Diogène LAËRCE / Vies et doctrines des philosophes illustres / La Pochothèque LdP 1999
« Denys lui ayant demandé pourquoi les philosophes viennent aux portes des riches, alors que les riches ne viennent pas à celles des philosophes, [Aristippe] dit : "Parce que les uns savent ce dont ils ont besoin, tandis que les autres ne le savent point". » <II 69 Aristippe p.277>
MARC-AURÈLE / Pensées / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962
« La durée de la vie humaine ? Un point. Sa substance ? Fuyante. La sensation ? Obscure. Le composé corporel dans son ensemble ? Prompt à pourrir. L'âme ? Un tourbillon. Le sort ? Difficile à deviner. La réputation ? Incertaine. Pour résumer, au total les choses du corps s'écoulent comme un fleuve ; les choses de l'âme ne sont que songe et fumée, la vie est une guerre et un séjour étranger ; la renommée qu'on laisse, un oubli. Qu'est-ce qui peut la faire supporter ? Une seule chose, la philosophie. » <II (17) p.1150>
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« Géométrie, finesse. - La vraie éloquence se moque de l'éloquence, la vraie morale se moque de la morale ; c'est à dire que la morale du jugement se moque de la morale de l'esprit, qui est sans règles. Car le jugement est celui à qui appartient le sentiment, comme les sciences appartiennent à l'esprit. La finesse est la partie du jugement, la géométrie est celle de l'esprit. Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. » <24 p.1094>
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Bien loin de s'effrayer ou de rougir même du nom de philosophe, il n'y a personne au monde qui ne dût avoir une forte teinture de philosophie ; elle convient à tout le monde ; la pratique en est utile à tous les âges, à tous les sexes et à toutes les conditions ; elle nous console du bonheur d'autrui, des indignes préférences, des mauvais succès, du déclin de nos forces ou de notre beauté ; elle nous arme contre la pauvreté, la vieillesse, la maladie et la mort, contre les sots et les mauvais railleurs ; elle nous fait vivre sans une femme, ou nous fait supporter celle avec qui nous vivons. » <p.335 XII (132)>
MONTESQUIEU / Mes pensées / OEuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949
« On étoit autrefois philosophe à bon marché : il y avait si peu de vérités connues ; on raisonnoit sur des choses si vagues et si générales. Tout rouloit sur trois ou quatre questions : Quel étoit le souverain bien. Quel étoit le principe des choses : ou le feu, ou l'eau, ou les nombres. Si l'âme étoit immortelle. Si les Dieux gouvernaient l'Univers. Celui qui s'étoit déterminé sur quelqu'une de ces questions étoit d'abord philosophe, pour peu qu'il eût de barbe. » <587 p.1080>
Jean-Benjamin de LABORDE / Pensées et Maximes (1791) / Paris, Lamy 1802 [BnF]
« Montesquieu disait à madame du Châtelet : Vous vous empêchez de dormir pour apprendre la philosophie ; il faudrait au contraire étudier la philosophie pour apprendre à dormir. » <262, p.44>
Antoine de RIVAROL / Esprit de Rivarol [oeuvres diverses] / Paris 1808 [BnF cote Z-24383]
« Puisque Hobbes a dit que le méchant est un grand enfant, il faut nécessairement que les enfants soient de petits philosophes. » <Métaphysique p.17>
Paul Henri Dietrich baron d'HOLBACH / La Morale universelle (I) / Amsterdam M.-M. Rey 1776 [BnF cote 1070]
« Quelques sages de l'antiquité ont prétendu que la philosophie n'étoit que la méditation de la mort ; mais des idées plus conformes à nos intérêts, et moins lugubres, nous feront définir la philosophie, la méditation de la vie. L'art de mourir n'a pas besoin d'être appris ; l'art de bien vivre intéresse bien plus des êtres intelligents, et devroit occuper toutes leurs pensées en ce monde. » <préface, p .xvii>
Georges ELGOZY / Le Fictionnaire ou précis d'indéfinitions / Denoël 1973
« Philosopher : apprendre à mourir, mais aux autres. » <p.263>
Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994
« Toute belle poésie est semblable à celle d'Homère, et toute belle philosophie ressemble à celle de Platon. » <15 février 1810 t.2 p.309>
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Qu'est-ce qu'un philosophe ? C'est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l'usage, sa conscience à l'opinion, et son jugement à l'erreur. » <53 p.62>
