MARC-AURÈLE / Pensées / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« On est souvent injuste en s'abstenant d'agir et non seulement en agissant. » <IX (5) p.1214>
Michel de MONTAIGNE / Essais / Garnier 1962
« Je ne sçay d'où je tiens ce conte, mais il rapporte exactement la conscience de nostre justice. Une femme de village accusoit devant un general d'armée, grand justicier, un soldat pour avoir arraché à ses petits enfans ce peu de bouillie qui luy restoit à les sustanter, cette armée ayant ravagé tous les villages à l'environ. De preuve, il n'y en avoit point. Le general, après avoir sommé la femme de regarder bien à ce qu'elle disoit, d'autant qu'elle seroit coupable de son accusation si elle mentoit, et elle persistant, il fit ouvrir le ventre au soldat pour s'esclaircir de la verité du faict. Et la femme se trouva avoir raison. Condemnation instructive. » <t.1 p.405 livre II chap.VI>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« La justice n'est qu'une vive appréhension qu'on ne nous ôte ce qui nous appartient ; de là vient cette considération et ce respect pour tous les intérêts du prochain, et cette scrupuleuse application à ne lui faire aucun préjudice ; cette crainte retient l'homme dans les bornes des biens que la naissance, ou la fortune, lui ont donnés, et sans cette crainte il ferait des courses continuelles sur les autres. » <MS 14 p.138>
Gédéon TALLEMANT DES RÉAUX / Historiettes (1) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Estant entré dans les galeres de Naples, il [le duc d'Ossonne] s'informa des forçats ce que chascun avoit fait ; tous firent leur apologie ; on les y avoit mis à tort : il n'y en eut qu'un seul qui luy avoüa franchement qu'il le méritoit et par-delà : "Ostez, " dit-il au commissaire, "ce meschant homme d'icy, il gasteroit tous ces gens de bien." » <Bons mots et naifvetez ; Duc d'Ossone p.80>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« La justice est ce qui est établi ; et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées, puisqu'elles sont établies. » <236 p.1152>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« C'est par faiblesse que l'on hait un ennemi, et que l'on songe à se venger ; et c'est par paresse que l'on s'apaise, et qu'on ne se venge point. » <p.143 IV (70)>
« S'il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l'est encore davantage de s'y trouver complice d'un grand : il s'en tire, et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous. » <p.260 X (38)>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Aristote dit que la vengeance est une chose juste, fondée sur ce principe qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient. Et c'est la seule façon que la Nature nous ait donnée pour arrêter les mauvaises inclinations des autres ; c'est la seule puissance coercitive que nous ayons dans cet état de nature : chacun y avoit une magistrature qu'il exerçoit par la vengeance. Ainsi Aristote auroit bien raisonné s'il n'avoit pas parlé de l'état civil, dans lequel, comme il faut des mesures dans la vengeance, et qu'un coeur offensé, un homme dans la passion, n'est guère en état de voir au juste la peine que mérite celui qui offense, on a établi des hommes qui se sont chargés de toutes les passions des autres, et ont exercé leurs droits de sens froid. Que si les magistrats ne vous vengent pas, vous ne devez pas pour cela vous venger, parce qu'il est présumé qu'ils pensent que vous ne devez pas vous venger. Ainsi, quand la Religion chrétienne a défendu la vengeance, elle n'a fait que maintenir la puissance des tribunaux. Mais, s'il n'y avoit point de lois, la vengeance seroit permise ; non pas le sentiment qui fait que l'on aime faire du mal pour du mal, mais un exercice de justice et de punition. » <1944 p.1471>
Insuffisance de la justice divine :
