Charles de SAINT-ÉVREMOND / OEuvres mêlées (12) / Paris, C.Barbin 1693
« Il n'y a pas de pays où la raison soit plus rare qu'en France ; quand elle s'y trouve, il n'y en a pas de plus pure dans l'Univers. » <Maximes, LXXI, p.243>
MARIVAUX / L'Indigent philosophe (1727) / Journaux et OEuvres diverses / Classiques Garnier 1988
« [...] c'est une plaisante nation que la nôtre ; sa vanité n'est pas faite comme celle des autres peuples : ceux-ci sont vains tout naturellement, ils n'y cherchent point de subtilité, ils estiment tout ce qui se fait chez eux cent fois plus que tout ce qui se fait partout ailleurs ; ils n'ont point de bagatelles qui ne soient au-dessus de ce que nous avons de plus beau ; ils en parlent avec un respect qu'ils n'osent exprimer, de peur de le gâter ; et ils croient avoir raison ; ou si quelquefois ils ne le croient point, ils n'ont garde de le dire, car où serait l'honneur de la patrie ? et voilà ce qu'on appelle une vanité franche ; voilà comme la nature nous la donne de la première main, et même comme le bon sens serait vain si jamais le bon sens pouvait l'être. Mais nous autres Français, il faut que nous touchions à tout, et nous avons changé tout cela. Vraiment nous y entendons bien plus de finesse, nous sommes bien autrement déliés sur l'amour-propre : estimer ce qui se fait chez nous ? eh ! où en serait-on, s'il fallait louer ses compatriotes ? ils seraient trop glorieux, et nous trop humiliés ; non, non, il ne faut pas donner cet avantage-là à ceux avec qui nous vivons tous les jours, et qu'on peut rencontrer partout. Louons les étrangers, à la bonne heure, ils ne sont pas là pour en devenir vains ; et au surplus nous ne les estimons pas plus pour cela, nous saurons bien les mépriser quand nous serons chez eux, mais pour ceux de notre pays, myrmidons que tout cela. » <p.303>
Friedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littéraire, philosophique et critique (tome 1) / Garnier frères 1877 [BnF]
« Les Français, qui dans leurs voyages ont le ridicule de n'estimer que leur pays, ont la manie, lorsqu'ils sont chez eux, de ne guère goûter que ce qui est étranger. » <p.72>
« C'est notre usage, nous tournons tout en raillerie dans ce pays-ci ; on plaisante sur les malheurs de l'État comme sur une aventure singulière et bizarre. Un ancien historien observe que lorsque Annibal proposa aux Gaulois de s'unir à lui pour aller porter la guerre en Italie, ils lui répondirent par un grand éclat de rire. Nous n'avons pas dégénéré, et nous rions de tout aussi bien que nos ancêtres. Les affaires les plus importantes ont toujours pour nous un côté ridicule ; nous les envisageons de ce côté-là, et nous rions. » <p.220>
Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX / OEuvres / Art Poétique / Société des Belles Lettres 1939
« D'un trait de ce Poëme [la Satire] en bons mots si fertile, Le François né malin forma le Vaudeville, Agréable Indiscret, qui conduit par le chant, Passe de bouche en bouche, et s'accroist en marchant. » <Chant II v.181-184 p.94>
Paul MORAND / Journal inutile 1968-1972 / nrf Gallimard 2001
« Ce qui rend le Français idiot, c'est qu'il est né malin. » <17 mars 1969, p.161>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« M... disait, à propos de sottises ministérielles et ridicules : "Sans le gouvernement, on ne rirait plus en France." » <756 p.221>
« Un homme d'esprit me disait un jour : que le gouvernement de France était une monarchie absolue tempérée par des chansons. » <853 p.243>
NAPOLÉON Ier/ Maximes de guerre et pensées / J. Dumaine Ed., Paris 1863
« Les Français vaudront tout leur prix, lorsqu'ils substitueront les principes à la turbulence, l'orgueil à la vanité, et surtout l'amour des institutions à l'amour des places. » <173 p.254>
« La Providence a donné aux Français l'empire de la terre, aux Anglais celui de la mer, aux Allemands celui de l'air. » <p.27>
Arthur SCHOPENHAUER / Pensées et fragments / Alcan 1900 [BnF]
« Les autres parties du monde ont des singes ; l'Europe a des Français. Cela se compense. » <p.223>
Alfred de VIGNY / Journal d'un poète / Paris, A. Lemerre 1885 [BnF]
« Notre nation est légère et taquine. Elle ne veut laisser tranquille aucune supériorité. » <1839, p.153>
Henri ROCHEFORT / La Lanterne / Paris 1868 [BnF]
« La France contient, dit l'Almanach impérial, trente-six millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. » <Numéro 1 - Samedi 30 mai 1868 p.1>
