Jean DOMAT / Pensées / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992
« Les louanges, quoique fausses, quoique ridicules, quoique non crues, ni par celui qui loue, ni par celui qui est loué, ne laissent pas de plaire et, si elle [sic] ne plaît par autre motif, elle plaît au moins par la dépendance, et par l'assujettissement de celui qui loue. » <27 p.611>
Jonathan SWIFT / Pensées sur divers sujets loraux et divertissants / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1965
« L'amour de la flatterie, chez la plupart des hommes, provient de la mauvaise opinion qu'ils ont d'eux-mêmes. Chez les femmes, c'est tout le contraire. » <p.580>
« Tous les panégyriques sont mélangés d'une infusion de pavots. » <p.589>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute. » <Livre premier, II Le corbeau et le renard p.31>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'on s'insinue auprès de tous les hommes, ou en les flattant dans les passions qui occupent leur âme, ou en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps ; en cela seul consistent les soins que l'on peut leur rendre : de là vient que celui qui se porte bien, et qui désire peu de choses, est moins facile à gouverner. » <p.326 XII (109)>
LA BEAUMELLE / Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on (1752) / Droz 1997
« Les louanges d'un sot ne devraient pas me flatter, et cependant me flattent presque autant que celles d'un homme d'esprit : un sot, dans le moment qu'il me loue, devient homme d'esprit ; l'homme d'esprit qui me loue n'est qu'un juge équitable. » <CCXXVII p.127>
VAUVENARGUES / Réflexions et maximes / Les moralistes français / Paris, Garnier frères 1875
« C'est un grand signe de médiocrité de louer toujours modérément. » <12 - p.656>
« Si les hommes ne se flattaient pas les uns les autres, il n'y aurait guère de société. » <921 p.695>
Alain FINKIELKRAUT / Petit fictionnaire illustré / Éditions du Seuil 1981
« Dhommage : éloge qui vient trop tard. » <p.28>
Claude Adrien HELVÉTIUS / Pensées et réflexions / OEuvres complètes (tome 14) / Paris, Didot 1795 [BnF]
« Hannibal était borgne. Il se moqua du peintre qui le peignit avec deux yeux, et récompensa celui qui le peignit de profil. On ne veut pas être loué trop fadement ; mais on est bien aise qu'on dissimule nos défauts. » <XLII p.127>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Nous croyons le faux qui nous flatte. Vous feriez aisément accroire que le blanc est noir à celui qui a des cheveux blancs. » <p.225>
« Il n'y a de la flatterie à l'injure que la différence qui existe entre la mendicité et l'attaque à main armée. Toutes deux ont le même but et ne diffèrent que par les moyens. » <Septembre 1841, p.84>
Arthur SCHOPENHAUER / Aphorismes sur la sagesse dans la vie (1851) / Collection Quadrige / PUF 1943
« Aussi infailliblement que le chat se met à ronronner quand on lui caresse le dos, aussi sûrement on voit une douce extase se peindre sur la figure de l'homme qu'on loue, surtout quand la louange porte sur le domaine de ses prétentions, et quand même elle serait un mensonge palpable. » <p.39>
« Quand vous avez sujet de louer quelqu'un, gardez-vous de ne lui donner que son dû. Bien que le propre des louanges bien données soit d'être modérées, trouvez donc l'homme qui, loué modérément, croie l'être comme il le mérite ? » <p.4>
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« Sterne, dans son Voyage sentimental, raconte qu'il voulut, une soirée, essayer jusqu'où on pouvait louer quelqu'un sans cesser de lui plaire. Il fit l'épreuve sur trois personnes qui n'étaient pas sans mérite ; il commença par les écouter, ce qui est une flatterie très agréable ; ensuite il en redemanda ; et enfin il les reconnus supérieurs comme ils voulaient l'être, sans restriction, disant par exemple au diplomate : "J'ai entendu souvent parler de politique extérieure ; mais je ne soupçonnais même pas cette solidité de doctrine, cette profondeur de vues, cette connaissance des hommes que vous venez de me montrer." Naturellement ces éloges furent savourés ; il essaya de les forcer ; mais plus il exagérait, plus l'autre y trouvait de plaisir. Le flatteur reçut en échange quelques compliments qu'il n'attendait point, qu'il s'efforça de mépriser, mais qui trouvèrent tout de même asile au plus profond de son coeur. Bref, pour avoir été trois fois flatteur dans cette soirée, et impudemment flatteur, il se fit trois amis, trois vrais et fidèles amis, qui ne l'oublièrent jamais et lui rendirent mille services sans qu'il le demandât. Voilà de ces terribles histoires, dont le sel est bien anglais ; cette froide plaisanterie glace comme une douche, et laisse une trace brûlante. Leurs clowns grands et petits sont comme leurs épices ; quand on en a goûté, tout le reste paraît fade. » <15 novembre 1907 p.23>
« [Alphonse Allais] ne tarissait pas d'éloges sur les appartements vides qu'il visitait longuement. Jusqu'à ce que la concierge lui dise : - Alors, vous le prenez ? - Moi ? Mais non. Je suis fort bien logé et n'ai aucune raison de déménager. - Mais voilà une demi-heure que vous vous extasiez ! ... - Madame, j'ai lu sur votre écriteau : appartement à louer. Alors je le couvre de louanges. De quoi vous plaignez-vous ? » <p.26>