« Peu de philosophie mène à mépriser l'érudition ; beaucoup de philosophie mène à l'estimer. » <434 p.149>
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842 [BnF]
« Tout bien considéré, la philosophie n'est que le sens commun en langage amphigourique. » <p.166>
Georg Christoph LICHTENBERG / Aphorismes / Collection Corps 16 - Éditions Findakly 1996
« Il se livrait au trafic d'opinions : il était professeur de philosophie. » <p.19>
« Comme Salomon et comme Épicure, j'ai pénétré dans la philosophie par le plaisir. Cela vaut mieux que d'y arriver péniblement par la logique, comme Hegel ou comme Spinoza. » <Pensées, p.1072>
Sören KIERKEGAARD / Ou bien... Ou bien... (1843) / Tel 85 Gallimard 1943
« Ce que les philosophes disent de la réalité est souvent aussi décevant que l'affiche qu'on a pu voir chez un marchand de bric-à-brac : "ici on repasse". Apporte-t-on son linge à repasser, on est dupé : l'enseigne est à vendre. » <Diapsalmata, p.29>
Jean-Louis-Auguste COMMERSON / Pensées d'un Emballeur (1) / Martinon 1851
« La philosophie a cela d'utile qu'elle sert à nous consoler de son inutilité. » <p.19>
« Les philosophes doivent se passer de richesses, par cette raison que l'homme qui pense ne dépense pas. » <p.124>
Henry D. THOREAU / Walden ou la vie dans les bois (1854) / collection bilingue Aubier 1967
« Il existe de nos jours des professeurs de philosophie, mais de philosophes, point. Et pourtant n'est-il pas admirable de professer ce qu'il était autrefois admirable de vivre ? Être philosophe, ce n'est pas seulement avoir des pensées subtiles, ce n'est pas même fonder une école, c'est aimer assez la sagesse pour vivre selon ses arrêts, une vie de simplicité, d'indépendance, de générosité et de confiance. C'est résoudre quelqu'uns des problèmes de la vie, non seulement en théorie, mais en pratique. » <p.89>
Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989
« Pour moi, la philosophie est l'algèbre du pathos. » <juin 1859 p.464>
Ernest RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995
« Dans les beaux siècles de l'antiquité, on était philosophe ou poète, comme on est honnête homme dans toutes les positions de la vie. Nul intérêt pratique, nulle institution officielle n'étaient nécessaires pour exciter le zèle de la recherche ou la production poétique. La curiosité spontanée, l'instinct des belles choses y suffisaient. Ammonius Saccas, le fondateur de la plus haute et de la plus savante école philosophique de l'antiquité, était un portefaix. Imaginez donc un fort de la halle créant chez nous un ordre de spéculation analogue à la philosophie de Schelling ou de Hegel ! » <p.346>
« Tout d'abord, le jeune Saphyr versa dans les philosophes tristes, qui lui apprirent à mépriser la gaîté comme basse et peu artiste (c'est ainsi que les culs-de-jatte mettent l'équitation au dernier rang des arts). » <Le Journal, 9 août 1895>
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911 [BnF]
« Que reste-t-il, bien souvent, du plus brillant système de philosophie ? L'idée courante, sinon l'erreur spécieuse, d'où on l'a tiré. Mais l'esprit s'est affiné à la travailler, il s'est enrichi des mille aperçus de sa critique, et ce n'est pas là un résultat négligeable. » <p.130>
Emil CIORAN / Le livre des leurres (1936) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Les philosophes ont commencé de m'être indifférents du jour où je me suis rendu compte qu'on ne pouvait faire de philosophie qu'avec indifférence, c'est-à-dire en faisant preuve d'une indépendance inadmissible par rapport aux états d'âme. La neutralité psychique est le caractère essentiel du philosophe. Que je sache, Kant n'a jamais été triste. Je ne peux pas aimer les hommes qui ne mêlent pas les regrets aux pensées. De même que les idées, les philosophes n'ont pas de destin. Comme il est commode d'être philosophe ! » <p.230>
Emil CIORAN / Le crépuscule des pensées (1940) / OEuvres / Quarto Gallimard 1995
« Souffrir signifie méditer sur une sensation de douleur ; philosopher, méditer sur cette méditation. » <p.348>