« Les nations étrangères nous raillent agréablement de notre amour pour la gloire, comme si chez un peuple qui, depuis plus de dix siècles, a donné tant à faire à l'histoire, aimer la gloire n'était pas tout simplement se respecter soi-même ! » <p.278>
Ernest RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995
« La France serait-elle si bien la France, si elle n'avait pour exalter sa personnalité l'antithèse de l'Angleterre ? » <p.452>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« L'Anglais, filou comme peuple, est honnête comme individu. Il est le contraire du Français, honnête comme peuple et filou comme individu. » <29 octobre 1868 p.178>
Paul-Jean TOULET / Le carnet de monsieur du Paur / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« Plutôt qu'une race et même qu'une nation, la France est une idée. » <p.284>
Henri de BORNIER / La fille de Roland (1875) / Ed. Dentu 1905
« Tout homme a deux pays, le sien et puis la France !* » <Acte III scène II p.69>
* La postérité n'a retenu que ce seul vers de l'oeuvre du vicomte académicien Henri de Bornier. Propriétaire de vignobles et particulièrement d'un cru renommé, il s'écriait un jour qu'il était "plus fier de son vin que de ses vers" ; ce qui faisait dire à cette méchante langue d'Henri Becque : "Et il n'a fichtre pas tort !" (Albert Cim - Le Dîner des Gens de Lettres - p.292)
Georges DARIEN / La Belle France (1900) / Voleurs ! / Omnibus Presses de la Cité 1994
« Que représente la France, pour les Français ? Aux yeux des gens graves qui possèdent, et qui réfléchissent profondément et pompeusement, c'est un poids nécessaire à l'équilibre européen ; pour les autres, c'est un hexagone. » <p.1206>
Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989
« Guillotine n. Machine qui, à juste titre, fait hausser les épaules à un français. Dans son magistral ouvrage, Voies Divergentes de l'Évolution Raciale, le docte Professeur Brayfugle argue sur l'importance de ce mouvement - le haussement d'épaules - chez les français, du fait qu'ils descendent probablement des tortues et qu'il s'agit simplement d'une survivance de l'habitude de rétracter la tête dans la carapace. C'est avec répugnance que je m'écarte d'une autorité si éminente, mais selon mon opinion (abondamment développée et argumentée dans mon ouvrage intitulé Émotions Héréditaires - lib. II, c. XI), le haussement d'épaules est une piste trop ténue pour aboutir à une théorie aussi catégorique, d'autant plus que le geste était inconnu avant la Révolution. Je ne doute pas un seul instant qu'il doive son origine à la terreur inspirée par la guillotine pendant la période de l'activité de cet instrument. » <p.121>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Le mouvement de population et de l'émigration est biologique ; nul n'y peut rien. Supposons une infiltration d'étrangers par centaines de mille, et d'étrangers qui restent étrangers, le problème silésien peut se poser en Champagne. Ainsi la guerre se montre, mais elle est moins effet que cause ; c'est parce qu'elle se montrait d'abord que les difficultés s'élèvent. Si les pensées étaient occupées de bonne entente, d'association, d'échanges fructueux, et non point de guerre, le fleuve humain coulerait lentement du continent vers nos rivages, comme il l'a toujours fait, et les Français ne craindraient nullement de devenir Allemands par cette force du nombre, évidemment invincible ; au contraire les immigrants allemands deviendraient Français. La France a toujours dû sa nature propre à de tels mélanges ; et je crois que toujours la géographie vaincra l'histoire. » <21 août 1921 p.277>
André GIDE / Journal 1889-1939 / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« À chaque règlement nouveau qu'on impose à la France, chaque citoyen français s'inquiète de savoir non point comment le suivre, mais comment l'éluder. J'en reviens toujours à ceci : on parle de défaut d'organisation ; c'est défaut de conscience qu'il faut dire. » <15 février 1918 p.646>
Edouard HERRIOT / Jadis (**) D'une guerre à l'autre 1914-1936 / Flammarion 1952
« Dans une conversation avec un journaliste, je m'étais montré préoccupé de ce que penserait de la Conférence de Londres* le Français moyen. Je ne me doutais pas que cette expression si simple ferait le tour du pays et même, sous des traductions variées, le tour du monde. Les mots historiques sont ceux que l'on fait sans s'en douter. » <p.167>
* À la conférence de Londres, le 16 août 1924, le "plan Dawes" est accepté : évacuation de la Ruhr par les Français, réduction et rééchelonnement des réparations de guerre (traité de Versailles) dans le but d'enrayer l'inflation galopante en Allemagne.
