Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
« Un jour qu'il [Diogène] se masturbait sur la place publique, il dit : "Si seulement en se frottant aussi le ventre, il était possible de calmer sa faim !" » <VI 46 Diogène p.722>
Jean-Louis-Auguste COMMERSON / Pensées d'un Emballeur (2) / Martinon 1852
« O Marie ! qui avez conçu sans pécher, faites moi la grâce de pécher sans concevoir. Cette pensée devrait être d'une lorette. » <p.88>
Charles BAUDELAIRE / Mon coeur mis à nu / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1975
« Plus l'homme cultive les arts, moins il bande. Il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute. La brute seule bande bien, et la fouterie est le lyrisme du peuple. » <p.702>
« Foutre, c'est aspirer à entrer dans un autre, et l'artiste ne sort jamais de lui-même. » <p.702>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Dieu a fait le coït, l'homme a fait l'amour. » <juillet 1855, p.139>
« Histoire de je ne sais plus qui, du Siècle, qui faisait toujours des enfants et que les rédacteurs étaient obligés d'aumôner : "Mais enfin" lui dit un jour Perrée devant Mme Perrée, "vous devriez prendre des précautions... - Comment voulez-vous ? Ma femme a des hémorroïdes ! » <1 août 1856, p.196>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Paul Lacroix me confirme dans la confidence que m'avait faite Gavarni, sur l'économie que Balzac apportait dans la dépense de son sperme. La petite oie et l'amusette de l'amour jusqu'à l'éjaculation, très bien ! Mais jusqu'à l'éjaculation seulement ! Le sperme était pour lui une émission de pure substance cérébrale et comme une filtration, une perte, par la verge, d'une création ; et je ne sais à l'occasion de quel mauvais coup, pour lequel il avait oublié ses théories, il arriva chez Latouche en s'écriant : "J'ai perdu un livre ce matin !" » <30 mars 1875, p.639>
« La toute dernière définition de pédéraste : c'est un homme qui s'amuse là où les autres s'emmerdent. » <10 février 1886, p.1217>
Arthur SCHOPENHAUER / Pensées et fragments / Alcan 1900 [BnF]
« Imaginez un instant que l'acte de la génération ne soit ni un besoin ni une volupté, mais une affaire de réflexion pure et de raison : l'espèce humaine pourrait-elle encore subsister ? Chacun n'aurait-il pas eu plutôt assez pitié de la génération à venir, pour lui épargner le poids de l'existence, ou du moins n'aurait-il pas hésité à le lui imposer de sang-froid ? » <p.56>
Friedrich NIETZSCHE / Par-delà le bien et le mal (1886) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Le christianisme a fait boire du poison à Éros : il n'en est pas mort, mais il est devenu vicieux. » <168 p.627>
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911 [BnF]
« À l'égard des relations sexuelles, l'homme s'est élevé un peu au-dessus du chien ; mais il ne cesse d'accuser les préjugés qui l'empêchent de redescendre au-dessous. » <p.29>
Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963
« Forniquer tout le temps. Les gens disent : "Comme les bêtes." Mais le propre des bêtes est de ne forniquer que par époques, et le reste du temps de s'en fiche, c'est-à-dire d'être, sur ce point, bien plus "spirituelles" que l'homme. » <Carnet XIX p.985>
Sigmund FREUD / Essais de psychanalyse / Petite Bibliothèque Payot (44) 1973
« Celui qui voit dans la sexualité quelque chose de honteux et d'humiliant pour la nature humaine, est libre de se servir des termes plus distingués Eros et Erotique. J'aurais pu en faire autant moi-même dès le début, ce qui m'aurait épargné pas mal d'objections. Mais je ne l'ai pas fait, car je n'aime pas céder à la pusillanimité. On ne sait jusqu'où on peut aller dans cette voie ; on commence par céder sur les mots et on finit parfois par céder sur les choses. Je ne trouve pas qu'il y ait un mérite à avoir honte de la sexualité ; le mot grec Eros, par lequel on prétend diminuer cette honte, n'est, au fond, pas autre chose que la traduction de notre mot Amour ; et, enfin, celui qui sait attendre n'a pas besoin de faire des concessions. » <Psychologie collective et analyse du Moi, 1921 p.110>
Paul LÉAUTAUD / Propos d'un jour / OEuvres / Mercure de France 1988
« Ce petit appendice (à transformations !) que nous autres hommes nous avons au bas du ventre, qu'il nous fait faire de folies ! » <p.324>
Emil CIORAN / Syllogismes de l'amertume (1952) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Le spermatozoïde est le bandit à l'état pur. » <p.812>
Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7