« Ce qui distingue les philosophes antiques des modernes - différence si frappante, et si défavorable aux derniers - vient de ce que ceux-ci ont philosophé à leur table de travail, au bureau, mais ceux-là dans des jardins, des marchés ou le long de je ne sais quel bord de mer. Et les antiques, plus paresseux, restaient longtemps allongés, car ils savaient que l'inspiration vient à l'horizontale : ils attendaient ainsi les pensées, que les modernes forcent et provoquent par la lecture, donnant l'impression de n'avoir jamais connu le plaisir de l'irresponsabilité méditative, mais d'avoir organisé leurs idées avec une application d'entrepreneurs. Des ingénieurs autour de Dieu. » <p.360>
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Rien ne compromet davantage en philosophie que le besoin d'être applaudi. » <13 juillet 1968, p.595>
ALAIN / 81 chapitres sur l'esprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Dans le fond le métier de penser est une lutte contre les séductions et apparences. Toute la philosophie se définit par là finalement. Il s'agit de se délivrer d'un univers merveilleux, qui accable comme un rêve, et enfin de vaincre cette fantasmagorie. Sûrement de chasser les faux dieux toujours, ce qui revient à réduire cette énorme nature au plus simple, par dénombrement exact. Art du sévère Descartes, mal compris, parce qu'on ne voit pas assez que les passions les plus folles, de prophètes et de visionnaires, qui multiplient les êtres à loisir, sont déjà vaincues par le froid dénombrement des forces. Évasion, sérieux travail. » <p.1134>
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Ce n'est pas peu de chose que de méditer sur un livre ; cela dépasse de bien loin la conversation la plus étudiée, où l'objet change aussitôt par la réflexion. Le livre ne change point, et ramène toujours. Il faut que la pensée creuse là. » <p.155>
Jean-François REVEL / Pourquoi des philosophes / Robert Laffont - Bouquins 1997
« ... un système philosophique n'est pas fait pour être compris : il est fait pour faire comprendre. » <p.45>
« Les systèmes philosophiques veulent être ce qu'il y a de plus proche du permanent, et ils sont ce qui tombe le plus vite en désuétude. » <p.47>
Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (1) / Robert Laffont - Bouquins 2000
« Pourquoi des philosophes ? demande M. Revel. Pour fabriquer du poétique ! En transformant une chose commune en chose savante du seul fait qu'ils se penchent sur elle ; en élevant la platitude à la hauteur du scientifique par la vertu du charabia, ils la métamorphosent - c'est acte poétique - ils lui confèrent le charme de l'exotique, ils en font une chose inconnue qui fascine par la nouveauté. » <229 - 18 juin 1957 p.524>
Jean-François REVEL / La cabale des dévots / Robert Laffont - Bouquins 1997
« C'est une tactique défensive classique de l'autisme des philosophes que d'affirmer, en présence d'une objection, qu'ils n'ont jamais dit exactement ce que réfute cette objection. Le philosophe a une doctrine quand on l'approuve, il n'en a plus du tout quand on la discute. C'est un être bimorphe, qui atteint sa dilatation maximale en présence des esprits compréhensifs et se contracte jusqu'à l'impalpabilité devant les esprits négatifs. » <p.512>
Robert MUSIL / L'homme sans qualités / Editions du Seuil - Points 1956
« Les philosophes sont des violents qui, faute d'armée à leur disposition, se soumettent le monde en l'enfermant dans un système. Probablement est-ce aussi la raison pour laquelle les époques de tyrannie ont vu naître de grandes figures philosophiques, alors que les époques de démocratie et de civilisation avancée ne réussissent pas à produire une seule philosophie convaincante, du moins dans la mesure où l'on en peut juger par les regrets que l'on entend communément exprimer sur ce point. » <t.1 p.319>
André COMTE-SPONVILLE / Impromptus / PUF 1996
« Philosopher c'est apprendre à vivre, non à mourir. Pourquoi apprendrait-on à mourir, d'ailleurs, puisque on est sûr d'y arriver, puisque c'est le seul examen, comme disait un vieux professeur, que personne n'ait jamais raté ? » <p.83>
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« À quoi sert la philosophie ? À nourrir ceux qui en font métier et à consoler les autres de ne pas en croquer. » <p.39>
« Illisibilité - L'intérêt de l'illisibilité de certains philosophes français contemporains, c'est que, traduits en anglais, ils restent illisibles. Il n'y a donc aucune trahison. » <p.337>