« La crainte des peines de l'autre vie n'est pas un motif si réprimant que la crainte des peines de celle-ci, parce que les hommes ne sont pas frappés des maux à proportion de leur grandeur, mais a proportion que le temps où ils arriveront est plus ou moins éloigné, de façon qu'un petit plaisir présent nous touche plus qu'une grande peine éloignée : témoin les femmes, qui ne font pas de cas des peines de l'enfantement, dans le moment qu'elles vont se les procurer, parce que l'enfantement est une chose éloignée : le plaisir agit de près ; la douleur affecte de loin ; de façon que c'est un grand bonheur de la nature qu'il faille tant de temps depuis la conception jusqu'à l'enfantement. Or ceux qui voient les maux aussi près que le plaisir, comme ceux qui craignent les maux vénériens, s'abstiennent du plaisir ordinairement. » <1945 p.1472>
Henry BECQUE / L'Esprit d'Henry Becque / nrf Gallimard 1927
« En vieillissant on s'aperçoit que la vengeance est encore la forme la plus sûre de la justice. » <p.124>
Jean-Benjamin de LABORDE / Pensées et Maximes (1791) / Paris, Lamy 1802 [BnF]
« On est vengé dès qu'on est maître de l'être. » <24, p.5>
Georg Christoph LICHTENBERG / Le miroir de l'âme / Domaine romantique José Corti 1997
« Nous avons de nos jours plus d'hommes de droit que de droits hommes. » <L 46 p.526>
« En Angleterre, un homme qui était accusé de bigamie fut sauvé par son avocat qui fit la preuve que son client avait trois femmes. » <L 681 p.556>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« À la question : est-il coupable ? il faudrait en ajouter une autre : est-il incorrigible ? » <20 juin 1804 t.1 p.630>
« Tout accusé fut censé innocent ; bientôt tout accusateur fut censé vertueux. » <26 juin 1806 t.2 p.130>
« Il est dans l'ordre qu'une peine inévitable suive une faute volontaire. » <7 décembre 1813 t.2 p.417>
« Il y a des indulgences qui sont un déni de justice. » <14 novembre 1815 t.2 p.519>
Benjamin CONSTANT / De l'esprit de conquête et de l'usurpation (1814) / GF 456 Flammarion 1986
« On dit tous les jours que l'intérêt bien entendu de chacun l'invite à respecter les règles de la justice ; on fait néanmoins des lois contre ceux qui les violent ; tant il est constaté que les hommes s'écartent fréquemment de leur intérêt bien entendu ! » <p.185>
Alexis de TOCQUEVILLE / De la Démocratie en Amérique I (1835) / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Il importe sans doute à la sécurité de chacun et à la liberté de tous que la puissance judiciaire soit séparée de toutes les autres ; mais il n'est pas moins nécessaire à l'existence nationale que les différents pouvoirs de l'État aient la même origine, suivent les mêmes principes, et agissent dans la même sphère, en un mot, qu'ils soient corrélatifs et homogènes. Personne, j'imagine, n'a jamais pensé à faire juger par des tribunaux étrangers les délits commis en France, afin d'être sûr de l'impartialité des magistrats. » <Partie I, Ch. 8, p.150>
« Au premier assassinat du marquis de Sade, six semaines de prison ; à son second assassinat, six mois de prison ; pendant que le malheureux Latude y est resté toute sa vie pour avoir insulté Mme de Pompadour. C'est ainsi que les sociétés se perdent et se suicident elles-mêmes : dès qu'elles permettent d'emprisonner l'innocent, elles n'ont pas le droit de demander que l'on punisse le coupable. » <Le marquis de Sade, p.181>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Si l'on pouvait abolir la mort, il n'y aurait rien à dire. Abolir la peine de mort serait difficile. Mais si cela arrivait, on serait bientôt forcé de la rétablir. » <p.130>
François VIDOCQ / Voleurs, physiologie de leurs moeurs et de leur langage / Paris, chez l'auteur 1837
« La peine de mort est une peine immorale, ou du moins inutile, parce qu'elle habitue le peuple au spectacle des supplices, et parce qu'elle ne répare rien ; car malheureusement la mort du meurtrier ne rend point la vie à la victime. » <t.2 p.257>
Victor HUGO / Choses vues / Histoire / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1987
« Dans la république d'Haïti, il vient de se passer ceci. Un sénateur nommé Courtois est condamné par le sénat pour un petit délit quelconque, à un mois de prison. Le président Soulouque, en vertu de la Constitution qui attribue au président de la république le droit de commuer les peines, commue la peine du sénateur Courtois, d'un mois de prison à la peine de mort. On a eu beaucoup de peine à l'en faire démordre. Il serait curieux que les républiques entendissent ainsi le droit de grâce. » <7 février 1848 p.665>
Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Les bons sont meilleurs que les justes. » <1846-48 p.67>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Les circonstances atténuantes sont une sourdine mise au code pénal. » <p.126>
Victor HUGO / Actes et paroles III / Politique / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1985
« Si l'on veut savoir de quel droit j'interviens dans cette douloureuse affaire, je réponds : de l'immense droit du premier venu. Le premier venu, c'est la conscience humaine. » <XXII Pour un soldat, février 1875 p.891>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Que parle-t-on de la difficulté de croire avec sa raison aux dogmes religieux ? Croyez donc avec l'expérience à tous les dogmes sociaux, au dogme de la justice ! Croyez qu'il y a des juges pour juger selon leur conscience et non selon leur carrière !... N'est-ce pas un beau mystère, qu'un homme, revêtu d'une robe, dépouille immédiatement toutes les passions et toutes les bassesses de l'homme ? » <7 juin 1860 p.569>
Friedrich NIETZSCHE / Aurore. (1881) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Pensons-y ! - Celui que l'on punit n'est plus celui qui a commis l'action. Il est toujours le bouc émissaire. » <252 p.1112>
Friedrich NIETZSCHE / Le Gai Savoir. (1882-1887) / OEuvres II / Robert Laffont - Bouquins 1990
« But du châtiment. - Le châtiment a pour but de rendre meilleur celui qui châtie, - c'est là le dernier recours pour les défenseurs du châtiment. » <219 p.155>
« Culpabilité. - Quoique les juges les plus sagaces des sorcières et même les sorcières elles-mêmes fussent persuadés de la culpabilité qu'il y avait à se livrer à la sorcellerie, cette culpabilité n'existait cependant pas. Il en est ainsi de toute culpabilité. » <250 p.160>
Thomas HOBBES / Léviathan (1651) / Dalloz 1999
« [...] pour ce qui est des sorcières, je ne pense pas que leur sorcellerie soit un pouvoir véritable ; mais je pense qu'elles sont châtiées justement, à cause de cette croyance fausse qu'elles ont d'être capables d'accomplir de tels méfaits, croyance jointe au dessein de les accomplir si elles le peuvent ; car leur profession se rapproche davantage d'une nouvelle religion que d'une technique artificieuse ou d'une science. » <Partie I ch. ii, De l'imagination p.19>
« Il n'y aurait pas besoin d'avocats pour défendre la veuve et l'orphelin, s'il n'y avait pas d'abord d'avocats qui les attaquent. » <Juillet 1843, p.299>
« S'il se trouvait par hasard un juge prévaricateur et qu'on lui reprochât le plus grand crime qu'il soit donné à l'homme de commettre : l'injustice de la justice, - crime pour lequel je professe une telle horreur, je dirai plus, une telle haine, que, moi qui suis en général pour la mansuétude, je ne trouve pas exagérée la peine qu'inflige Cambyse à un juge corrompu dont il fit clouer la peau sur le siège de son successeur ; - si l'on reprochait à un pareil juge son iniquité, il ne manquerait pas de s'écrier que l'on attaque la justice en personne. » <p.140>
Anatole FRANCE / Les opinions de M. Jérôme Coignard (1893) / OEuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1987
« L'iniquité semble tolérable quand elle est assez incohérente pour paraître involontaire. » <p.326>
Henri JEANSON / Jeanson par Jeanson / Ed. René Chateau 2000
« Je sais, l'erreur est humaine... peut-être... sauf en matière de justice. En matière de justice, l'erreur est inhumaine. » <Les Bonnes Causes, p.42>
Henri ROCHEFORT / La Lanterne / Paris 1868 [BnF]
« Pour ma part, je n'ai jamais pu me décider à m'apitoyer sur Louis XVI, qui, en abolissant la peine de mort, avait un moyen si facile de ne pas monter sur l'échafaud. » <Numéro 9 - Mercredi 22 juillet 1868 p.49>
« On se plaint souvent qu'il n'y a aucune justice en France ; erreur et calomnie ! nous en possédons, au contraire cinq ou six qui varient selon les climats. » <Numéro 28 - Samedi 5 décembre 1868 p.1>
Alphonse KARR / En fumant / M. Lévy frères 1862
« Il ne faut pas plaisanter avec la liberté.- Pour moi, je mets dans l'ordre des peines l'emprisonnement au-dessus de la mort ; mais c'est peut-être un sentiment ou une sensation individuelle : - presque seul et peut-être seul en France, j'ai voté pour le maintien de la peine de mort. - Je me rappelle que j'ai formulé ainsi mon opinion : "Effaçons la peine de mort, je le veux bien ; mais que MM. les assassins commencent". » <p.5>