Jean COCTEAU / La difficulté d'être / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Qu'est-ce que la France, je vous le demande ? Un coq sur un fumier. Ôtez le fumier, le coq meurt. C'est ce qui arrive lorsqu'on pousse la sottise jusqu'à confondre tas de fumier et tas d'ordures. » <p.882>
Antoine BLONDIN / Certificats d'études / OEuvres / Robert Laffont - Bouquins 1991
« Un coq sur un tas de fumier a satisfait, un moment, l'image que Jean Cocteau se faisait de la France. Ce fumier fécond, que nos hommes de gouvernement ont trop souvent tendance à prendre pour une pourriture (sic), c'est le bienfaisant désordre. Le coq est le poète lui-même. Les vertus du désordre engendrent spontanément celles du poète : l'artisanat ou industrie désinvolte, l'invention, la trouvaille et la contradiction qui constitue la forme la plus haute de la création. » <p.797>
VERCORS / Le Silence de la mer et autres oeuvres / Omnibus 2002
« La France n'est pas un pays comme les autres. Ce n'est pas un pays qu'on aime seulement parce qu'on a eu la chance, méritée ou non, d'en jouir de père en fils. On ne l'aime pas seulement par un attachement de bête à sa garenne. Ou d'un Germain à sa horde. On l'aime avec la foi d'un chrétien pour son Rédempteur. Si vous ne me comprenez pas, je vous plains. » <La Marche à l'étoile. p.145>
Claude Michel CLUNY / Le silence de Delphes - journal littéraire 1948-1962 / SNELA La Différence 2002
« Tout le monde râle en France, mais en fin de compte les gens acceptent n'importe quoi. » <1958 p.114>
Charles DE GAULLE / Traits d'esprit / le cherche midi éditeur 2000
« Et puis comment voulez-vous que les Français s'entendent dans un pays où il y a 270 sortes de fromage ? » <p.20>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Seuls les peuples querelleurs, indiscrets, jaloux, rouspéteurs, ont une histoire intéressante : celle de la France l'est au suprême degré. Fertile en événements et, plus encore, en écrivains pour les commenter, elle est la providence de l'amateur de Mémoires. » <p.1424>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Les Français ont tous les défauts, sauf un : ils ne sont pas obséquieux. Ils l'ont assez démontré pendant l'Occupation ; je n'en ai vu aucun qui, dans la rue ou ailleurs, se soit aplati devant l'occupant ou qui ait pris un air servile (la Collaboration est tout autre chose ; les collaborateurs se sont vendus : cela est différent). C'est là où les Français ont une nette supériorité sur les Allemands, lesquels dès qu'ils sont battus, deviennent rampants. Mais même en dehors de la défaite, ils sont toujours à plat ventre devant un supérieur hiérarchique : leur obéissance est à base de lâcheté civile et non de consentement à l'ordre. » <27 janvier 1966 p.338>
Alain FINKIELKRAUT / Petit fictionnaire illustré / Éditions du Seuil 1981
« Cocoricard : nouveau cri de ralliement de la France chauvine anti-drogue et anti-étrangers. » <p.25>
Georges WOLINSKI / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1981
« On n'a pas le temps d'être efficace en France. Nos ingénieurs lisent des livres, digèrent leur ragoût de midi. La culture générale, quoi ! Ce ne sont pas des cons de spécialistes bornés comme les Américains. » <p.104>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Le goût des Français pour le droit est bien connu ; c'est probablement le seul pays où l'on entende parler d'un "droit à l'erreur", bien que personne ne s'y trompe jamais. » <p.13>
« En France, les procès finissent toujours par celui de la Justice. » <p.13>
« Les Français ces derniers temps, sont de plus en plus cartésiens : ils doutent de tout. » <p.17>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« À ceux qui remarquent que la France est vingt fois moins peuplée que la Chine, je réponds que le rayonnement d'un pays est moins lié au nombre des vivants qu'à la qualité des morts. » <p.209>