Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
« [Solon] disait que le sceau de la parole est le silence, le sceau du silence le moment opportun. » <I 58 Solon p.104>
« À celui qui, dans le banquet, gardait un silence complet , [Théophraste] dit "si tu es sot, tu fais sagement, mais si tu as de l'éducation, tu fais sottement". » <V 40 Théophraste p.598>
LA ROCHEFOUCAULD / Maximes / Garnier 1967
« Le silence est le parti le plus sûr de celui qui se défie de soi-même. » <M 79 p.25>
Jean de LA FONTAINE / Fables / La Pochothèque LdP 2000
« Il est bon de parler et meilleur de se taire ; Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. » <Livre huitième, X L'ours et l'amateur de jardins p.461>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« L'on doit se taire sur les puissants : il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien ; il y a du péril à en dire du mal pendant qu'ils vivent, et de la lâcheté quand ils sont morts. » <p.268 X (56)>
« L'on se repent rarement de parler peu, très souvent de trop parler ; maxime usée et triviale que tout le monde sait, et que tout le monde ne pratique pas. » <p.340 XII (149)>
« Le stupide est un sot qui ne parle point, en cela plus supportable que le sot qui parle. » <p.359 XIII (49)>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« Ce qui manque aux orateurs en profondeur, ils vous le donnent en longueur. » <828 p.1226>
« Ordinairement, un homme qui ne parle pas ne pense pas. Je parle de celui qui n'a pas de raisons pour ne pas parler. Chacun est bien aise de mettre au jour ce qu'il croit avoir bien pensé ; les hommes sont faits comme cela. » <1746 p.1418>
Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [oeuvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383]
« L'homme qui parle est l'homme qui pense tout haut. » <Langue p.77>
VOLTAIRE / Lettres Philosophiques / Mélanges / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1961
« Peut-être cet ouvrage est-il trop long : toute plaisanterie doit être courte, et même le sérieux devrait bien être court aussi. » <p.1390>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Qui ne sait pas se taire n'obtient point d'ascendant. » <14 mai 1799 t.1 p.297>
« Réduire ses adversaires au silence n'est pas les convaincre, mais seulement les embarrasser, avantage ignoble. » <26 mars 1808 t.2 p.259>
« On n'apprend jamais mieux à se taire qu'avec les indiscrets, ni à jaser qu'avec les mystérieux. » <p.72>
André DUPIN aîné / De l'improvisation / Paris, ou Le livre des Cent-et-Un (7) / Paris Ladvocat 1832
« L'éloquence militaire est un langage à part : il faut l'étudier, non pour y mettre de l'artifice, le soldat n'est pas rhétoricien ; mais pour prendre le ton qui convient. À la première revue passée par un roi dont les prémices furent populaires , un vieux soldat sortit des rangs, l'arme au bras, et lui dit : "Sire, vingt-un ans de service, trente campagnes, dix blessures méritent la croix, et je ne l'ai pas ! - Tu l'auras," dit le roi, - Aussi brièvement et avec autant de justesse, à un soldat qui venait de lui dire : "Sire, deux mots : Congé, argent. - Soldat, quatre : "Ni l'un, ni l'autre," répondit Henri IV. » <p.288>
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« Quand tu t'imposes le silence, tu trouves des pensées ; quand tu te fais une loi de parler, tu ne trouves rien à dire. » <19 juin 1805 p.330>
Victor HUGO / Faits et croyances / Océan / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Il n'y a d'incontesté que le silence. » <1860 p.223>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.2) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Hugo disait, ces jours-ci, à Burty : "Parler, c'est un effort pour moi. Un discours, ça me fatigue comme de décharger trois fois !" Et réfléchissant, il ajoute : "Quatre même !" » <26 mars 1872, p.505>
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« C'est ne pas mépriser assez certaines gens que de dire tout haut qu'on les méprise. Le silence seul est le souverain mépris. - Et ce que je dis ici est déjà trop. » <p.144>
Alphonse KARR / Une poignée de vérités / M. Lévy frères 1866
« Ce n'était pas un compliment sans portée que celui qu'on faisait en disant d'un homme : "Il a un grand talent pour le silence". » <p.269>
Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Le silence était si absolu que je me croyais sourd. » <30 mai 1890 p.52>
« Il vaudrait mieux se taire toujours. On ne dit rien quand on parle. Ou les mots dépassent la pensée, ou ils la diminuent. Que d'aplomb chez les uns ! Que de restrictions de scrupules chez les autres ! » <30 janvier 1908 p.913>
Paul-Jean TOULET / Les trois impostures / OEuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1986
« On fait crédit d'esprit aux silencieux, comme jadis aux bâtards de naissance. » <249 p.194>
« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. » <7 p.177>
André GIDE / Journal 1939-1949 Souvenirs / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Le nombre de bêtises qu'une personne intelligente peut dire dans une journée n'est pas croyable. Et j'en dirais sans doute autant que les autres, si je ne me taisais plus souvent. » <13 septembre 1940 p.54>
Sacha GUITRY / Mes Médecins / Cinquante ans d'occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993
« C'est le tic-tac d'une pendule qui fait apprécier le silence. Sans ce tic-tac on est un sourd. » <p.571>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Silence : le minimum de politesse que l'on attend des autres. » <p.329>
Emil CIORAN / Écartèlement (1979) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Un jeune homme et une jeune fille, tous les deux muets, se parlaient par gestes. Qu'ils avaient l'air heureux ! De toute évidence, la parole n'est pas, ne peut être, le véhicule du bonheur. » <p.1468>
Emil CIORAN / Aveux et anathèmes (1987) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Un silence abrupt au milieu d'une conversation nous ramène soudain à l'essentiel : il nous révèle de quel prix nous devons payer l'invention de la parole. » <p.1656>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Dans les pays latins où la parole ne coûte rien, le laconisme est tenu pour de la bêtise. » <p.124>
François CAVANNA / Lettre ouverte aux culs-bénits / Albin Michel 1994
« "Au commencement était le Verbe", dit le supposé Évangile du supposé Jean. Le Verbe, c'est à dire la parole, mais vous aviez compris. C'est-à-dire aussi le baratin, pour le cas où vous n'auriez compris que jusqu'à un certain point. Quel aveu ! » <p.167>
Pierre DAC / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1972
« Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir. » <p.47>
Alain FINKIELKRAUT / Petit fictionnaire illustré / Éditions du Seuil 1981
« Motus vivendi : silence intarissable des époux résignés à s'ennuyer ensemble. » <p.56>
André COMTE-SPONVILLE / Une éducation philosophique / PUF 3e ed 1992
« On se tait aussi, dans les monastères, pour écouter Dieu. Et comme il ne dit rien ("Dieu ne parle pas me disait un prêtre, parce qu'Il écoute"), ce silence n'en finit pas : Dieu nous écoute l'écouter, et cela fait un grand silence, en effet, qui est le vrai de la religion. » <p.378>
« "Le contraire de prier c'est rire" ai-je écrit quelque part. Mais on ne peut pas toujours rire : devant les plus grandes choses, il faut prier, pleurer ou se taire. Tais-toi. » <p.380>
Michel POLAC / Journal (1980-1998) / PUF 2000
« Le silence de Dieu : une chance ! S'il parlait, avec toutes les conneries qu'on fait, qu'est-ce qu'on entendrait. » <5 avril 1996, p.467>
Philippe BOUVARD / Maximes au minimum / Robert Laffont 1984
« C'est déjà assez triste de n'avoir rien à dire. Si, en plus, il fallait se taire... » <p.110>
José ARTUR / Les Pensées / Le cherche midi éditeur 1993
« "Y'aurait beaucoup à dire", phrase préférée des gens n'ayant rien à dire et qui sont obligés de faire semblant. » <p.101>
COLUCHE / Pensées et anecdotes / Le cherche midi éditeur 1995
« De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent. » <p.202>
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Pourquoi l'homme se croit-il déshonoré s'il ne parle pas devant un tableau ? Car le flot sonore des bêtises creuses que l'on entend malgré soi dans les musées constitue une telle torture qu'on devrait, dans une société policée, afficher partout : "Il est interdit de commenter à voix haute les oeuvres d'art." Pourquoi le silence, obligatoire au théâtre et au concert, ne le serait-il pas dans les galeries ? » <p.196>