Tristan BERNARD / L'Esprit de Tristan Bernard / nrf Gallimard 1925
« La boutade bien connue : "Que messieurs les assassins commencent" est une des paroles les plus misérables qu'on ait pu prononcer. Le plus coupable n'est pas celui qui commence, mais celui qui continue, et la société est beaucoup plus coupable que l'assassin, parce qu'il est ignorant et corrompu, tandis qu'elle est savante et policée. En attendant qu'elle veuille bien commencer à être civilisée, la société se ravale au niveau de cet être barbare. Si la suppression de la peine de mort augmente dans quelques années le nombre des crimes, tant pis : tout vaut mieux que de propager pendant des temps infinis cette monstrueuse idée que la société intelligente a le droit de tuer. » <Secrets d'État p.132>
Adrien DECOURCELLE / Les formules du docteur Grégoire / Paris, Hetzel 1880
« Peine de mort : Eh bien, oui, qu'on l'abolisse ! - Mais que le bon Dieu commence ! Et, alors, ça ira tout seul. » <p.221>
Alfred JARRY / La chandelle verte / OEuvres / Bouquins, Robert Laffont 2004
« Le mot d'Alphonse Karr : "Que MM. les assassins commencent", a fait tous les frais de l'enquête sur l'abolition de la peine de mort. Tant il est naturel à l'homme de répéter avec satisfaction des choses imprimées, même quand il ne se rappelle plus bien où elles sont imprimées ni si elles ont un sens quelconque. C'est ainsi que M. Émile Ollivier, de l'Académie française, écrit "Je suis toujours resté insensible aux belles phrases..." Mais il ne tarde point à citer, lui aussi, la Phrase, en attestant : "Ce mot d'un homme d'esprit a clos la question." De même que maintes personnalités notables se sont efforcées à élaborer, au-dessous de la boutade de Karr, leurs signatures individuelles, il nous paraît d'une excellente division du travail de nous dévouer à notre tour à la tâche, oiseuse peut-être, d'explorer si cette boutade possède quelque signification. "Que MM. les assassins commencent" équivaudrait à ceci, si nous examinons d'abord le sens le moins follement absurde : "Que MM. les assassins (assassin, celui qui a tué, disent les dictionnaires), ayant tué, ne récidivent pas." Pour commencer à ne pas assassiner, il faut, logiquement avoir assassiné. Mais s'ils ont antérieurement assassiné, cela a suffi pour qu'ils aient déjà été mis à mort. » <15 mars 1902, p.962>
« La justice n'est point si inflexible qu'un peu d'humanité ne puisse se démêler au fond de sa sévérité. Et comme il n'y a rien de si humain que l'erreur, voilà pourquoi il y a des erreurs judiciaires. » <20-26 septembre 1903, p.1089>
Octave MIRBEAU / Les écrivains (Première série 1884-1894) / Paris, Flammarion 1925 [BnF]
« On cite les gens qui étaient innocents et qui ont été condamnés à mort. Vous n'empêcherez jamais les magistrats d'être des hommes, et les hommes des imbéciles. » <La littérature en justice p.45>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« [La presse] dit aussi, en grosse manchette, que la peine de mort n'empêche jamais un homme de tuer. C'est surtout quand on ne l'applique pas. Car les médecins ont cru remarquer qu'elle empêchait toute récidive. La statistique prouve en effet que jamais un guillotiné n'a commis le moindre assassinat. En parcourant de vieux journaux du Puy-de-Dôme, j'y ai découvert de fait des crimes vraiment ruraux, d'un pittoresque folklorique, dont l'un avait été commis par un parricide libéré, et l'autre par un fratricide. Ils avaient profité de leur élargissement pour massacrer en toute hâte quelques membres du voisinage ou même du cercle de famille. Un médecin m'a assuré que sans leur tête ils n'y seraient jamais parvenus. Car, si forte que soit la main, il faut, selon la science, que la tête la dirige. On voit par là que la peine de mort n'empêche jamais de tuer avant, mais qu'elle empêche de tuer après. Le sage législateur guillotine donc avant. » <352 - 20 octobre 1959 p.802>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (2) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Je n'aurais pas signé le recours en grâce d'Eichmann. Même étant contre la peine de mort de façon inconditionnelle. Mais comment se fait-il qu'aucun de ceux qui disculpent le criminel en le présentant comme une victime de son enfance, de ses parents, de son entourage, de son milieu, de la société en général, n'ai demandé l'acquittement d'Eichmann ? Si quelqu'un a été élevé dans l'idée que le crime était bien, patriotique, utile, glorieux, c'était bien lui ! Chaque crime lui donnait du galon ! Alors ? ... Il en faut bien conclure que les adversaires de la peine de mort ne croient pas à leurs arguments. Qu'ils admettent tout de même la conscience ! » <675 - 19 avril 1966 p.462>
