouve sans armes. Elle s'en improvise. Elle se tourne contre l'objet de sa confiance et le piétine, d'autant plus fort qu'en le piétinant, elle se piétine. Elle imite alors le meurtrier qui s'acharne sur l'inerte. » <p.100>
« Erik Satie raconte qu'on lui répétait dans sa jeunesse : "Vous verrez plus tard". - "J'ai cinquante ans, me disait-il. Je n'ai rien vu." » <p.200>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Dans un jardin public, cette pancarte : "À cause de l'état (âge et maladie) des arbres, il est procédé à leur remplacement." Le conflit des générations, même ici ! Le simple fait de vivre, fût-ce pour un végétal, est affecté d'un coefficient fatal. Aussi n'est-on content de respirer que lorsqu'on oublie que l'on est vivant. » <p.1489>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Vu, à la devanture d'une librairie catholique, un livre au titre stupéfiant : La joie de vieillir. L'Église, - quelle entreprise d'escamotage ! » <16 mars 1967 p.481>
« À vingt ans, je n'avais en tête que l'extermination des vieux ; je persiste à la croire urgente mais j'y ajouterais maintenant celle des jeunes ; avec l'âge on a une vision plus complète des choses. » <1 septembre 1972, p.990>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Rien n'est plus court que la vieillesse, il faut en profiter tout de suite. Au lieu que la jeunesse, au contraire, demande une très longue expérience ; on ne peut en profiter qu'autour de la soixantaine ; on ne saurait pas s'en servir à vingt ans. » <434 - 27 juin 1961 p.970>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (2) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Quand on est jeune, on s'imagine que la vieillesse va donner l'impression à l'homme de se désagréger dans un monde qui survit ; elle lui donne au contraire l'impression qu'il survit au sein d'un monde qui se désagrège. Le vieux Paris n'est plus. La forme d'une ville Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel. Ainsi parlait déjà Baudelaire, voyant Paris qui se transformait. Que dirait-il aujourd'hui, où il y reste à peine deux vespasiennes ? Et encore : sans ces tourelles et ces remparts qui les faisaient ressembler à des châteaux de la Loire. Comment l'homme n'éprouverait-il pas l'impression d'être indestructible quand il survit à de telles institutions ? » <537 - 18 juin 1953 p.164>
« En vieillissant on finit par vivre au milieu d'épaves. Tout ce qu'on a vient de gens qui sont morts. La mer a jeté ça sur la plage après avoir emporté l'homme. Comme d'autre au bord de la mer, on habite au bord de la mort. » <742 - 22 octobre 1967 p.603>
Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001
« On parle des "fautes de jeunesse". Et celles de vieillesse, donc ! » <28 novembre 1968, p.100>
« La vieillesse est un âge où le ridicule ne tue plus. » <17 septembre 1971, p.590>
« Un vieux qui mastique sur ses gencives, c'est comme un pneu qui roule sur la jante. » <23 mars 1972, p.686>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« L'expression homme du passé n'a rien de péjoratif. On a connu quantité d'hommes d'avenir qui, faute d'avoir été, ne fût-ce qu'un jour, les hommes du présent, n'ont jamais réussi à se faire un passé. » <p.161>
Roland TOPOR / Pense-bêtes / Le cherche midi éditeur 1992
« Les êtres humains, autant que le vin, ont besoin d'acidité pour vieillir. Sinon, ils se madérisent. » <p.119>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« J'ai des ambitions de vieux - les honneurs, le pouvoir et l'argent - étayées par des certitudes de jeunes - la durée, le tonus et la santé. » <p.73>
« Le pire n'est pas, quand on vieillit, de ne plus distinguer nettement certains mots mais de les confondre avec d'autres et de répondre à côté en laissant croire non que l'oreille faiblit mais que l'esprit déraille. » <p.197>
« Le malheur étant, comme le bonheur, affaire de comparaisons, il convient, à partir d'un certain âge, d'avoir toujours à sa botte plus vieux et plus déshérité que soi. Un septuagénaire rhumatisant que l'on place à côté d'un nonagénaire paralysé n'ose plus se plaindre de ses articulations. » <p.204>
« Le refus de la vieillesse et de ses atteintes passe par deux constatations subjectives : les gens parlent de moins en moins distinctement, les escaliers ont des marches de plus en plus hautes. » <p.229>
« Les vieux savent tout. Sauf qu'ils sont vieux. » <p.232>
« Le vin d'honneur de la retraite : véritable crémation sociale à l'issue de laquelle l'exécuté rentre chez lui avec la canne à pêche, symbole d'une nouvelle vie et d'une mort prochaine. » <p.91>
Jean YANNE / J'me marre / Le cherche midi éditeur 2003
« Premiers rhumatismes. L'heure de l'arthrite a sonné. » <p.93>
« Il faut commencer à se méfier le jour où l'on a plus de souvenirs que de projets. » <p.93>
Philippe BOUVARD / Journal 1997-2000 / Le cherche midi éditeur 2000
« Largement septuagénaire, Jean-Baptiste Doumeng avait une jeune et jolie femme. Des amis parlaient à mots couverts des risques qu'il courait. Il les arrêta : - À mon âge, on n'est plus cocu, on est secondé ! » <p.127>
François NOURISSIER / À défaut de génie / nrf Gallimard 2000
« L'illusoire supériorité des vieux sur les jeunes : ils savent. Ils ont la mémoire pleine. Mais cette abondance de souvenirs ne couvre qu'une toute petite section du temps. Par rapport à la durée des mondes : rien. Pourquoi m'arrive-t-il d'éprouver comme du dédain pour l'interlocuteur qui, par exemple, ne possède pas de souvenirs d'avant 1930 ou 1940 ? En quoi est-ce une supériorité sur quelqu'un que de l'avoir précédé ? On le précédera aussi dans le gâtisme et dans la mort. » <p.209>
Jean DUTOURD / Dutouriana / Plon 2002
« Quand on est jeune, on est "mal dans sa peau", mais on n'a mal nulle part. Quand on est vieux, on est bien dans sa peau, mais on a mal partout. » <p.98>
Jean d'ORMESSON / C'était bien / folio 4077 - Gallimard 2003
« Si j'avais, Dieu m'en garde ! un conseil à donner aux jeunes gens traités trop souvent par des flatteurs comme des êtres d'exception, ce serait de prendre leur jeunesse et son mal en patience et d'attendre qu'elle s'en aille. Elle est, comme la vie elle-même, une étape précaire, une maladie qui guérit, une denrée périssable. C'est la préoccupation d'un instant, une épreuve passagère. Courage ! elle passe toujours. D'une façon ou d'une autre : il n'y a pas d'exemple que la jeunesse ne finisse par tomber, après quelques détours, dans la vieillesse ou la mort. Et souvent dans les deux. » <p.46>
Jean-Marie GOURIO / Brèves de comptoir (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 2002
« C'est bien joli de vivre de plus en plus vieux, mais j'aimerais autant qu'on vive de plus en plus jeune. » <p.77>
Georges ELGOZY / Le Contradictionnaire ou l'esprit des mots / Denoël 1967
« Gâtisme de la sénilité : étape sans queue ni tête. » <p.140>
Jean L'ANSELME / Pensées et Proverbes de Maxime Dicton / Rougerie 1991
« Je commence à conseiller à toutes celles qui veulent bien m'écouter qu'il vaut mieux épouser un septuagénaire bien conservé qu'un jeunot dont on ne sait rien de ce qu'il sera à mon âge. » <p.49>