« Le sommeil est une récompense pour les uns, un supplice pour les autres. Pour tous, il est une sanction. » <II p.346>
Georges FEYDEAU / Tailleur pour dames (1886) / Théâtre / Omnibus 1994
« Il est prouvé que c'est toujours au moment de se lever qu'on a le plus envie de dormir. Donc l'homme devrait attendre qu'il se lève pour se coucher ! » <Acte I scène i, p.9>
Tristan BERNARD / L'Esprit de Tristan Bernard / nrf Gallimard 1925
« Elisa, dit l'humoriste [Tristan Bernard] à sa femme de chambre, demain matin, j'ai un rendez-vous important. Vous me réveillerez à sept heures. Mais si à huit heures, je ne suis pas levé, vous ne me réveillerez pas avant midi. » <p.35>
Paul MASSON / Pensées d'un Yoghi / Paris, L.Vanier 1896 [BnF]
« N'est-il pas pénible de penser que certains écrivains consacrent de longues veilles à des ouvrages soporifiques et procurent à des inconnus un bienfait dont ils se privent eux-même ? » <73 - p.18>
André GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Non plus tempérée par la lumière, ni bridée par le monde extérieur, la pensée de l'insomnieux développe complaisamment ses branches et les étale jusqu'à l'énorme, jusqu'au monstrueux, dans la nuit. » <30 janvier 1945 p.282>
Sacha GUITRY / Pensées / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Avez-vous remarqué que, quel que soit le bruit qui vous réveille, il cesse aussitôt que vous êtes éveillé ? » <p.49>
Sacha GUITRY / Elles et Toi / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« Son sommeil était, de beaucoup, ce qu'elle avait de plus profond. » <p.115>
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Le sommeil, faites-y attention, est bien plus tyrannique que la faim. On conçoit un état où l'homme se nourrirait sans peine, n'ayant qu'à cueillir. Mais rien ne le dispense de dormir ; rien n'abrégera le temps de dormir ; c'est le seul besoin peut-être auquel nos machines ne peuvent point pourvoir. Si fort, si audacieux, si ingénieux que soit l'homme, il sera sans perceptions, et par conséquent sans défense, pendant le tiers de sa vie. La société serait donc fille de peur, bien plutôt que de faim. » <p.6>
« De deux hommes faisant société, il est naturel que l'un soit chasseur et l'autre forgeron, ce qui crée des différences et un certain empire à chacun sur certaines choses et sur certains outils ; mais il ne se peut point que, de deux hommes, un seul soit toujours gardien du sommeil. C'est peu de dire qu'on aurait alors un gardien mécontent ; on aurait premièrement un gardien somnolent. Cette part de repos et de garde éveillée, la même pour tous, est sans doute la plus ancienne loi. Au surplus, il y a égalité pour la garde. Un enfant bien éveillé peut garder Hercule dormant. Ne perdons pas l'occasion de dire une chose vraie. La force en cette relation, ne donne aucun avantage. Elle se trouve déchue par cette nécessité de dormir. Le plus fort, le plus brutal, le plus attentif, le plus soupçonneux, le plus redouté des hommes doit pourtant revenir à l'enfance, fermer les yeux, se confier, être gardé, lui qui gardait. » <p.7>
Louis-Ferdinand CÉLINE / Voyage au bout de la nuit (1932) / Romans (1) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1997
« Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ?... Si oui, tout va bien. Ça suffit. » <p.429>
Louis-Ferdinand CÉLINE / Mort à crédit (1936) / Romans (1) / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1997
« Mon tourment à moi c'est le sommeil. Si j'avais bien dormi toujours j'aurais jamais écrit une ligne. » <p.515>
Emil CIORAN / Sur les cimes du désespoir / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Le lien est indissoluble entre l'insomnie et le désespoir. Je crois bien que la perte totale de l'espérance ne se conçoit pas sans le concours de l'insomnie. Le paradis et l'enfer ne présentent d'autre différence que celle-ci : on peut dormir, au paradis, tout son soûl ; en enfer, on ne dort jamais. Dieu ne punit-il pas l'homme en lui ôtant le sommeil pour lui donner la connaissance ? N'est-ce pas le châtiment le plus terrible que d'être interdit de sommeil ? Impossible d'aimer la vie quand on ne peut dormir. » <p.77-78>
Emil CIORAN / Aveux et anathèmes (1987) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Bien plus que le temps, c'est le sommeil qui est l'antidote du chagrin. L'insomnie, en revanche, qui grossit la moindre contrariété et la convertit en coup du sort, veille sur nos blessures et les empêche de dépérir. » <p.1686>
Frédéric DARD / Les pensées de San-Antonio / Le cherche midi éditeur 1996
« Pour être heureux, il faut beaucoup dormir et bien déféquer. L'insomniaque et son cousin germain, le constipé, sont les damnés de la terre. » <p.102>