« Les suicides en prison assurent l'intérim de la peine de mort. » <p.72>
Émile BERGERAT / Les soirées de Calibangrève / Flammarion 1892 [BnF cote 8-Z-13067]
« On n'est peut-être juste qu'en plein air, ô saint Louis ! » <Cinquante pensées noires, p.109>
Charles BAUDELAIRE / Mon coeur mis à nu / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1975
« La peine de Mort est le résultat d'une idée mystique, totalement incomprise aujourd'hui. La peine de Mort n'a pas pour but de sauver la société, matériellement du moins. Elle a pour but de sauver (spirituellement) la société et le coupable. Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu'il y ait assentiment et joie de la part de la victime. Donner du chloroforme a un condamné à mort serait une impiété, car ce serait lui enlever la conscience de sa grandeur comme victime et lui supprimer les chances de gagner le Paradis. » <p.683>
Félix LE DANTEC / L'athéisme / Flammarion 1907
« La bombe à rapproché le roi du voyou, depuis que le voyou peut aisément tuer le roi ; les gens qui croient à la justice doivent s'en féliciter. » <p.97>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (1) / Mercure de France 1921
« Une justice infaillible et sûre, une justice qui lirait dans les consciences, une justice telle que le châtiment suivrait infailliblement la faute, y a-t-il un homme, un seul, qui la désire au fond de son coeur ? » <janvier 1898, p.190>
Rémy de GOURMONT / Épilogues (6) / Mercure de France 1921
« De temps à autre, les journaux qui veulent faire rire aux dépens du passé, exhibent des recueils d'anecdotes, tel compte-rendu de procès criminels intentés jadis à des porcs, des chiens méchants, des chenilles. C'est très drôle de juger un porc qui a dévoré un petit enfant ; est-ce beaucoup plus drôle que de voir juger un impulsif génétique qui a violé et étranglé une petite fille ? Un temps viendra peut-être où les deux sortes d'anecdotes seront mises sur le même plan, si même le procès criminel contre un homme ne paraît pas plus barbare et plus fou. Peut-étre se mettra-t-on d'accord, dans la suite des siècles, pour décider qu'une maladie du cerveau doit être soignée par des thérapeutes analogues à ceux à qui on confie les maladies des reins ou celle du foie. » <février 1911 p.256>
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« La Justice est représentée, au fronton des édifices où l'on en débite, par une femme masquée d'un bandeau, à la longue robe, qui tient dans sa main droite un glaive et dans sa main gauche une balance. Cette femme vous la connaissez. La Superstition religieuse protectrice du sabre soudard et de la balance du mercanti, voilà le symbole de la Justice. » <p.1264>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Contrairement à ce qui est dit dans le Sermon sur la Montagne, si tu as soif de justice, tu auras toujours soif. » <14 juillet 1896 p.270>
Léon DAUDET / Souvenirs / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Le fou en liberté est une chose affreuse, par la contagion, par l'exemple, par le trouble apporté à la société saine. Je dirai, à la suite de Goethe, que je préfère l'internement injuste aux maux qu'entraîne la circulation d'un dément sans gardien, ni camisole. Tous les pères de famille me comprendront. » <p.92>
Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986
« J'expliquais hier à l'étude la nécessité de n'avoir point pour magistrats des hommes honnêtes. N'ayant aucune capacité criminelle, comment ceux-ci pourraient-ils juger des crimes ? On ne juge que ce qu'on connaît bien. » <24 août 1903 I p.80>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Complice n. Individu associé à un autre individu dans un crime, avec assentiment et pleine conscience de ses actes, tel un avocat qui défend un criminel quand il sait que ce dernier n'est pas innocent. Ce point de vue sur la responsabilité de l'avocat n'a pas encore été reconnu par les hommes de la justice, personne ne leur ayant proposé de l'argent pour cela. » <p.55>
Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
Une loi de Solon, l'un des sept sages de la Grèce antique :
« Si quelqu'un crève l'oeil d'un borgne, qu'on lui crève les deux yeux. » <I 57 Solon p.103>
Georges BERNANOS / Journal de la guerre d'Espagne / Essais et écrits de combats I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1971
« OEil pour oeil, dent pour dent, soit. Le précepte n'a rien de neuf... Malheureusement il n'est pas sûr. Car j'admets volontiers que vous preniez un oeil à l'adversaire qui vous a fait borgne. S'il vous crève l'autre, gros malin, comment ferez-vous ? Reste donc à lui prendre tout de suite les deux, le premier au nom du droit strict, et le second par précaution. C'est l'histoire du Traité de Versailles. » <p.1447>
Vladimir VOLKOFF / Petite histoire de la désinformation / Éditions du Rocher 1999
« À noter que la notion [...] d'agression est extrêmement floue. Si vous me faites un reproche un peu amer, si je vous insulte, si vous me giflez, si je vous donne un coup de poing, si vous tirez votre couteau, si je prends mon pistolet, qui a agressé qui ? L'Allemagne de la Deuxième Guerre mondiale nous apparaît comme l'agresseur des Alliés. Mais les clauses draconiennes et humiliantes du traité de Versailles lui donnaient le sentiment que c'était elle qui était agressée. On répliquera : le traité de Versailles n'a été si draconien que parce que l'Allemagne était déjà l'agresseur au moment de la Première Guerre mondiale. Et l'Allemagne répliquera que ce n'est pas elle qui a assassiné l'archiduc d'Autriche. Et les Serbes répliqueront que si l'Autriche n'avait pas colonisé la Serbie... » <p.155>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« La justice immanente est rarement imminente. » <p.123>
Emil CIORAN / De l'inconvénient d'être né (1973) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Il est impossible d'accepter d'être jugé par quelqu'un qui a moins souffert que nous. Et comme chacun se croit un Job méconnu... » <p.1278>
« "Ne juge personne avant de te mettre à sa place." Ce vieux proverbe rend tout jugement impossible, car nous ne jugeons quelqu'un que parce que justement nous ne pouvons nous mettre à sa place. » <p.1316>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le problème de la responsabilité n'aurait de sens que si on nous avait consulté avant notre naissance et que nous eussions consenti à être celui que nous sommes précisément. » <mai 1968 p.571>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Les assassins de nos jours, ont toujours des circonstances atténuantes. Un seul mot de pitié pour les victimes suffit à faire perdre la considération des moralistes. Aujourd'hui le capitaine Dreyfus ne gagnerait la sympathie des intellectuels que s'il était coupable. » <p.26>
« C'est parce que la peine de mort n'est pas dissuasive qu'il faut la supprimer. Or l'un des derniers condamnés sortait de prison quand il a commis son crime. Il est clair que la prison n'est pas dissuasive. Donc il faut la supprimer. Il y a des tribunaux et cependant il se commet toujours des délits. Les tribunaux n'étant pas dissuasifs, il faut les supprimer ; on peut en dire autant de la gendarmerie et de la police en général. Et des innocents. Si l'on continue à les tuer, c'est qu'ils ne sont pas dissuasifs. Supprimons-les. » <p.140>
« Victimisation - "Monsieur le Président, mon client a été accablé par tous les malheurs : non seulement il est né orphelin mais, en outre, ses parents le battaient !" » <p.677>
Pierre PERRET / Les pensées / Le cherche midi éditeur 1997
« Il faut savoir ménager la chèvre et le chou quand on est bouc émissaire. » <p.60>
Salvador DALÍ / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« Je ne crois pas à la justice. Son sexe est trop ambigu. La justice, c'est la femme à barbe ! » <p.62>
Jean-Marie GOURIO / Brèves de comptoir (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 2002
« Pour la justice faut un palais, déjà c'est louche. » <p.1066>