« Affectivement, je me moque bien de l'avenir de l'espèce, c'est vrai. Si l'on me dit que c'est pour mes enfants et les enfants de mes enfants que je souhaite un monde différent, et que cela est "bien", je répondrai que ce n'est alors que l'expression de mon narcissisme, du besoin que j'éprouve de me prolonger, de truquer avec la mort à travers une descendance qui ne présente pour moi d'intérêt que parce qu'elle est issue de moi. Ne vaut-il pas mieux alors rester célibataire, ne pas se reproduire, que de limiter les "autres" à cette petite fraction rapidement très mélangée et indiscernable de nous-mêmes ? Sommes-nous si intéressants que nous devions infliger notre présence au monde futur à travers celle de notre progéniture ? Depuis que j'ai compris cela, rien ne m'attriste autant que cet attachement narcissique des hommes aux quelques molécules d'acide désoxyribonucléique qui sortent un jour de leurs organes génitaux. » <p.69>
François JACOB / Le jeu des possibles / Fayard 1981
« Pourquoi faut-il se mettre à deux pour faire un troisième ? Pourquoi seule de toutes les fonctions du corps, la reproduction est-elle assurée par un organe dont un individu ne possède jamais que la moitié, ce qui l'oblige à dépenser beaucoup de temps et d'énergie pour trouver une autre moitié ? » <p.18>
« Pour la biologie moderne, tout être vivant se forme par l'exécution d'un programme inscrit dans ses chromosomes. Chez les organismes sans sexe, se reproduisant par exemple par fission, le programme génétique est exactement recopié à chaque génération. Tous les individus de la population sont alors identiques, à l'exception de quelques rares mutants. De telles populations ne peuvent s'adapter que par sélection de ces mutants sous la pression du milieu. En revanche, dès lors que la sexualité devient condition nécessaire de la reproduction, chaque programme est formé, non plus par copie exacte d'un seul programme, mais par réassortiment de deux programmes différents. En conséquence, chaque programme génétique, c'est-à-dire chaque individu, devient différent de tous les autres, à l'exception des jumeaux identiques. Chaque enfant conçu par un couple donné est le résultat d'une loterie génétique. [...] Le réassortiment du matériel génétique à chaque génération permet de juxtaposer rapidement des mutations favorables qui, chez les organismes dépourvus de sexualité, resteraient séparées. Une population pourvue de sexualité peut donc évoluer plus vite qu'une population qui en est dépourvue. A long terme, les populations sexuées peuvent survivre là où s'éteindraient des populations asexuées. De plus, les organismes à reproduction sexuée offrent une plus grande diversité de phénotypes dans leur descendance. A court terme, ils ont donc plus de chances de produire des individus adaptés aux conditions nouvelles créées par des variations de l'environnement. La sexualité fournit ainsi une marge de sécurité contre les incertitudes du milieu. C'est une assurance sur l'imprévu. » <p.23-25>
Jean COCTEAU / Opium / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Un homme normal, au point de vue sexuel, devrait être capable de faire l'amour avec n'importe qui et même avec n'importe quoi, car l'instinct de l'espèce est aveugle ; il travaille en gros. C'est ce qui explique les moeurs coulantes, attribuées au vice, du peuple et surtout des marins. L'acte sexuel compte seul. Une brute s'inquiète peu des circonstances qui le provoquent. Je ne parle pas de l'amour. Le vice commence au choix. Selon l'hérédité, l'intelligence, la fatigue nerveuse du sujet, ce choix se raffine jusqu'à devenir inexplicable, comique ou criminel. » <p.628>
Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001
« Je racontais à [Georges] Auric qu'une de nos amies, dame respectable qui tenait salon, patronnait , vers 1925, les jeunes auteurs, m'ayant, dans un bal masqué chez Drake (qui vendit sa maison rural aux Windsor), entraîné dans les bosquets, tout à coup, se transforma en fauve ; elle se troussa, m'offrant son derrière et (elle qui n'avait jamais été que très correcte et vouvoyante) s'écria : "Encule-moi ! - Position très gênante, répond Auric ; on n'a même pas, dans un cas pareil, la ressource de fuir en criant : Impossible ! Je suis pédéraste !" » <3 juin 1969, p.212>
Emil CIORAN / Le crépuscule des pensées (1940) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« La grandeur de la volupté procède de la perte de l'esprit. Si l'on ne se sentait pas devenir fou, la sexualité serait une saleté et un péché. » <p.439>
Jean-Michel RIBES / Sursauts, brindilles et pétard / Grasset 2004
« Une rumeur persistante courait sur la longueur du sexe d'un des accessoiristes du Palais de Chaillot. Lors des répétitions de La Danse de mort de Strinberg que dirigeait Claude Régy, les acteurs Alain Cuny, Maria Casarès et Jean-Marc Bory évoquaient souvent cette affaire, à la pause. Marguerite Duras qui avait signé l'adaptation française s'est exclamée un jour "Un sexe de 45 centimètres, pourquoi pas ? Vous semblez oublier qu'il est accessoiriste", et tout le monde a beaucoup ri. » <p.34>