Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
L'erreur préférable à l'inquiétude.
« Lorsqu'on ne sait pas la vérité d'une chose, il est bon qu'il y ait une erreur commune qui fixe l'esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le changement des saisons, le progrès des maladies, etc. ; car la maladie principale de l'homme est la curiosité inquiète des choses qu'il ne peut savoir ; et il ne lui est pas si mauvais d'être dans l'erreur, que dans cette curiosité inutile. » <147 p.1128>
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« On sait que bâiller est une agréable chose, qui n'est point possible dans l'inquiétude. Bâiller est la solution de l'inquiétude. Mais il est clair aussi que par bâiller l'inférieur occupe toute l'âme, comme Pascal a dit de l'éternuement, solution d'un tout autre genre. Par bâiller on s'occupe un moment de vivre. C'est, dans le vrai, un énergique appel du diaphragme, qui aère les poumons profondément, et desserre le coeur, comme on dit si bien. Bâiller est pris comme le signe de l'ennui, mais bien à tort, et par celui qui n'arrive pas à nous plaire ; car c'est un genre d'ennui heureux, si l'on peut dire, où l'on est bien aise de ne point prendre intérêt à quelque apparence qui veut intérêt. Bâiller c'est se délivrer de penser par se délivrer d'agir ; c'est nier toute attitude, et l'attitude est préparation. Réellement bâiller et se détendre c'est la négation de défense et de guerre ; c'est s'offrir à être coupé ou percé ; c'est ne plus faire armure de soi. Par ce côté, c'est s'affirmer à soi-même sécurité pleine. » <p.10>
« Tous soucis renvoyés, tous projets ajournés, il reste une inquiétude par cette contraction terrestre ou pesanteur, qui nous tient toujours. Voilà notre ennemie de tout instant, voilà notre constante pensée. Il me suffirait pour le savoir d'observer cette sensibilité au tact, si remarquable sous les pieds du bipède humain. Il ne cesse pas de palper en quelque sorte son propre équilibre et d'interroger son étroite base, afin de se garder de chute, soit dans le mouvement, soit dans le repos. C'est pourquoi vous n'aurez jamais toute l'attention d'un homme debout sur ses jambes. » <p.11>
André FROSSARD / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1994
« Il y a tout lieu de s'inquiéter quand la police est "sur les dents" : la position ne permet pas d'attraper grand-chose. » <p.170>
Philippe BOUVARD / Auto-psy d'un bon vivant Journal 2000-2003 / Le cherche midi éditeur 2003
« Parfois je me sens angoissé de ne pas être inquiet. » <p.296>